5819.hr - Illustration Surveiller le stress thermique sur son Smartphone
De juin à août 2019, la fréquence des périodes favorables au stress thermique a été suivie chez Damien Huguet, éleveur à Plénée-Jugon (22).

Surveiller le stress thermique sur son Smartphone

L’application Thermotool permet d’appréhender d’un coup d’œil l’impact sur les animaux des conditions de température et d’humidité du moment dans son étable.

La firme-service CCPA a lancé il y a trois ans Thermotool, une application téléchargeable gratuitement sur son Smartphone. Son objectif est notamment de sensibiliser éleveurs et techniciens au risque de stress thermique. « Une fois lancée, on y précise la ville la plus proche ou géolocalise son exploitation. Ensuite, l’application va utiliser les données locales d’humidité et de température de Météo France pour calculer la valeur de Temperature humidity index du moment  », explique Alice Dejean, commerciale sur l’Ouest pour Deltavit. Si on peut retenir que les vaches laitières souffrent au-dessus d’un THI de 68, pour une lecture rapide et une approche pédagogique, le résultat est présenté sous la forme d’un graphique lu d’un coup d’œil. « Vert, les animaux sont dans des conditions confortables. Orange, ils sont dans une situation de stress thermique modéré : si cela se prolonge plus de 5 jours, des baisses de performances peuvent apparaître. Rouge, les animaux sont en stress thermique, les pertes économiques sont significatives, voire considérables… » Sans oublier que l’utilisation des données Météo France permet d’obtenir un prévisionnel à 5 jours invitant l’éleveur à prendre les devants et adapter ses pratiques quand une période critique est annoncée comme durable.

Du stress thermique partout en Bretagne

[caption id=”attachment_47628″ align=”alignright” width=”235″]5820.hr D’un coup d’œil sur l’écran, l’éleveur obtient le THI du moment et sait si ces animaux subissent un stress thermique.[/caption]

Mais attention, sur un même secteur, les troupeaux ne vont pas vivre les choses de la même façon selon que le bâtiment est bien conçu et ventilé ou au contraire surpeuplé ou confiné. « C’est pourquoi, depuis deux ans, nous proposons aux éleveurs de placer un capteur Thermotool dans leur étable pour mieux appréhender ce que ressentent réellement leurs animaux », explique la jeune femme. Ce petit boîtier abordable (25 €) doit être placé à hauteur de la tête des vaches et surtout pas dans un courant d’air ou au-dessus d’une zone humide. Une fois lancé, celui-ci mesure température et hygrométrie avant de communiquer par Bluetooth avec le Smartphone de l’éleveur. Ce dernier peut ainsi, à tout moment, connaître le THI chez lui.  

En 2019, CCPA-Deltavit et Eureden ont d’ailleurs mené une expérimentation en installant des capteurs très précis dans des élevages de tout le territoire breton pour suivre l’évolution au jour le jour des THI de juin à août. À Plénée-Jugon (22) par exemple, Damien Huguet du Gaec de la Ville Cadoret, a accueilli un système dans sa stabulation abritant deux robots de traite. « Ce qui m’a le plus frappé est qu’en plus de 3 mois de suivi, un tiers du temps, le THI dépassait la limite de 68. Même chez nous, les animaux subissent régulièrement du stress thermique. » Et Alice Dejean de poursuivre : « Cette tendance s’est confirmée partout dans les secteurs de Quimper, Lamballe, Rennes, Vannes, Loudéac, Landerneau, Brest… Et chez nous, le stress n’est pas forcément dû à de fortes chaleurs mais bien souvent à une humidité importante qui fait monter le THI. »

S’adapter pour inciter les vaches à ingérer

Face au stress thermique, Samuel Pansart, chez Eureden, rappelle qu’il faut réagir le plus tôt possible, bien avant que la production ait chuté et que les langues soient tirées, et notamment inciter les vaches à manger : alimenter deux fois par jour aux heures fraîches, broyer un peu plus les rations pour faciliter l’ingestion, ajouter des levures pour stabiliser le fonctionnement du rumen… Alice Dejean recommande aussi DeltaThermoplus, une solution nutritionnelle en poudre ou en granulés à base d’extrait de plantes et d’épices permettant de réduire l’impact négatif des fortes chaleurs (pertes en production) et d’aider les animaux à passer ces périodes dans un meilleur confort (baisse du rythme cardiaque, animaux qui halent moins…)

Le stress thermique mesuré en direct

Les abonnés de Paysan Breton auront prochainement accès à une rubrique « météo des fermes » sur le site du journal. Une météo en continu qui s’appuie sur un réseau de stations installées chez des agriculteurs et sur l’expertise de Météo Bretagne (meteo.bzh). Cette rubrique permettra notamment d’avoir accès à un ensemble d’outils d’aide à la décision dont l’évaluation locale et en temps réel du stress thermique des bovins. Cet outil d’aide à la décision très visuel permet de prendre connaissance des risques de stress thermique pour le bovin en extérieur sur la période des 5 jours à venir. Les indices de stress sont calculés sur 5 seuils : de « pas de stress » à « danger ». Pour mémoire, le stress thermique n’est pas seulement une question de température extérieure. Le problème survient en cas de hausse conjointe des températures et de l’humidité de l’air. Pas besoin d’une alerte canicule pour que le troupeau souffre : la combinaison d’une température à 22° et d’un taux d’humidité à 50 % suffit pour générer du stress thermique chez la vache.


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