Limiter les odeurs avant tout

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Anthony Durand et Gurvan Talvas, de Cultivert, devant la fosse à lisier couverte en 2018.
Au Gaec des Porcs sains, à Guignen (35), la pression des riverains a motivé l’anticipation réglementaire de la couverture de la fosse à lisier.

La couverture des fosses à lisier permet de limiter les apports d’eaux pluviales. Elle limite aussi les émissions de gaz dans l’atmosphère ainsi que les odeurs. « Certes, mais elle n’était prévue dans le dossier IED, relatif aux émissions industrielles, que pour 2021 », relate Anthony Durand, associé avec sa mère au Gaec des Porcs sains, atelier de sélection-multiplication de 275 truies et d’engraissement avec 2 376 places.

Saisir l’opportunité de subventions

Après son installation, l’élevage a été refait à neuf après dépeuplement, pour accueillir un nouveau cheptel dont l’effectif a doublé. Un mois après le repeuplement, les plaintes des voisins par rapport aux odeurs ne se sont pas fait attendre. « Nous avons donc dû anticiper des investissements qui étaient décalés dans le temps, à commencer par un laveur d’air en engraissement, et la couverture de la fosse quelques mois plus tard. » Un investissement déclenché aussi grâce à l’éligibilité de certaines subventions. Si ces travaux n’ont pas été effectués en même temps que les bâtiments, c’est parce que les éleveurs se sont tout d’abord concentrés sur les investissements productifs. Car pour le jeune éleveur, le rapport financier de la couverture de la fosse ne compense pas les atouts agronomiques.

Sur un projet d’une couverture Chapo de Celloplast (couverture textile souple) pour une fosse de 23 m de diamètre, le budget s’élevait à 24 000 €. « Avec une pluviométrie annuelle de 650 à 800 mm/an, nous avons calculé que nous avions 250 m3 de liquide à transporter sans cette couverture. Couverte, on économisait le transport équivalent à une épaisseur de 60 cm d’eau de pluie dans la fosse, soit 11 tours avec notre tonne à lisier de 22 m3. »

+1 unité d’azote par m3

Et, sans dilution avec les eaux de pluie et sans la perte de l’azote ammoniacale dans la fosse couverte, le lisier est plus concentré (4,5 u N/m3), à raison d’un gain de 1 u N/m3, d’après les analyses réalisées chaque année avant épandage. Les effluents maintenus dans un univers humide, « peu de croûte se forme. Un malaxeur a été acheté et sera prochainement mis en place pour homogénéiser ce produit et éviter les dépôts de minéraux au fond de la fosse ». 

Moins d’odeurs et de rejets de gaz

La couverture de fosse évite la dissolution du lisier. La valeur agronomique du lisier s’en trouve améliorée, ce qui réduit les volumes d’apports. Le volume utile de la fosse s’en retrouve ainsi augmenté (avec également une réserve de vague réduite de 50 cm à 25 cm), ce qui permet d’espacer les intervalles entre vidanges ou d’ajuster au mieux les dates d’épandage en fonction des contraintes de portance des sols et de besoin des cultures. « Le lisier, plus homogène avec moins de sédiments dans le fond, et pas de croûte, est également plus facile à reprendre. Les bactéries semi-anaérobiques travaillent différemment le produit qui nécessite moins de malaxages », ajoute Gurvan Talvas, technico-commercial à Cultivert. La couverture permet aussi de limiter les odeurs, les rejets d’ammoniac, de méthane et de dioxyde d’azote.

Limiter la formation de méthane et de protoxyde d’azote

L’agriculture est le 3e poste d’émissions de GES (Gaz à effet de serre) en France (19 % du total national). Les émissions de GES de l’agriculture sont caractéristiques, majoritairement composées d’autres molécules que le CO2 et issus de processus biologiques. Selon le ministère de la transition écologique, l’élevage est avant tout source de 70 % des émissions nationales de méthane (CH4), et représente près de la moitié des émissions de GES de l’agriculture. La fermentation entérique est à la source de 84 % des émissions de CH4 contre 16 % pour la gestion des déjections. Du protoxyde d’azote (N2O) provient également de la dégradation de l’ammoniac dans l’air (issu des effluents d’élevage et de la fertilisation du sol), avec un pouvoir de réchauffement 298 fois supérieur au CO2.


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