5953.hr - Illustration Les truites bio apprécient l’eau de la Sarre
Sarah Gégout, Benoît Verron et leur fils Adean recevront des visiteurs lors d’une porte ouverte le dimanche 27 septembre.

Les truites bio apprécient l’eau de la Sarre

Sarah Gégout et Benoît Verron ont posé leurs valises sur les rives d’un affluent du Blavet, il y a quatre ans. Avec l’ambition de développer une activité aquacole dont ils ignoraient tout.

Leur enthousiasme et la volonté de partager leur expérience ne laissent aucun doute ; Sarah Gégout et Benoît Verron ont réussi leur reconversion professionnelle. Rien n’était pourtant acquis pour l’ancien artisan maçon et sa compagne, consultante en communication, désireux d’entreprendre une activité à deux. « Nous étions intéressés par le milieu aquacole en général. Nous nous sommes mis en quête d’activités inhérentes à ce milieu, d’entreprises à reprendre. C’est ainsi que nous avons découvert la pisciculture du Bourdoux, à Melrand (56) », explique Benoît. La pisciculture était désaffectée ; les bassins bétonnés un peu vétustes. « Mes compétences en maçonnerie ont été utiles ». Pour la partie technique, la coopérative Bretagne Truites a délégué un technicien, un jour par semaine, pendant la première année, pour conseiller les nouveaux aquaculteurs.

[caption id=”attachment_47401″ align=”aligncenter” width=”720″]5955.hr La pisciculture vue du ciel[/caption]

Prévenir les maladies

Cent quarante tonnes de truites Arc-en-ciel sont aujourd’hui produites chaque année. Les œufs sont achetés à la société Aqualand, dans les Landes, leader du marché, et placés dans des panières, baignées par l’eau de la Sarre.
« Nous réalisons l’alevinage sur place en visant 50 % de réussite ». La rivière contient naturellement des bactéries qui peuvent provoquer de l’hépatonéphrite (inflammation du rein et du foie). « Le fait d’être en contact rapidement avec le parasite déclenche une certaine immunité ». Les poissons sont vaccinés deux fois dans les deux années de leur vie, pour prévenir des infections virales. « La première fois, le vaccin est administré par balnéation (bain médicamenteux), mais la deuxième fois, une injection est réalisée à chacune des truites, après qu’elles aient été endormies ». Près de cinquante mille piqûres, réalisées dans la froideur hivernale…

[caption id=”attachment_47400″ align=”aligncenter” width=”720″]5957.hr Elliot Marteau, apprenti, en BTS au lycée aquacole de Guérande, trie les truites par poids.[/caption]

Une bonne qualité de l’eau

Le climat a son importance. Un été trop sec et une température de l’eau de la Sarre de plus de 15 °C peuvent nuire à la production. « Les poissons consomment moins ». La qualité de l’eau de la rivière est satisfaisante, selon les aquaculteurs. « Nous remercions les agriculteurs pour le travail qu’ils réalisent en amont ».
La pisciculture nécessite une présence de chaque instant. Les bassins des jeunes truites sont protégés par des filets pour éviter la prédation par les hérons et les cormorans mais « il faut s’assurer que les pompes fonctionnent bien, que les grilles ne soient pas bouchées. Même si nous avons équipé l’installation d’alarmes (sondes à oxygène), un incident peut vite affecter la production ». De fait, le couple habite sur place ; le salarié également.

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Rivières sanctuarisées

Si leur dynamisme leur a permis de surmonter les problèmes techniques inhérents à l’activité, ils n’imaginaient pas les tracasseries administratives, le besoin permanent de se justifier en réunion et la nécessité de défendre leur mode de production, fût-il bio. « Nous ne pensions pas avoir autant à nous battre pour simplement travailler ».
Le dénigrement systématique du monde de l’élevage n’épargne pas l’aquaculture. « On a pourtant besoin de produire en France. La production ne peut pas être entièrement importée de Turquie ou de pays ne respectant pas les normes de qualité auxquelles la nôtre est soumise », avancent les pisciculteurs, qui se réjouissent néanmoins d’avoir de bonnes relations de voisinage, avec les agriculteurs ou les pêcheurs, et d’aimer leur nouveau métier. Au point de développer l’entreprise ? « La rivière est sanctuarisée en France. Il n’y a pas d’autorisations pour créer ou agrandir des piscicultures. Et les sites à reprendre sont rares ». Sarah Gégout et Benoît Verron veulent préserver leur activité mais ont déjà d’autres projets en tête.

Un déficit de production en France

Les truites restent de 18 à 28 mois sur le site. Les mâles partent en premier chez Bretagne truite, à Plouigneau. Avant de quitter les lieux, les femelles les plus légères, qui restent le plus longtemps sur le site, pondent. Leurs œufs sont vendus en caviar sous l’appellation « Truite enchantée ». Les produits finaux sont commercialisés par les principales enseignes de la distribution et à l’international par Qwehli, une entreprise installée à Lorient. La France élève beaucoup de poissons ; le pays produit près de 40 000 tonnes chaque année, ce qui la place au rang de troisième producteur européen de truites élevées en eau douce. La France n’est pas autosuffisante et importe essentiellement d’Espagne car la consommation est importante.


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