D6163.hr - Illustration Faire revivre les villages d’antan
Mordus de longue date, Jacques et Martine Ménou fouillent les brocantes et vide-greniers pour alimenter leur musée des métiers d’autrefois.

Faire revivre les villages d’antan

« Collectionneurs dans l’âme  », Martine et Jacques Ménou s’amusent à valoriser les métiers d’autrefois en mettant en scène objets et outils anciens. 

Après une carrière bien remplie, Martine et Jacques Ménou ont transmis à leurs enfants, Sophie et Pierre, leur biscuiterie de Plongonver (22) il y a 6 ans. Pas question pour autant de s’ennuyer. Sitôt à la retraite, ces deux amoureux de leur territoire se sont lancés dans un ambitieux projet d’expositions mettant en scène des objets, outils, et vêtements d’autrefois chinés à droite et à gauche. « Au départ, à peine mariés, nous avions acheté nos meubles en brocante pour nous installer. Puis, dès 1980, en créant la biscuiterie, nous avons commencé à acheter des boîtes de gâteaux anciennes pour trouver l’inspiration pour nos propres produits. Et, de fil en aiguille, nous avons collectionné toutes sortes de jolies choses… », raconte Martine.

Dans le temps, 37 métiers dans le bourg

Le couple s’attelle désormais à présenter les activités qui existaient dans la commune durant leur enfance. Martine et Jacques ont répertorié 45 commerces et artisans pour 37 métiers au total à l’époque. Cordonnier, coiffeur, boucher, forgeron, couturière, menuisier, tailleur, épicier, boulanger, photographe… « Toutes ces activités manuelles et ces savoir-faire qui disparaissent ou ont disparu nous intéressent. » Poussés par « un peu de nostalgie » et un « devoir de mémoire », ils récupèrent tout au long de l’année des « trésors » dans les vide-greniers du dimanche. Bien connus des brocanteurs, certains leur réservent d’office des objets pour qu’ils soient mis en valeur auprès du public. Des particuliers aussi les appellent ou débarquent à la biscuiterie pour léguer leur héritage du passé.

[caption id=”attachment_47712″ align=”aligncenter” width=”720″]D6165.hr Le bistrot.[/caption]

Aujourd’hui, 1 000 m2 d’exposition

En 2014, les deux conservateurs ont inauguré un espace de 200 m2 attenant à la biscuiterie pour présenter ce qu’ils avaient accumulé durant des décennies. « Il y en avait partout, stocké dans un local, dans des garages… ». Mais rapidement, cela n’a pas suffi. En cinq ans, la surface d’exposition a subi quatre agrandissements pour atteindre aujourd’hui 1 000 m2. En pénétrant dans l’enceinte, les visiteurs foulent une rue pavée entièrement reconstituée bordée de poteaux en fonte d’une ancienne gare du coin. De chaque côté, sont installés de petits lieux thématiques : atelier, garage, bistrot et plus loin boutique de cordonnier, bureau de tabac, forge, fournil… Des devantures anciennes ont été déménagées et remontées ou parfois recréées par un menuisier-décorateur professionnel.

En plein milieu, se dresse le laboratoire de pâtisserie du patron. Entièrement vitré, on peut y admirer, à certaines heures, Jacques « revenir aux sources en retravaillant de manière très artisanale et manuelle ». Le retraité diplômé de l’école Ferrandi (Paris) prépare, « pour le plaisir » des kouign amann, tartes à la confiture et autres brioches, cuits dans le four de son propre père, boulanger historique de Plougonver, et vendus aux visiteurs. Le maître des lieux quitte parfois ses occupations pour raconter des histoires, partager des souvenirs ou présenter instruments extraordinaires, outils oubliés ou pièces rares : « Ici, un moulin à blé noir avec son joli mécanisme en buis. Là, du “tabac de troupe”, des paquets de cigarettes datant de la guerre d’Algérie. Une machine à coudre très ancienne et un centrifugeur de plus d’un siècle… Là-haut, un lit clos comme il y en avait dans toutes les fermes. Et même une “pompe à veau” qui servait à décoller la peau de l’animal abattu… » Une trieuse à pommes de terre, du matériel agricole, un soufflet de forge, une galettière d’époque, une balance pour peser le tabac à chiquer…

[caption id=”attachment_47714″ align=”aligncenter” width=”720″]D6167.hr L’atelier du cordonnier.[/caption]

Une boutique et deux emplois créés

« Tout ce que nous exposons ne raconte pas seulement Plougonver, mais l’histoire d’un bourg breton lambda d’hier. Chaque objet a une histoire, voire deux… Nous faisons des recherches à chaque acquisition. Nous nous replongeons sans cesse dans le passé. » Et chacun, en poussant la porte du musée de campagne, retrouve un peu de sa propre existence, vécue ou héritée.
Couplés à cette reconstitution d’une place de village d’autrefois, l’accueil et la vente de biscuits et de produits locaux bretons ont même permis de créer deux nouveaux emplois en milieu rural. « Cette boutique-musée nous offre une fin de carrière très agréable enrichie par de nouvelles rencontres quotidiennes », terminent Martine et Jacques Ménou. 

Pompiers et repasseuses de coiffes

Pour créer régulièrement « de la nouveauté », Martine et Jacques Ménou proposent deux ou trois scénographies spécifiques par an. Après une exposition dédiée à l’apiculture, ils inaugurent à la mi-octobre une présentation dédiée au métier de pompier. « Véhicules, matériels, petits objets, échelles, extincteurs, documents, photos, uniformes… Nous recherchons tout ce qui se rapporte à l’univers et la vie des pompiers. Y compris des choses prêtées par des collectionneurs », confient les deux Costarmoricains. Ils aimeraient aussi trouver de vieilles façades de commerce d’antan à démonter, ainsi que des objets en rapport avec les activités de menuisier, de sabotier, de mercière, de lavandière et de repasseuse de coiffes. Contact : 02 96 21 61 97.

En pratique
La boutique – musée, rue de la gare à Plougonver.
Entrée gratuite, du lundi au samedi (10 h – 12 h 30, 14 h – 18 h30). 
Facebook : « Biscuiterie Ménou ».


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