- Illustration L’infrastructure herbagère, pilier d’un système autonome performant
Viser une meilleure valorisation de l’herbe par le pâturage réclame un équipement adpaté en termes de clôtures et d’abreuvement.

L’infrastructure herbagère, pilier d’un système autonome performant

Mieux valoriser l’herbe réclame bien sûr un suivi assidu de la pousse et de l’état des prairies. Mais l’équipement de la plateforme herbagère est également déterminante.

La tendance à l’agrandissement des troupeaux est bien souvent été synonyme de réduction du pâturage, d’intensification animale et de robotisation, note Florent Cotten de la société PâtureSens. « Mais est-ce une voie d’avenir pour les générations futures alors que les chiffres récents des centres comptables tendent à montrer une hausse du lait produit par UTH s’accompagnant d’une baisse de rentabilité ? » Lui croit davantage au « net virage pris par beaucoup d’élevages bretons, celui de mieux valoriser l’herbe pour réduire son coût de production et mieux gagner sa vie ».

Les chemins, l’autoroute de la valorisation

[caption id=”attachment_45113″ align=”alignright” width=”301″] Chemins de qualité et boviduc, des investissements payants pour développer ses surfaces accessible au pâturage.[/caption]

Avant de rappeler que profiter pleinement du potentiel herbager de son exploitation nécessite « une infrastructure efficiente et réfléchie en amont ». Pour lui, avec une meilleure gestion des prairies, « malgré des dynamiques différentes selon les saisons », on se rend compte que l’herbe peut pousser toute l’année. Cependant, la pleine valorisation de cette biomasse supplémentaire peut être bridée par un manque de parcours d’accès de qualité. « Le fait de mettre en place des chemins stables peut s’avérer très rentable », rapporte le conseiller. Il cite une simulation du Civam 44 qui a chiffré cette plus-value économique : « L’économie liée à l’abaissement du coût alimentaire dépasse largement l’amortissement du coût de la création de 600 m2 de chemins bitumés – 200 m de long par 3 m de large – afin d’accéder à une parcelle de 7 ha de pâturage hivernal pour un troupeau de 80 laitières. Et ce, sans prendre en compte les économies de paille et les frais liés à l’épandage d’effluents d’un système où les animaux sont davantage en bâtiment. »

« Pour l’abreuvement, oubliez la tonne »

Par ailleurs, rappelons qu’une vache a besoin d’1 à 4 L d’eau par kilo de matière sèche ingéré. L’abreuvement constitue ainsi également un enjeu lors du renforcement de la place du pâturage. Aux yeux du conseiller, la tonne à eau, « gourmande en temps et en carburant et susceptible de dégrader les prairies », doit laisser place à un réseau d’eau enterré. Cependant, il met en garde contre la mise en place d’un réseau mal réfléchi : « En situation de forte chaleur notamment, un manque de consommation d’eau peut coûter cher. À l’arrivée, cela peut engendrer une baisse de la production laitière et une augmentation des cellules. » Le spécialiste insiste de prendre en compte le débit initial du réseau ainsi que les pertes engendrées par la distance et la topographie. « Pour une canalisation de 25 mm de diamètre, 1 bar est perdu pour 100 m parcourus ou pour 10 m de dénivelé. Avec une canalisation de 32 mm, comptez alors une perte de 0,6 bar. » Pour sécuriser les pertes sur le réseau, la mise en place d’un manomètre en début de ligne est un bon choix stratégique.

Beaucoup d’éleveurs optent désormais pour des bacs béton assurant stabilité et robustesse en période séchante. « Amortis sur la durée de vie du bac, ils se révèlent bien plus intéressants », souligne-t-il. Dans le cas d’un déplacement des bacs réguliers (pour un système couloir par exemple), ce dernier plébiscite l’option « raccord push pull » qui reste la plus intéressante en termes de temps passé et d’efficacité. Le choix et la pose de clôtures font aussi partie intégrante de la conduite du troupeau herbager, rappelle le conseiller.

Les clôtures, nerfs électriques du pâturage

« D’abord, il faut un bon électrificateur pour s’assurer du maintien des animaux dans leur paddock. Comptez 1 J / km de fil à électrifier et 1 m de prise de terre par joule pour assurer une bonne efficacité du poste. » Mais pour que le courant reste constant sur la distance, la mise en place de bonnes clôtures est indispensable. Il conseille du fil high tensile (mélange d’aluminium et de zinc) pour les contours, assurant robustesse (« 600 kg de résistance à la rupture ») et durée dans le temps (30 ans). Pour la division interne en paddocks, du nylon tressé (6 à 9 fils conducteurs) peut être envisagé pour faciliter le retrait pour toute intervention avec un outil mécanique. « Enfin, les speed roll, c’est-à-dire des enrouleurs, et les piquets fibre renforcés sont des outils indispensables au déplacement régulier de lots d’animaux. »

Une structure foncière cohérente

Si la rigueur de conduite des pâturages reste une des clés essentielles pour valoriser davantage l’herbe, Florent Cotten rappelle que l’accessibilité demeure un atout considérable pour qui recherche de l’autonomie fourragère. Le conseiller reprend différentes données pour souligner son importance. « En moyenne, en Bretagne, les exploitations possèdent 37 ares accessibles par vache selon les chiffres de BCEL Ouest. Il est important de noter également que plus la surface en herbe pâturée est élevée, moins le tracteur est utilisé : l’Ademe rapporte 620 heures de tracteur économisées pour les systèmes à 150 jours de pâturage par an. Par ailleurs, le gain sur le coût “nourrie-logée” est de l’ordre de 20 € / 1 000 L de lait lorsque l’on passe de 30 à 45 ares d’herbe pâturée par vache selon le réseau Chambre d’agriculture. » Florent Cotten termine en listant différentes options possibles permettant de faire pâturer davantage : « L’échange parcellaire, le boviduc, le passage canadien… »


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