Une alimentation aux petits oignons

 - Illustration Une alimentation aux petits oignons
Nathalie et Jean-Joseph Triballier.
Les 230 truies de Nathalie et Jean-Joseph Triballier sont parmi les plus prolifiques. Plus de 40 porcelets sevrés dans l’année grâce à un suivi rigoureux et une conduite alimentaire pointue.

Une visite en fin de semaine de mise bas ne laisse aucun doute sur les performances de l’élevage des Marronniers en termes de prolificité. Les portées autour de 20 porcelets représentent la norme. 19,65 pour être précis, dont 17,6 nés vivants. Avec seulement 9 % de pertes sur nés vifs, l’élevage sèvre plus de 16 porcelets par portée et 41,5 par truie productive et par an (résultats des quatre derniers mois).

Compléments alimentaires

Les 230 truies de génétique danoise sont conduites en 10 bandes, sevrage à 21 jours. Des prises d’épaisseur de lard dorsal, à l’entrée et à la sortie de la maternité, pilotent l’alimentation. « Nous avons trois courbes alimentaires (en U) en fonction de l’état des truies. Elles consomment un aliment allaitante dès l’entrée en maternité jusqu’au 15e jour en verraterie. Ensuite, elles passent à l’aliment gestante : 3,5 kg/jour. Celles qui manquent encore un peu d’état reçoivent 800 g en plus, par jour, d’un complément (base allaitante) », explique Jean-Joseph Triballier. De nombreuses cures sont réalisées pendant le cycle de reproduction, sur les conseils de la société Evagri. « La première, du lundi au vendredi de la semaine du sevrage, est essentielle pour favoriser la quantité et la qualité des fœtus », insiste l’éleveur. Il s’agit d’un complexe de vitamines, d’oligo-éléments et d’huiles essentielles. Un hépatoprotecteur est donné 7 jours avant l’entrée en maternité, au printemps et à l’automne, au moment des changements de saison (une semaine de cure, deux fois par an). Le jour du sevrage, un complément à base de plantes facilite le tarissement, en limitant la production laitière. Cette complémentation revient, tous produits compris, à 26 €/truie/an. « On ne peut pas sevrer autant de porcelets sans aider les mères », justifie l’éleveur qui n’a aucun doute sur l’utilité du protocole. « Cette supplémentation a été suivie d’une amélioration significative de la prolificité et des résultats de sevrage ».

Adoptions

Les truies mettent bas en fin de semaine (démarrage le vendredi), compte tenu de la durée des gestations supérieures à 114 jours. Les rations augmentent en fonction de l’appétit des truies. La distribution est manuelle en salle de mise bas. Une truie performante de la bande précédente adopte (en salle tampon) des porcelets lourds, de 2 jours. « Je place un porcelet de plus que le nombre de tétines », explique l’éleveuse. « Ensuite, vers 5 jours, je récupère deux truies destinées à la réforme pour sauver les moins bien portants de la bande ». Au final, chaque truie sevre elle-même autour de 14 porcelets par portée. Un aliment appât est distribué à 8 jours, puis un préstarter (de 14 à 28 jours) avant le 1er âge, sans antibiotiques. En parallèle, les porcelets reçoivent, dans des augettes, du lait reconstitué. « Seulement après 2 jours d’âge », insiste l’éleveuse. « Ensuite, ils le consomment bien. Je n’en donne pas tout de suite aux portées des plus petits pour ne pas provoquer de troubles digestifs. J’attends quelques jours de plus ». Les porcelets, sevrés autour de 5 kg, en moyenne, sont également protégés des diarrhées via la vaccination des mères. Actuellement, aucun anti-coccidien n’est administré mais les éleveurs envisagent d’utiliser l’un des nouveaux produits associant le fer et l’anti-coccidien dans la même injection.

Quelle qualité de colostrum?

Un essai a été réalisé pour évaluer la qualité des porcelets à la naissance et celle du colostrum (sur trois bandes). Trois semaines avant mise bas, un lot de truies recevait un complément alimentaire à base de levures, de plantes, d’anti-oxydants (de la société Evagri), élaboré pour renforcer l’immunité des porcelets. Ce lot était comparé à un lot témoin, sans supplémentation. Les éleveurs ont accepté de traire les truies pour recueillir le colostrum, en vue d’analyses de qualité en laboratoire. Les résultats plaident en faveur du produit : les porcelets du lot dont les mères ont été supplémentées pèsent 200 g de plus, en moyenne à la naissance. Dans le lot témoin, les petits de moins d’un kilo représentent 24 % des porcelets. Dans le lot complémenté, ils ne représentent que 11 %. La qualité du colostrum est également supérieure ; il contient 6 % de plus d’immunoglobulines, à partager pour la portée (quantité impossible à évaluer). Ces résultats sur l’élevage confirment ceux obtenus sur plus d’un millier de truies (essais réalisés par le fournisseur). Cette supplémentation revient à 29 €/truie et par an.


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