L’empreinte invisible

La nouvelle plateforme de jeu vidéo en ligne, Stadia, lancée le 19 novembre par Google, entreprend de capter tous les joueurs de la planète où qu’ils soient. Bienvenue dans le business du cloud gaming mondial… Mais quel joueur s’enquiert-il devant son écran de l’impact écologique des petits bonds à répétition de son personnage virtuel ? Car jouer en ligne, comme regarder un film en streaming, est gourmand en énergie. Sauf que l’empreinte environnementale du virtuel est invisible. L’empreinte du bœuf qui marche dans la prairie, elle, est par contre bien visible. À tel point que le placide bovin devient le bouc émissaire de tous les maux de notre société contemporaine.

Pas un jour sans qu’il ne soit mis au pilori. Ses rots mettraient le feu à la planète ; il serait un buveur invétéré d’eau et polluerait les nappes phréatiques. Mais de quoi parle-t-on ? L’élevage bovin est en fait responsable de seulement 5 % des émissions de gaz à effet de serre, rétablit le Giec. Rien de commun avec l’empreinte invisible du numérique qui carbure aux énergies fossiles. De quoi parle-t-on également quand on attribue une consommation de 1 500 litres d’eau par kilo de steak ? Car, mettre dans le même sac, l’élevage pratiqué dans le bocage breton (copieusement arrosé !) et le feed-lot américain de plusieurs milliers de bovins nourris avec des fourrages transportés par camion sur des centaines de kilomètres est aussi absurde que de comparer un utilitaire de ferme qui consomme 500 litres de carburant par an et un yacht qui engloutit 1 000 litres par heure. Enfin, quid de l’extraction de minerais nécessaires à l’industrie du numérique qui contribue à l’eutrophisation des milieux aquatiques bien plus que les déjections des bovins naturellement recyclés dans les champs. Silence… on joue.


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