L’anathème

C’était bien avant le pilonnage tous azimuts de l’agriculture. Un responsable agricole breton s’élevait alors à une tribune : « Pourquoi tant de haine ? ». La profession n’avait en fait rien vu. Et loin d’elle d’imaginer qu’elle serait 5 ans plus tard maltraitée à ce point. Pas un jour sans que les agriculteurs ne se ramassent des « marmites », comme le disaient les Poilus dans les tranchées de 14 pour désigner des projectiles de gros calibre qu’ils recevaient sur la tête.

Aujourd’hui, ce n’est plus la guerre. Mais une bataille à armes inégales, excitée par certains médias au parti pris qui se délectent de démultiplier des messages orientés, souvent sans preuve. Dans ce climat délétère, il est évident que si des bébés naissent sans avant-bras – ce qui est éminemment dramatique – c’est de la faute des agriculteurs ! Faille-t-il, pour entraîner l’opinion, s’improviser pseudo-docteur en toxicologie pour pointer le responsable tout désigné : les pesticides. Quid des 100 à 150 000 molécules chimiques présentes dans l’environnement où se mêlent produits phytosanitaires, agents plastifiants, médicaments, retardateurs de flamme, etc.

Une soupe chimique que les mixologistes – des scientifiques qui combinent les molécules pour mesurer l’effet cocktail – commencent seulement à explorer en mélangeant une poignée d’une dizaine de molécules à laquelle est exposé un individu de base. Avec ce résultat vérifié sur des tissus humains : « L’effet cocktail s’exprime effectivement. Il n’y a aucun doute que des effets de synergie peuvent se produire », expliquait récemment, dans l’émission radiophonique « La méthode scientifique », le Breton Bernard Jégou, directeur de recherche à l’Inserm de Rennes. Autrement dit : tous responsables.


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