Heureuses au grand air

Les associés du Gaec de Kerblouze, à Glomel (22), ont fait le choix d’un développement laitier important.

Avant que Thomas Coatmellec ne rejoigne ses parents Myriam et Bernard en 2013, l’élevage de Kerblouze à Glomel comptait 80 laitières produisant un quota de 630 000 L. « Lors de mon installation, j’ai d’abord repris 30 ha et apporté 300 000 L à produire », explique le jeune homme. Mais rapidement, les éleveurs ont décidé de se lancer dans une stratégie basée sur l’augmentation de volume. « Notre laiterie proposant du « lait de développement », nous avons décidé de doubler notre production pour atteindre 1,8 million de litres livrés en 2020. » Un projet impossible à réaliser dans les bâtiments historiques, « vétustes, inadaptés et sous-dimensionnés », datant de 50 ans (95 vaches pour 80 logettes).

Production en hausse

Les éleveurs ont donc visité des bâtiments en Bretagne, dans la Marne et la Loire, aux États-Unis pour nourrir leur réflexion. « À l’arrivée, nous avons dessiné ce que nous voulions vraiment, une stabulation à notre sauce », insiste Bernard Coatmellec. Le résultat frappe. Une enceinte multi-pentes, en toit d’usine, posée entre prairies et espace boisé qui détonne quand on l’aperçoit de la route. « Conçu sans bardage, la ventilation est très efficace. L’ambiance lumineuse. » Les animaux, au grand air, semblent y trouver leur compte. « Quand le troupeau a quitté l’ancienne étable trop petite et trop fermée pour entrer ici, les vaches ont aussitôt donné 4 L de lait en plus par jour ! » Depuis, s’appuyant sur cette expérience, les Costarmoricains ont retiré une partie des bardages du bâtiment des génisses.

Les 120 vaches en production tournent aujourd’hui à 36 kg de lait par jour. L’effectif est conduit en deux lots. Le premier groupe concerne les primipares et les 2e veau. L’autre, les vaches en 3e lactation et plus. « En travaillant ainsi, nous estimons que les jeunes vaches expriment davantage leur potentiel car la concurrence est réduite. Pas besoin non plus de changer de lot aux animaux en cours de lactation : cela évite un stress qui fait souvent perdre 2 ou 3 L de lait à l’animal pendant quelques jours »

Abandon des logettes creuses

Les éleveurs ont avant tout cherché à favoriser le bien-être de l’animal. Pas de cornadis mais un câble composite au garrot souple, « placé à la bonne hauteur pour qu’il appuie sur le muscle et pas sur l’os quand la vache pousse », précise l’éleveur. Un sol recouvert de caoutchouc : « À 50 € / m2, c’est un investissement. Mais c’est confortable pour les pattes et anti-dérapant. À la clé, nous constatons davantage de chevauchements et moins de chaleur silencieuse. Un vrai bonus alors que nous cherchons à réduire l’intervalle vêlage-vêlage. »  

Il n’y a que sur les logettes qu’il a fallu faire machine arrière. « Nous étions partis en logettes creuses sur un mélange de paille et de chaux. Une solution très confortable pour les animaux qui se couchaient en moins de 5 secondes », raconte-t-il. Mais la contrainte de travail était énorme. Toutes les deux semaines, il fallait effectuer avec l’automotrice un mélange paille broyée – carbonate – eau. Avant de le décharger et de le reprendre pour distribution à la pailleuse. Compter 6 heures au total. « Sans oublier le coût des matières, l’entretien quotidien des logettes et le risque sanitaire de vaches perdant leur lait… » L’élevage travaille désormais en logettes sur tapis. « Nous avons un peu plus de vaches debout, mais 45 minutes de travail par jour en moins. »

Intensification fourragère

Pour tripler la production laitière de l’exploitation entre 2015 et 2020 en n’achetant que 26 vaches au départ, opter pour de nouveaux bâtiments (stabulation, bloc traite, espace tarissement…) ne pouvait pas suffire. La conduite globale de l’élevage a également été revue. « Nous avons intensifié sur les cultures et sur les vaches laitières », résume Bernard Coatmellec qui était auparavant adepte du pâturage. Sur les 165 ha de SAU, seuls 140 ha sont vraiment cultivables. L’assolement a été simplifié : exit les betteraves et les méteils. Place au maïs et à l’herbe.

« Un peu de luzerne aussi pour gagner en autonomie protéique et tamponner une ration contenant des ensilages d’herbe très riches et jusqu’à 5 kg d’orge par jour par vache… Une céréale autoproduite, moins acidogène que le blé, qui permet un régime énergétique pour garder des animaux en état pour produire et se reproduire. » Aujourd’hui, les prairies ne voient plus les animaux. « Désormais, sur 40 ha, nous effectuons 5 ou 6 fauches par an en faveur d’un fourrage à haute valeur alimentaire. » 15 à 18 % de MAT / kg de MS, jusqu’à 20 % sur du ray-grass en dérobé. En fauchant (avec apport régulier de lisier) plutôt qu’en pâturant, les éleveurs estiment « avoir doublé la productivité de l’herbe à l’hectare ».


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