La filière bovine dans la tourmente

 - Illustration La filière bovine dans la tourmente
Les éleveurs bretons de viande bovine ne comprennent pas pourquoi les cours chutent.
Malgré une demande bien présente, les cours de la viande bovine française chutent. Les syndicats souhaitent faire pression en retenant les animaux en ferme.

Consommation en hausse sur plusieurs semaines des produits frais et surgelés, progression des achats au rayon traditionnel boucherie par rapport à l’an passé, haché en très forte augmentation que ce soit en frais ou surgelé, temps favorable aux grillades, importations en nette diminution… De nombreux signaux semblent au vert par rapport à la consommation de viande bovine en France actuellement.

« Au début du confinement, on estimait qu’entre 35 et 40 % des rayons traditionnels étaient fermés en grande distribution. Aujourd’hui, ils tendent à se rouvrir », faisait remarquer en fin de semaine dernière Philippe Chotteau, responsable du département Économie de l’Institut de l’élevage. « Mais on ne connaît toujours pas l’impact de la quasi-fermeture de la RHD (restauration hors domicile) sur les marchés. C’est impossible de réaliser un bilan global tant que nous n’avons pas les bilans import-export. »

Des prix loin du coût de revient

Ce qu’on observe par contre, c’est une chute des prix sur les vaches de réforme (surtout quand on descend en conformation) et les jeunes bovins. « Malgré une augmentation des abattages de 12 % entre les semaines 14 et 15, la cotation moyenne a perdu 3 cts supplémentaires et s’établit à 3,71 €/kg en semaine 16. Elle frôle ainsi un niveau historiquement bas alors qu’une hausse saisonnière devrait être observée », dénoncent la FRSEA et JA Bretagne. « Ces prix sont loin de couvrir le coût de revient des éleveurs établi à 4,89 €/kg. » FRSEA et JA Bretagne demandent à « l’aval de la filière de respecter les États généraux de l’alimentation ». « Demain, le danger sera bien, faute de producteurs, de ne plus trouver de viande française sur les étals des supermarchés ».

Retenir les animaux

Les éleveurs bretons rejoignent donc l’appel de la Fédération nationale bovine et « demandent aux producteurs, lorsqu’ils le peuvent, de retenir au maximum les animaux en ferme. Ne cédons pas à la pression et vendons nos animaux à un prix rémunérateur ! » La Confédération paysanne se déclare par ailleurs favorable à cette action. Dans ce contexte, la valorisation du haché demeure un sujet prépondérant. « Plus on place de pièces nobles dans le haché, plus on perd en valeur de carcasse », rappelle Philippe Chotteau.

Le cours de la vache laitière s’effondre en Europe

Les exportations vers l’Italie restent dynamiques mais les Irlandais et les Néerlandais se positionnent aussi sur ce marché. « Certains abattoirs italiens ont dû réduire les abattages ces dernières semaines par manque de commandes », note l’Idele. Par ailleurs, un partenariat a été passé entre les Irlandais et Lidl, ce qui pourrait accroître les volumes provenant de ce pays sur le marché italien. Globalement, en Europe, le cours de la vache O (type Holstein) s’effondre. Dans ce panorama, les cours français certes en baisse s’en sortent mieux que dans les autres pays. Avec 85 % de viande bovine exportée, principalement vers la RHD, la Pologne affiche des cours à 2,34 €/kg. « En Espagne, le report est incomplet de la RHD vers les achats des ménages et les ventes vers l’Italie régressent. L’export de bovins finis vers le bassin méditerranéen continue par contre, mais cela ne suffit plus à maintenir les cours. Comme en Italie, les abattages de vaches de réforme sont quasiment stoppés faute de débouchés. »


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