Une hirondelle

Une hirondelle ne fait pas le printemps, dit la maxime populaire. Mais son absence fera-t-elle l’hiver ? L’hiver ornithologique, entendons-nous. Le Muséum national d’histoire naturelle et le CNRS ont profité du jour du printemps pour voler au secours des oiseaux des champs qui ont perdu 30 % de leurs effectifs en 15 ans. Après le cri alarmiste des entomologistes allemands sur la disparition massive des invertébrés – moins 80 % des insectes volants en 30 ans – , l’effondrement de la population d’oiseaux inquiète au plus haut point le milieu scientifique. Les comptages ne font que confirmer le constat quotidien des ruraux, et parmi eux les agriculteurs, qui se désolent de ne plus entendre résonner le chant du courlis dans les prairies ou grisoller l’alouette des champs au-dessus de leur tête. En 2017, pour la première fois, des agriculteurs bretons se sont désespérés de ne pas avoir entendu le coucou annoncer les beaux jours.

C’est sans surprise que « certaines pratiques agricoles intensives » sont pointées du doigt par les ornithologistes. Notamment dans les grandes plaines céréalières dépourvues de haies, d’élevage et en mal de biodiversité. La Bretagne, avec son bocage et ses nombreuses prairies, si favorables à de nombreuses espèces d’oiseaux des champs, a une carte à jouer pour retrouver ou préserver un écosystème favorable à la faune et à la flore sauvages si utiles à la productivité agricole. Plutôt que d’imaginer des zones de protection, un réel soutien à l’élevage et l’encouragement à des pratiques culturales vertueuses sont susceptibles d’inverser l’inquiétante tendance actuelle. Pour que, demain encore, aux premiers beaux jours d’avril, une hirondelle fasse le printemps de nos descendants.


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