Un débat de sourds entre Conf et végans

Représentants de la Confédération Paysanne et militants de la cause animale ont débattu en public, lors du forum social de Séné. Leurs positions sur l’élevage sont difficilement conciliables.

D’un côté, les représentants de la Conf, souvent éleveurs sur de petites fermes vendant en direct. De l’autre, des végans, adhérents ou sympathisants de l’association L214, pour la majorité citadins et visiblement ignorants des enjeux agronomiques. La rencontre est organisée par les tenants de l’agriculture paysanne qui veulent démontrer que leur système d’élevage répond aux enjeux sociétaux. Le débat, cordial jusqu’à sa fin, s’engage sur deux consensus : le rejet absolu de l’élevage intensif et la nécessité de consommer des produits locaux, dans la mesure du possible. Tout le monde condamne les fermes usines. Ce sujet rapidement évacué, les participants abattent leurs premières cartes. « Nous ne voulons pas mettre les éleveurs au chômage », tente de rassurer une militante de la cause animale. « Nous savons que vous élevez correctement vos animaux mais il y a la question de l’abattage, réalisé pour nourrir des hommes. Nous vous proposons simplement de produire des végétaux. Utilisez vos terres à bon escient et on vous soutiendra ! ».

Amendement

Pour les représentants de la Conf, l’agriculture s’est développée sur un système de polyculture élevage et a permis à la population humaine de croître. « À quelle révolution agronomique faites vous référence pour laisser penser que l’agriculture peut se passer de l’élevage et de ses effluents qui permettent d’amender les terres ? », questionne l’un d’eux, qui poursuit : « Je vous écoute avec attention et je me pose des questions sur mon métier d’éleveur. Mais, vous aussi, vous devriez douter de vos idées ».

Un autre éleveur évoque le bien-être animal : « Nous devons respecter nos animaux pour avoir des produits de qualité ». Un maraîcher, en biodynamie, considère que les engrais d’origine animale sont nécessaires à la vie microbienne du sol et à l’obtention de rendements suffisants. Une végan, sûre de ses connaissances en agriculture car elle a travaillé dans la ferme d’un oncle étant jeune, assure le contraire. Un de ses voisins confirme ; il connaît vaguement un agriculteur asiatique qui n’en utilise pas… On croit rêver…

Le débat s’élève un peu quand une éleveuse reprend : « Jusqu’où va t-on aller ? Que va t-il se passer quand on va dire que les plantes communiquent entre elles et qu’elles souffrent lorsqu’on les coupe ? ». La réponse se fait attendre. « En nourrissant les hommes avec des plantes, on en coupera moins »… Pour les végans, la production de viande est un gaspillage car elle suppose la présence d’intermédiaires entre les végétaux et l’homme. « Que de calories gaspillées ! ».

Déforestation

L’élevage accélère, selon les végans, le changement climatique car il contribue à la déforestation. « 95% du soja produit dans le monde sert à l’alimentation animale ». La Conf le reconnaît, pour l’élevage industriel, mais assure que le soja n’est pas incontournable et que « certaines zones ne peuvent être valorisées que par des animaux ». Un militant de la cause animale demande, avec une pointe d’ironie : « À combien d’animaux considérez-vous que l’élevage est industriel ? ». « Lorsqu’on le prive de la possibilité d’avoir un comportement naturel », lui répond une sympathisante de la Conf. La chasse divise également les deux camps. Les uns veulent laisser faire la nature. Les autres veulent protéger leurs cultures. Le débat traîne en longueur. Les deux parties campent sur leurs positions. Mais comme le dit un membre de la Confédération Paysanne : « Le dialogue n’est jamais inutile… »


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