Victimes de leur succès, les veaux croisés Holstein x Blanc Bleu ont moins la cote aujourd’hui. - Illustration Chute des prix des veaux nourrissons : croisés, un marché déséquilibré
Victimes de leur succès, les veaux croisés Holstein x Blanc Bleu ont moins la cote aujourd’hui.

Chute des prix des veaux nourrissons : croisés, un marché déséquilibré

En un an, la valorisation des veaux croisés laitiers a été divisée par deux du fait d’un afflux sur le marché de ce type d’animaux. Ceux qui sont plus lourds et mieux conformés conservent cependant de bons prix.

Sur les deux dernières années, un nombre croissant d’éleveurs laitiers se sont engagés dans le croisement avec des taureaux à viande sur une partie de leur cheptel, dans l’espoir de mieux valoriser les jeunes veaux. « Si ce type d’animaux bénéficiait effectivement de bons prix début 2017, vendus alors autour de 350 €, aujourd’hui, ils se situent plutôt autour de 180 € en moyenne », brosse Laurent Chupin, de l’agence ActiOuest, entreprise spécialisée dans l’analyse des marchés.

Facilité de naissance privilégiée

Cela reste cependant nettement mieux que le veau Holstein qui lui, se vend plutôt 50 à 70 €, mais parfois beaucoup moins pour des petits gabarits (10 – 30 €). Par ailleurs, « les bons veaux croisés viandés se vendent encore bien, trouvant des débouchés en boucherie traditionnelle. En classement U, ils peuvent être achetés de 350 à 450 €. » Des produits issus de taureaux de belle conformation. Mais, à juste titre, les éleveurs laitiers privilégient souvent la facilité de naissance. Un trop gros veau étant source de difficulté de vêlage et pouvant pénaliser le début de lactation… Reste que globalement 70 à 80 % du marché du veau de 8 jours se situe entre 50 et 100 €. Un niveau équivalent à celui de l’an passé qui devrait se poursuivre quelques semaines. Les intégrateurs maîtrisent actuellement les mises en place pour les sorties de veaux qui vont se faire à partir de début juin. « Dès que les températures montent, la consommation de veau chute. L’an passé, le marché a été engorgé de mai à octobre, avec des pertes sévères pour les intégrateurs. »

Boom des exportations

À côté de cela, la demande espagnole qui monte en puissance depuis deux ans, et en particulier sur 2017, redonne un certain dynamisme au marché. Les exportations françaises de veaux nourrissons, presque exclusivement dirigées vers l’Espagne, atteignent 257 000 têtes sur les 11 premiers mois de 2017 (soit + 54 % par rapport à 2015). « Les engraisseurs espagnols sont surtout demandeurs de beaux mâles de 55 à 70 kg, Holstein ou Montbéliards, pour produire des jeunes bovins exportés dans les pays du Maghreb. Ils peuvent aussi parfois être acheteurs de mâles croisés taupe, gris ou Bleu Blanc », indique un des gros exportateurs français de veaux. Moins gênés par les contraintes administratives et environnementales qu’en France, les engraisseurs espagnols disposent de très grosses unités de production. Leurs coûts de main-d’œuvre sont moins élevés. « Ils bénéficient aussi de ports performants… »

Alors est-il toujours opportun pour les éleveurs laitiers bretons de s’orienter vers des veaux croisés lait-viande sur une partie des naissances ? La réponse est oui, mais… « On aura de l’ordre de 100 € de différence avec du Holstein pur, sur des mâles R+ / R=. Mais sur des animaux de plus faible conformation type R- / O+ et de 65 kg environ, la plus-value sera de 20 €. Et sur des animaux petits, de 45 – 50 kg, il n’y aura pas de différence. » D’où l’intérêt, quelle que soit la race, de proposer à la vente des animaux préparés. « Les veaux de 25 à 30 jours plus présentables sont toujours mieux valorisés. Même si 30 jours est sans doute un maximum sur ce type de marché », précise-t-on au Mol (Marché organisé de Lamballe), en ajoutant : « C’est un apport de trésorerie immédiat. » Autre point, il vaut mieux être vendeur des mâles aujourd’hui, car le marché est beaucoup plus compliqué sur les femelles, destinées à la consommation intérieure française et espagnole notamment. 

[caption id=”attachment_32373″ align=”alignright” width=”170″]Philippe Doradoux, Chef produit filière viande, Évolution Philippe Doradoux, Chef produit filière viande, Évolution[/caption]

La moitié des IA en Blanc Bleu

Depuis la mise en place de la semence sexée en 2010, nous observons une hausse des IA de taureaux de races à viande sur laitières d’environ 10 % par an. Sur 2017, 444 000 IA de ce type ont été réalisées sur un total de 567 000 IA de races à viande. Sur ces IA croisées, le Blanc Bleu représente 54 % sur la dernière campagne, le Limousin 20 % et le Charolais 13 %. Nous observons aussi une progression de la race Inra 95 (8,5 % des IA) qui contient du sang de plusieurs races à viande (Charolais, Limousin, Blond d’Aquitaine, Blanc Bleu). Nous avons plus d’informations techniques sur ces taureaux par rapport au Blanc Bleu.
Même si elle ne pèse que 2 % des IA, la Parthenaise, fait aussi son chemin, porteuse de qualité de viande et de facilité de naissance. Nous étoffons l’offre de taureaux répondant à la forte demande actuelle de veaux pour faire du JB, avec un potentiel de croissance plus important. La facilité de naissance reste dans tous les cas très recherchée par les éleveurs. Les semences sexées qui étaient jusqu’alors peu développées en croisement sont davantage utilisées depuis l’automne dernier qui a vu s’effondrer les cours des veaux femelles. Les prix en « sexé mâle » ont tendance à baisser, se situant actuellement à 20 – 25 € supplémentaires par rapport à une IA conventionnelle.
Philippe Doradoux, Chef produit filière viande Évolution


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