Plantain et sorgho à l’essai

Le Gaec de Kerdael multiplie les expérimentations dans ses parcelles, avec un objectif d’autonomie en fourrage.

Les essais aux champs valent mieux que de long discours. « Si des pionniers n’avaient pas essayé le maïs au début de sa culture en Bretagne, nous n’aurions pas atteint les rendements connus aujourd’hui », rappelle une éleveuse, venue assister à une demi-journée de discussion autour de l’autonomie alimentaire à Saint-Gelven (22), sur l’exploitation de Nadine Lavenant et François Ganne. Ces deux producteurs de lait lancent des essais afin de viser plus d’autonomie alimentaire, ou pour simplifier la distribution de fourrage.

Des effets du plantain encore à démontrer

Les producteurs laitiers costarmoricains ont mis en place l’année passée une pâture ensemencée d’un mélange classique de ray-grass anglais et trèfle blanc, à laquelle ils ont ajouté du plantain lancéolé. « L’objectif est de bénéficier des tanins de la plante, afin de ne pas avoir à m’approvisionner en aliments tannés. Ces tanins naturels sont un plus pour la santé des vaches, avec un azote qui n’est pas entièrement libéré dans le rumen, et arrive alors en partie dans l’intestin ».

Semé à raison de 1 kg/ha, le coût du plantain est modéré selon les éleveurs. « Nous pouvons aussi le faucher. Le plantain aurait aussi des vertus vermifuges, mais qui restent à prouver », note François Ganne. Julie Coutey, conseillère agronomie à la Chambre régionale d’agriculture, souligne que « le plantain peut aussi être source de minéraux pour les animaux, à condition que le sol en soit déjà pourvu. C’est une espèce qui résiste à la sécheresse, grâce à une racine pivotante qui va en profondeur et prend le relais de la graminée en été ».

Le plantain ne semble pas avoir d’effet sur la structure du sol, car même si le pivot se développe, la densité au champ est trop faible. La pérennité de la culture est de 3 ans. « J’ai aussi pensé exploiter de la chicorée », explique l’éleveur. Une idée qui n’a pas abouti, car la plante nécessite un retour de pâturage tous les 20 jours, sous peine de montée en graine ; Un rythme trop rapide au regard du système de pâturage de l’exploitation.

Sorgho contre betterave

Les producteurs de lait introduisent de la betterave dans la ration des laitières sur une période courant d’octobre à avril. Chargée à la main afin de réaliser un premier tri de motte de terre et de cailloux, la racine est distribuée à l’aide d’un godet distributeur Kongskilde. Le chargement, gourmand en main-d’œuvre et pénible, a donné l’idée aux éleveurs d’essayer de la remplacer par un sorgho fourrager. Ce dernier, ensilé et étalé dans les silos de maïs, a déçu cette année. « Nous l’avons semé au 20 mai, sous plastique. L’implantation de la culture n’a pas été à la hauteur de mes espérances et nous avons été obligés de l’ensiler à 17 % de matière sèche, au 13 octobre ».

La tentative a au moins permis de faire le point sur cette espèce dans la région. Le sorgho a un besoin de somme de température supérieur à un maïs et des variétés plus précoces sont encore absentes des catalogues. Les 15 tonnes de matière sèche espérées n’ont pas été atteintes, la betterave va donc être maintenue dans la sole. « La betterave a tout de même l’avantage de proposer une ration fraîche en hiver, qui change », estime François Ganne. Et Nadine Lavenant d’ajouter : « Si une vache ne va pas manger de la betterave, c’est mauvais signe ». Une façon d’indiquer aux producteurs d’éventuels problèmes de santé.


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