avoir-les-boules-conso-agro - Illustration Les boules

Les boules

« Le bonheur est une boule après laquelle nous courons tant qu’elle roule». Les responsables du marketing d’une grande enseigne se sont-ils inspirés de l’écrivaine Madeleine d’Arsant de Puisieux pour imaginer leur campagne publicitaire qui promet d’échanger ses boules – de Noël, cela s’entend – pourvu que vous apportiez les vieilles en magasin ? C’est peu probable qu’ils aient sondé l’esprit de cette littéraire du XVIIIe siècle qui ne brillait certainement pas pour les mêmes étoiles que celui des consommateurs contemporains.

Et cela les marketeurs l’ont bien compris. « Le marketing est une ruse de l’économie », analyse Franck Cochoy. Ce sociologue au CNRS montre comment l’équilibre d’un marché, qui reposerait sur le jeu libre de l’offre et la demande, est en fait construit et contourné par les gestionnaires du marché. Au centre desquels se trouve le marketeur dont le rôle est de « donner envie d’avoir envie ».

Aujourd’hui, la promesse d’une reprise de ses vieilles boules illumine les yeux du consommateur et éteint la lumière de sa réflexion. Il en oublie qu’il va débourser quelques euros pour le coût de recyclage de ses boules flétries par le biais d’une hausse de prix appliquée sur ses nouvelles décorations. Bref, il se fait enguirlander par l’illusion qu’il fait une bonne affaire. En fait, « qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse… ».

Rapporter son os en boucherie, et repartir avec une côte de bœuf toute neuve

Le marché de l’alimentaire saura-t-il résister à cette pratique ubuesque de commercialisation ? Après les campagnes « un poulet acheté = le deuxième gratuit », demain, ce secteur devra-t-il s’abaisser à appâter le client par cette promesse qu’en rapportant son os en boucherie, il repartira avec une côte de bœuf toute neuve. « Les boules » (sic) tout de même, si cette pratique bouffonne devait envahir le noble domaine de l’alimentation humaine…


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