Christian Hascouët ne veut plus de clivages politiques ou syndicalistes. « Il faut être uni ». - Illustration Lait : “On ne demande pas la régulation, on l’exige”
Christian Hascouët ne veut plus de clivages politiques ou syndicalistes. « Il faut être uni ».

Lait : “On ne demande pas la régulation, on l’exige”

Un collectif de producteurs de lait a organisé une réunion pour faire un point sur la situation des éleveurs, mais surtout pour proposer des solutions.

Dans un contexte laitier où les éleveurs ne retrouvent plus de prix rémunérateurs, Christian Hascoët (en blanc sur notre photo), agriculteur installé à Guengat (29), pense que « les industriels nous prouvent qu’ils n’ont plus besoin de producteurs, mais de production ». Pour débattre sur le sujet et proposer des solutions, de nombreux éleveurs du département sont venus assister à un échange chez Thierry Duquesne, en Gaec à Mahalon, et producteur de 800 000 L de lait avec une centaines de laitières et de viande bovine. « Nos deux ateliers de production sont sinistrés », commente t-il.

Un constat partagé

Les organisateurs de la réunion, d’horizons syndicaux différents, préfèrent s’unir pour présenter les issues possibles. « deux solutions s’offrent à nous. Soit nous ne faisons rien, soit nous discutons et proposons un projet commun. Pour rééquilibrer les prix, nous ne pouvons évidemment pas agir sur la demande mondiale, qui n’explose pas. Il faut réguler cette production, mais pas à la française, sinon ça ne marchera pas. Il faut partager cette baisse, avec un système acceptable pour tous les pays européens », explique Christian Hascoët. Le PRM (Programme de responsabilisation face au marché) permet de « surveiller le marché. Si les prix sont bons, il faut produire, c’est que la demande est là. Si les prix se déconnectent, en passant sous le seuil de 300 €, il y a alerte, avant la troisième étape où la déconnexion est complète, et ou il faut réguler ». Un plan en trois étapes qui colle à la demande pour conserver des prix rémunérateurs. « À nous de le faire entendre à nos politiques, en parlant d’une seule voix pour être audible ».

Arrêtons de changer le pansement

Si la production laitière française n’est pas responsable de la chute des prix, « les autres éleveurs européens sont aussi dans la tourmente. En Irlande, les coûts de production ont fortement augmenté car les producteurs ont investi dans leurs élevages. En Belgique, le prix s’effondre à 225 €/1 000 L. Au Danemark, le montant des endettements atteint 20 000 € par vache. Arrêtons de changer le pansement, car c’est en plus le contribuable qui le paie. Réguler la production laitière rééquilibrera aussi les marchés de la viande bovine, mais freinera aussi la végétalisation de nos exploitations qui s’orientent vers plus de cultures de vente ». Une réponse qui se doit d’être commune à tous les éleveurs européens pour être efficace. « L’exemple de l’association Produit en Bretagne nous montre bien que des entreprises pourtant concurrentes on su travailler ensemble pour être florissantes ».

Le yoyo reste en bas

Pour Vincent Pennober, producteur à Riec-sur-Belon et porte-parole de l’UDSEA, les discours sur la prévision des cours laitiers ne se sont pas passés comme prévu. « Il y a deux ans, on nous annonçait qu’il fallait s’adapter à la volatilité des prix. Sauf que le yoyo est resté en bas ». Pour les producteur, l’urgence est donc de se faire entendre auprès des instances européennes. « C’est trop tard, beaucoup d’exploitants auront disparu avant que la régulation soit en marche », lance un producteur. « Il n’est jamais trop tard », répond Christian Hascoët, « mais il nous faut être uni, car parfois une seule personne peut faire bloquer les dossiers ». Ce à quoi Thierry Duquesne ajoute : « Nous connaissons les références laitières de chaque pays européen. Il suffit de reprendre les volumes produits à avril 2015 comme base, pour mettre en place la régulation ». Reste à convaincre les autres États membres de cette nécessité.


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