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Le légume industrie cultive son avenir

Les producteurs sèment les techniques qui permettront de produire le légume de demain attendu par le consommateur. Les essais se multiplient et les producteurs font appel aux scientifiques.

Aliment santé, le légume est à la recherche de « pratiques culturales plus vertueuses », a rappelé Jildaz Piron, président de la section légume industrie de Triskalia, lors de l’assemblée générale de l’OP qui s’est tenue mardi à Lorient (56). Car le consommateur accepte de moins en moins de résidus dans les légumes. Un phénomène de société et une tendance lourde que la coopérative aborde avec attention. « C’est dans cette direction que nous voulons aller », accorde Georges Galardon, président de Triskalia, qui cite l’engagement de la coopérative dans Agriconfiance et le réseau des exploitations de référence des adhérents qui compte désormais 4 légumiers.

Confrontation du temps court et du temps long

Faire du légume bio en Bretagne n’est pas la seule voie à explorer pour répondre à la demande des consommateurs. D’autant que ce n’est pas toujours simple. « Nous avons réalisé un essai en épinards il y a deux ans. Il n’a pas été convaincant », admet Rémy Boucher, responsable technique, qui, dans l’instant, préfère « consolider les travaux sur le haricot ». Cet exemple concret montre à dessein que l’attente à court terme exprimée par les consommateurs se cultive surtout sur le long terme dans les exploitations agricoles. Notamment au travers des expérimentations maison, conduites par les adhérents eux-mêmes. « Et c’est la raison pour laquelle nous demandons aussi un soutien public à la recherche dans les champs », lance au passage Georges Galardon qui croit beaucoup à cette approche pratique en conditions réelles pour progresser.

Au-delà de l’attente des consommateurs, il y a une autre réalité à laquelle les légumiers sont confrontés depuis plusieurs années : la diminution du nombre de matières actives disponibles sur le marché. Et sur ce plan, il ne faut pas s’attendre à une inversion de tendance. Au contraire. « Or, si l’on perd plus de 30 % de matières actives, il faut revoir l’approche du système de cultures », est convaincu Vincent Fayola, chercheur à l’Inra de Rennes. Autrement dit, il faut inviter l’agro-écologie dans les champs : comme l’implantation de cultures fleuries à la périphérie des parcelles de légumes pour générer et entretenir une population d’insectes qui s’en prendront aux bio-agresseurs. Ou il faut inviter l’agronomie à prendre une plus grande place dans les exploitations : par exemple, en augmentant la diversité de plantes cultivées pour casser le cycle des maladies ; ou/et modifier les rotations pour rééquilibrer la flore adventice, etc.

Un marché chahuté

Avec une consommation de légumes industrie en baisse, les importants stocks constitués en France en 2014 pèsent encore sur le marché. La conserve pâtit lourdement de cette situation avec des prix en recul de 10 % notamment en MDD. Pour 2016, les négociations avec les GMS ont abouti à des baisses de prix de 3 à 5 % en surgelé. En 2016, les emblavements français se feront sur les mêmes bases qu’en 2015 (54 500 ha). Triskalia annonce pour sa part quelque 8 500 ha soit l’équivalent des surfaces 2015.

Moins dépendant aux produits

Bref, la première voie pour diminuer l’usage des produits phytosanitaires et phytopharmaceutiques est de « revoir son SDC », comme le disent les spécialistes. Comprendre : son Système de Cultures, en le rendant moins dépendant aux produits. Ce n’est en aucun cas un retour en arrière mais un bond en avant où la main de l’homme et la technicité, voire la technologie, contribuent de concert à produire des légumes moins chargés en résidus. L’arsenal des outils est encore large : révision des doses et des dates de semis, sélection variétale… Didier Le Du


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