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Lait : le Parlement européen demande des mesures de crise, Bruxelles refuse

Le Parlement européen souhaite protéger le secteur laitier face à la volatilité des cours. Mais pour la Commission européenne, tout est en place pour permettre aux éleveurs et aux opérateurs de répondre aux signaux du marché.

Les outils de gestion de crise, actuellement en place dans l’Union européenne, ne sont pas suffisants pour répondre aux défis auxquels le secteur laitier européen est confronté, estime le Parlement européen dans un rapport adopté le 7 juillet. Les eurodéputés demandent à la Commission européenne de proposer de nouvelles mesures pour aider les éleveurs à faire face à la volatilité des cours, l’après-quotas mais aussi l’embargo imposé par la Russie sur les produits agroalimentaires. Le rapport suggère plusieurs pistes d’actions : permettre à l’Observatoire européen du marché du lait d’envoyer des avertissements de crise de manière plus précoce et plus fréquente, et de faire des recommandations sur les mesures nécessaires ; renforcer le rôle des organisations de producteurs ; rendre plus efficace le prix d’intervention qui doit dans un premier temps être révisé pour tenir compte des coûts de production croissants.

Mais pour la Commission européenne, il n’y a pas d’urgence à prendre de nouvelles mesures. Le prix moyen du lait dans l’UE en mai était de 30,48 centimes par kilo, un niveau « raisonnable » même si les différences de prix entre États membres peuvent être importantes, a souligné le commissaire européen Phil Hogan à l’occasion d’un débat avec les parlementaires européens le 6 juillet.

Un constat, peu de solutions

L’adoption du rapport d’initiative du Parlement européen sur le marché laitier européen est « un pas en avant vers la reconnaissance de problèmes auxquels le secteur est confronté », se félicite le Copa-Cogeca (organisations et coopératives agricoles de l’UE) mais pour beaucoup, il ne va pas assez loin. « Ce sont bien de nouveaux outils de régulation qu’il faut trouver pour éviter une catastrophe, comme le secteur laitier l’a connu en 2008, a réagi l’eurodéputé Michel Dantin (PPE). La Commission européenne doit comprendre la gravité de la situation ». Pour José Bové (verts) « le Parlement n’a pas eu le courage politique d’exiger une révision radicale de la politique du lait en Europe pour réguler l’offre et la demande, […] le manque de courage politique du commissaire Hogan et de volonté du Parlement vont entraîner une nouvelle élimination des producteurs les plus fragiles ». Enfin l’European Milk board (EMB) partage le constat du rapport, mais regrette le manque de solutions proposées notamment sur la contractualisation et la gestion des volumes. L’organisation laitière reconnaît néanmoins le renforcement exigé de l’Observatoire du marché comme une avancée positive.

De nombreux outils déjà en place

Phil Hogan a réfuté les critiques à l’encontre de la Commission européenne qui ne ferait pas assez pour venir en aide aux producteurs laitiers de l’UE. Selon lui, entre les paiements directs, les aides couplées, le paquet lait, le développement rural (notamment l’assurance revenu), le filet de sécurité (stockage privé…), l’Observatoire du marché laitier, les aides exceptionnelles débloquées pour les pays baltes et la Finlande pour faire face à l’embargo russe, les programmes de promotion et le dispositif de distribution de lait dans les écoles, Bruxelles a déjà mis beaucoup d’instruments en place pour soutenir le secteur.

« Certaines voix affirment que la hausse des prix d’intervention est la solution. À mon avis, ce serait contre-productif. En effet, dans une situation où il n’existe plus de quotas de production, il est primordial que les agriculteurs et les opérateurs répondent aux signaux du marché », a expliqué le commissaire européen. Une réévaluation du prix d’intervention ne « ferait que retarder l’ajustement inévitable et nécessaire de la production et le rendre plus douloureux, prévient Phil Hogan. L’objectif n’est pas de produire autant que nous le pouvons, mais autant que ce que nous pouvons vendre sur le marché ».


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