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Les leviers pour améliorer le revenu en aviculture

Économies d’énergie et confort des animaux pour construire un résultat

Dans une filière où l’aviculteur n’est « qu’un maillon de la chaîne qui ne maîtrise pas tout », Sylvain Colléaux de l’EARL de l’Écusson, à Guer (56) mise sur la rénovation et l’amélioration de l’ambiance de ses poulaillers pour viser une progression technico-économique.

« Aujourd’hui, en aviculture, nos performances ne sont pas à la hauteur », lâche de but en blanc Sylvain Colléaux, installé avec son frère Lionel à Guer (56). Outre les qualités des poussins et de l’aliment « sur lesquelles nous n’avons pas suffisamment de contrôle », l’éleveur ne démord pas : « Il faut travailler sur la maîtrise des charges variables, notamment en optimisant les dépenses énergétiques et le confort des animaux, pour aller chercher de la rentabilité. »

Sylvain Colléaux devant les onduleurs qui équipent ses bâtiments : des boîtiers qui ont la fonction de fournir « une électricité lisse évitant la surconsommation des appareils. »
Sylvain Colléaux devant les onduleurs qui équipent ses bâtiments : des boîtiers qui ont la fonction de fournir « une électricité lisse évitant la surconsommation des appareils. »

L’élevage, via la coopérative Triskalia, fait partie du réseau de fermes de référence « Grignon Énergie Positive » qui « évalue les pratiques agricoles en termes de consommation d’énergie et d’émission de gaz à effet de serre, en intégrant l’économie et la vocation nourricière de l’exploitation. » Depuis 2010, les éleveurs disposent ainsi de données chiffrées pour se situer : « Mesurer est essentiel pour s’améliorer. La comparaison avec les indicateurs permet de se remettre en question, de revenir en arrière quand ça ne fonctionne pas. »

Économie de gaz en changeant les injecteurs

De la démarche, des recommandations utiles émergent. « Un truc tout bête, les injecteurs sur les radians se détériorent avec le temps. » Le trou par lequel passe le gaz s’agrandit peu à peu et la consommation augmente. « Les nettoyer avec une limaille, comme on l’a vu sur le terrain, est donc une erreur », souligne l’aviculteur qui conseille « tout simplement de changer régulièrement ces injecteurs. À la clé, on économise 10 à 15 % de gaz. » Un investissement loin d’être prohibitif : « Environ 150 € tous les 3 ou 4 ans pour 1 200 m2 de poulailler, soit 32 radians. » L’entretien des radians est également important : « Je les nettoie et les souffle tous après chaque bande. »

Une ambiance moins agressive grâce aux échangeurs

Par ailleurs, Sylvain Colléaux et son frère considèrent que l’amélioration de l’ambiance du bâtiment reste « un des principaux leviers » pour améliorer les résultats. « Au départ, nos poulaillers fonctionnaient en ventilation naturelle, système économe en énergie… » Mais, il y a 2 ans, des échangeurs – récupérateurs de chaleur (ERC) sont installés pour passer en ventilation dynamique : « Accentuer le renouvellement d’air a été bénéfique sur l’ambiance : moins d’ammoniac, une ambiance globalement moins agressive et moins de piquage. Ce n’est pas facile à chiffrer mais les lots sont plus faciles à gérer. » La dépense énergétique supplémentaire liée aux ERC « est compensée par le confort des animaux. Les litières sont plus sèches. Et sur un support sec, les problèmes de pattes disparaissent. » Cette ambiance plus saine limite les pertes au démarrage. « Or, si nous ratons ce démarrage, nous le payons tout au long de la bande. »

Ne pas mettre tous ses œufs dans le même couvoir

Pour l’éleveur, la rentabilité en volaille passe par l’opportunité « de recevoir au démarrage une souche propre », indemne d’un point de vue sanitaire. « Il y a une forme de compétition entre couvoirs sur la qualité des poussins. Nous essayons de ne pas prendre de virage brusque dans la conduite de nos poulaillers. Nous remplissons donc les deux bâtiments avec un couvoir. Puis, au démarrage suivant, nous nous approvisionnons avec un autre fournisseur avec l’objectif de limiter le risque en amont. » Avec le recul, cela peut aider à faire un tri entre les entreprises et de faire émerger une liste des plus sûres.

Et là aussi, l’entretien des ERC est crucial. « Notre système de filtration qui ressemble à des nids d’abeilles est assez facile à nettoyer, même en cours de bande. Les premières semaines, j’effectue un nettoyage tous les 15 jours à l’aide d’un compresseur de chantier. » Puis après chaque bande, un passage de nettoyeur haute pression et une désinfection sont pratiqués. Ces rituels garantissent que les ERC « font bien leur travail, d’autant qu’en hiver, ils sont chargés de l’intégralité du renouvellement d’air pendant les 7 ou 8 premières semaines. » Les agriculteurs ont aussi cherché à aménager des bâtiments « hyperétanches » plus contrôlables : « À l’heure de la rénovation, tout le câblage commandant l’ouverture-fermeture des trappes a été revu pour limiter les entrées d’air parasites. Nous n’avons pas encore une année de recul, mais cette chasse au courant d’air devrait économiser 3 à 4 000 € de gaz par an. Et en volaille, il n’y a pas de petites économies.  »

Passer en bâtiment semi-clair

Autre progrès : « Le passage en bâtiment semi-clair avec l’installation d’éclairages à économies d’énergie. Désormais, le programme lumineux est défini en fonction de la saison. Avant, les lampes étaient perpétuellement allumées. » Enfin, les poulaillers sont équipés d’onduleurs, des boîtiers qui fournissent « une électricité lisse évitant la surconsommation des appareils. »

L’EARL a aussi installé un système dioxychlore (Aquadis) pour que « la qualité de la chloration et donc de l’eau en bout de ligne soit la même que dans le ballon : propre, sans algue, sans résidu… » Avant, l’eau était parfois « chargée en coliformes. » Après une vérification de l’état de toutes les canalisations, les associés s’efforcent désormais de les maintenir propres. « En aviculture, on ne s’intéresse pas assez à l’eau. Mais rappelons que pour manger 1 kg d’aliment, la volaille doit boire 2 L d’eau. Si la qualité n’est pas au rendez-vous, l’atelier va dans le mur car les croissances ne seront pas à la hauteur. »

Le passage en ventilation dynamique avec l’installation d’échangeurs – récupérateurs de chaleur a amélioré l’ambiance des poulaillers : « Moins d’ammoniac, moins de picage...).
Le passage en ventilation dynamique avec l’installation d’échangeurs – récupérateurs de chaleur a amélioré l’ambiance des poulaillers : « Moins d’ammoniac, moins de picage…).

La propreté, c’est la santé

Et les chantiers à venir ne manquent pas : « Passer les 2 derniers poulaillers en semi-clair. Peut-être installer une chaudière à biomasse quand elle sera homologuée pour s’affranchir du gaz… » Sylvain Colléaux s’intéresse aussi au paillage avec l’objectif d’investir pour diminuer les dépenses de santé et la paille nécessaire. « Le compresseur de ce nouveau système souffle la paille via un tuyau dans le bâtiment. Il permet d’en apporter seulement aux endroits qui en nécessitent, sans stresser les animaux. L’opération étant facilitée, j’imagine intervenir 2 ou 3 fois par semaine en faveur de la propreté.  Alors qu’aujourd’hui, on paille une fois par semaine et quand on commence une botte, on l’étale en entier, y compris là où la litière n’est pas salie. »

Le retour des huiles essentielles

« Je reviens à l’utilisation d’huiles essentielles (thym, romarin…) diffusées à l’aide d’un système de fumigènes. Sur la santé respiratoire des animaux, il n’y a pas photo, c’est mieux. Cette maîtrise du sanitaire laisse espérer des économies sur les dépenses en produits vétérinaires. »

Propreté et confort font partie de ses marottes. « L’œil de l’éleveur est primordial dans les performances. Si le poulailler est sale sous la ligne de pipettes, il faut pailler immédiatement. Sans ça, sur une journée humide, c’est de la dermatite, des articulations qui gonflent… » Toujours intervenir tôt, en amont et en prévention, « car plus on est vigilant, moins on a de travail. Et surtout, c’est en étant attentif à une somme de petits détails qu’on a construit la marge », termine Sylvain Colléaux.

Conseils d’aviculteur : Une douche de bienvenue pour les poussins

« Jusque récemment, je faisais tourner mes échangeurs trop tôt, je surventilais dès l’entrée des animaux. C’était une erreur : ça déshydratait les poussins de 45 g et ça donnait des pédaleurs… Maintenant, les ERC tournent à partir du 4e jour, pendant 7 semaines. Autre pratique mise en place : à l’arrivée des poussins, je les réhydrate à l’aide d’un pulvérisateur à dos de 5 litres. Cette douche de bienvenue leur apporte de la fraîcheur pour se déplacer rapidement jusqu’à trouver le point d’abreuvement. » Toma Dagorn

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