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Un bâtiment porc simple avec une technologie de pointe

L’éleveur veut des bâtiments simples et fonctionnels. Les fournisseurs élaborent des équipements sophistiqués. Les deux options sont-elles compatibles ?

Une enquête, réalisée au Space auprès d’éleveurs et d’équipementiers, présentée sous forme de vidéos au Forum technique du groupement Porc Armor, révèle les souhaits des premiers et les orientations prises par les seconds. Les éleveurs recherchent de la fonctionnalité pour gagner du temps et améliorer les conditions de travail. Les équipementiers intègrent des nouvelles technologies au sein des bâtiments. Ces innovations, souvent sophistiquées, permettent-elles de respecter la volonté des éleveurs ? La réponse est oui. Elles répondent également aux autres aspirations du moment : les économies d’énergie et la maîtrise du sanitaire.

Main-d’œuvre

« Nous devons automatiser les tâches afin de limiter la main-d’œuvre, de plus en plus difficile à trouver », résume Lydia Leclerc, de l’EARL Lisard (56) qui vient, entre autres, d’équiper son élevage d’appareils d’alimentation de précision en maternité (Maternéo) après avoir investi dans un « selfifeeder » en gestante. Des équipements qui facilitent la conduite du troupeau tout en assurant une meilleure technicité. Ses aspirations rejoignent celles des autres éleveurs sondés. Ils choisissent ces équipements de pointe à condition qu’ils soient simples d’utilisation et ergonomiques. « Les salariés doivent pouvoir conduire l’élevage lors des remplacements », estime l’un d’entre eux.

Écarts de compétitivité

Les investissements dans de nouveaux bâtiments doivent permettre de combler le retard de productivité par rapport aux pays du nord de l’Europe qui élèvent leurs porcs dans des ateliers plus cohérents, modernisés ces dernières années. « Un éleveur français produit, en moyenne, 120 kilos de carcasse par heure de travail, quand son collègue danois ou hollandais en produit 150 kilos », rappelle Régis Morvan, de Porc Armor. « La différence de productivité est également importante entre éleveurs français », indique Noëlle Ravalec, du CERFrance. « Les 25 % les plus productifs sortent 2 470 kilos par truie contre seulement 1 905 kilos pour les 25 % les moins productifs ». Les indices de consommation sont inférieurs à 2,73 pour 10 % des éleveurs et supérieurs à 3,15 pour 10 % d’entre eux. Au final, la marge brute par truie est quasiment du simple au double entre le groupe des plus performants et celui des moins bons techniquement.

Facture énergétique

L’énergie est aussi au cœur des préoccupations des éleveurs. Même si sa part dans les dépenses totales d’un élevage sont modestes, notamment en comparaison à l’alimentation, les factures ne cessent d’augmenter. Les équipementiers répondent à leurs demandes. Les nouveaux matériels pour économiser l’énergie dans les élevages sont nombreux et variés, de la niche à porcelets ergonomique aux échangeurs de chaleur adaptables à chaque salle. Demain, les bâtiments seront dits passifs ou à énergie positive. Les méthodes pour produire de l’énergie sont variées. « Equipez-vous d’un réseau d’eau dans l’élevage », conseille l’un des fournisseurs. « On pourra toujours installer une chaudière à bois ou une pompe à chaleur en amont ». Le réchauffement climatique est pris en compte. Différents brumisateurs ou cooling sont sur le marché. Le goutte à goutte pour rafraîchir les truies en maternité fait son apparition. Le Dac (distributeur automatique d’aliment) pour charcutiers devrait permettre de limiter l’indice de consommation ; l’aliment est le premier poste de dépense énergétique.

Du carrelage dans les fosses

Pour les éleveurs, l’élevage de demain devra être en mesure de répondre aux attentes sociétales. « Produire sans antibiotiques ». Les équipementiers redoublent d’imagination pour améliorer les conditions sanitaires. « Nous travaillons sur la capacité des supports à être bien lavés et désinfectés », explique l’un des fournisseurs interrogés. Le carrelage fait son apparition dans des préfosses peu profondes et faciles à vider, en maternité et en post-sevrage. Des recherches sont réalisées sur le pouvoir bactéricide des matériaux. En parallèle, les capteurs de toux ou d’éternuement et les compteurs à eau permettront une détection précoce des pathologies. Les caméras font leur entrée à divers endroits de l’élevage. Ces éléments permettront un pilotage à distance des différents équipements, une surveillance discrète des mises bas et un plus grand confort de travail pour l’éleveur. Les racleurs en « v », dont l’objectif est souvent de répondre aux exigences environnementales, permettent de réduire les émissions de gaz, l’un des prochains chantiers à appréhender pour le monde de l’élevage porcin. Les défis sociétaux, environnementaux, sanitaires ou de main-d’œuvre sont identifiés. Les solutions existent et sont mises en œuvre dans les bâtiments neufs. Des innovations sont encore à développer pour répondre aux nouveaux challenges. Les équipementiers sont à pied d’œuvre. Un seul souci et non des moindres : les éleveurs français devront être en capacité d’investir pour ne pas se laisser distancer en termes de compétitivité par leurs concurrents européens. Bernard Laurent


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