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Du tourisme à l’aviculture

Installés en 2013 en pleine crise avicole, Sonia Le Fèvre et son conjoint, Daniel Clarin, s’en sortent grâce à une gestion rigoureuse et de bons résultats techniques qui couvrent l’allongement des vides sanitaires.

Même si Sonia Le Fèvre est fille d’aviculteurs, rien ne la prédestinait à reprendre un élevage un jour. « J’ai effectué des études de tourisme puis j’ai pris la gérance d’un camping et diverses autres expériences professionnelles dans ce secteur », raconte l’éleveuse de Plourivo (22). Son associé ne s’imaginait pas non plus être un jour à la tête d’un élevage. « J’étais commercial dans le tourisme, mais le métier et la pression des chiffres commençaient à me peser », explique Daniel Clarin. Il ajoute que depuis qu’ils sont en couple, ils ont toujours eu l’envie de se mettre à leur compte. « L’idée de reprendre des poulaillers nous est venue lorsque mes parents ont commencé à parler de départ en retraite », confie Sonia.

Installés pendant la crise

Après avoir quitté leurs emplois respectifs, ils sont entrés en formation BPREA à Crédin (56) pour acquérir les bases agricoles. À ce moment de leur parcours d’installation, le projet du couple est de reprendre l’exploitation des parents de Sonia à Saint-Connan (22) qui totalise 5 500 m2 de poulaillers et des terres cultivées en céréales. « Mais avant nous voulions visiter d’autres exploitations afin de ne rien regretter. C’est alors que nous avons eu un coup de cœur lors de la visite de l’élevage de Plourivo qui compte 3 poulaillers pour une surface de 4 100 m2. Le site nous a séduits car il était particulièrement bien aménagé et sans travaux à réaliser. La cerise sur le gâteau est la proximité de la mer et de la ville de Paimpol. »

L’heure est venue ensuite du montage du projet et surtout de sa défense pour obtenir un financement. « Nous l’avons présenté aux banques en septembre 2012, alors que la crise commençait à se faire sentir. Finalement  le CMB a financé notre installation et nous a aidés à concrétiser notre rêve. Nous sommes tombés sur des conseillers très humains qui ne nous ont pas demandé le montant de notre apport avant même de connaître nos motivations. L’accord bancaire est arrivé à Noël pour une installation début juillet 2013. » Sonia a ensuite travaillé pendant 3 mois avec le cédant pour se familiariser avec les bâtiments, les boîtiers de régulation et profiter de son expérience. « Même un an après, il reste disponible à tout moment si nous avons un souci. Rassurant. »

La recherche de leviers techniques pour progresser

Les éleveurs avouent que le démarrage n’a pas été facile : les résultats des 2 premiers lots en poulet standard (40 jours d’élevage avec un détassage à 33 jours) n’étaient pas très bons. « Le résultat était compris entre 6,50 € et 7 €/m2. Sur les conseils de notre technicien, nous avons fait expertiser la qualité de l’eau du puits artésien. Suite à l’installation d’une pompe supplémentaire pour la traiter, le lot suivant est sorti à 10 €/m2. » Les éleveurs cherchent à activer tous les leviers techniques possibles afin de s’améliorer à chaque bande. « Par exemple depuis 3 mois, nous utilisons un motoculteur pour retourner notre litière et ramener la paille fraîche en surface afin de livrer des poulets de qualité aux volailles de Keranna à Guiscriff (56) en abaissant le taux de pododermatites. » Sonia et Daniel ont aussi équipé un bâtiment avec des chaînes d’alimentation Multibeck afin de gagner en indice de consommation (IC). Dès que leur trésorerie le permettra, les 2 autres bâtiments le seront également.

Des résultats corrects compensent l’allongement des vides

« Malgré la crise ambiante, nous ne regrettons pas. Il faut être bon gestionnaire et bien calculer. Avec une moyenne de 9,50 €/m2, nos résultats sont plutôt corrects ce qui nous conforte dans notre choix de reprendre une exploitation avicole surtout que notre prévisionnel était établi sur la base de 8 €/m2 », indiquent les éleveurs. Ces résultats compensent notamment l’effet de la crise qui a engendré des vides sanitaires à rallonge, allant jusqu’à 6 semaines chez eux. « La tendance est à 3 semaines de vide et l’idéal pour nous serait de passer à 2 semaines. Malgré tout, nous restons optimistes et confiants en l’avenir de notre métier. Nous espérons un coup de pouce de nos politiques pour inciter la restauration hors-domicile (RHD) et les transformateurs à favoriser la volaille française plutôt que les approvisionnements extérieurs. » Nicolas Goualan


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