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D’électronicien à éleveur, itinéraire d’une reconversion bien construite

Suite à un licenciement économique, Ludovic André a su tirer toutes les ficelles pour préparer sa reconversion : portes ouvertes, journées techniques de formation, BPREA à la ferme de Quintenic, stage 6 mois, parrainage… Pour réaliser son rêve : devenir agriculteur.

Après 10 ans de carrière comme électronicien à Lannion, pourquoi  s’installer ?

Suite à un plan de licenciement, j’ai saisi l’opportunité de partir et de me reconvertir en faisant ce que je voulais déjà faire 15 ans auparavant. Je suis hors-cadre familial, mais mon intérêt pour l’élevage date de l’enfance quand je passais mes vacances sur la ferme de mes grands-parents puis de mes oncles. Il m’a fallu du temps pour formaliser ce projet. Mais à l’époque, on n’incitait pas à aller vers le monde agricole. On parlait de crise. On en parle d’ailleurs encore…

Ce licenciement était presque un mal pour un bien…

J’ai senti le vent tourner. Lors de mes trois dernières années de salariat, je suivais déjà des formations et des portes ouvertes, je lisais les journaux agricoles. En 2009, quand l’entreprise a fait un appel au volontariat pour la quitter, j’étais prêt dans ma tête. Je savais où je voulais aller. Plutôt que de réaliser mon congé de reclassement et de toucher 80 % de mon salaire pendant 9 mois, j’ai préféré rapidement enchaîner par 10 mois de formation BPREA lait au Centre de la Chambre d’agriculture à Quintenic. Cet établissement a le gros avantage d’allier la pratique à la théorie. Pour moi qui venais de l’extérieur, avec un profil de reconversion, c’était très important. Les cours avaient lieu entre deux passages à la traite : on appliquait le jour même à la ferme ce qu’on avait appris en salle.

Diplôme en poche, vous ne vous sentiez pas encore prêt. Comment vous êtes-vous orientés vers un stage longue durée ?

Fin 2010, j’ai commencé à préparer le PPP, plan de professionnalisation personnalisé. Lors de l’entretien « Compétences » à l’Odaséa, j’ai formulé au vu de mon cursus le besoin de faire un stage pratique pour gagner en assurance. Je voulais notamment apprendre à conduire un système herbager. J’avais aussi passé quelques jours sur internet pour connaître tous les dispositifs et droits dont je disposais. Cela a débouché sur la signature d’une convention tripartite avec Pôle Emploi et l’Earl de la Braize, chez Véronique et Pierrick Charles à Hénon. J’étais stagiaire tout en touchant des allocations chômage, de quoi profiter sereinement de l’expérience. J’ai ainsi calé mes 6 mois à la ferme sur la pousse de l’herbe, de février à août. J’ai observé comment travailler les prairies pour fermer le silo de maïs en juin. Acquis la capacité à prendre des décisions en utilisant l’herbomètre chaque semaine.

En parallèle a commencé la recherche d’une exploitation…

Je consultais le RDI, pigeais les annonces dans les journaux, étais attentif au bouche à oreille… J’avais établi des contours précis à mon projet. Cela m’a pris deux ans pour trouver une ferme parce que j’avais quelques attentes intangibles. D’abord, l’exploitation devait se situer dans le nord-est du département pour concilier projet professionnelle et vie familiale car ma famille et ma belle-famille habitent la région lamballaise. Ensuite, je voulais un minimum de surface accessible, au moins 30 ares par vache, car je ne conçois pas de faire du lait sans pâturage. Et puis, je voulais m’installer seul pour prendre moi-même les décisions et assumer mes propres erreurs. Sinon, en temps que tiers et hors-cadre, je serai forcément arrivé chez quelqu’un. Et puis en société, quand les choses vont un peu de travers, surtout au niveau financier, les relations se tendent. Enfin, il fallait trouver une structure viable permettant de sortir un revenu.

Tout formaliser avant de se faire remplacer

« Pour l’instant, il y a encore trop de choses provisoires sur l’exploitation pour m’accorder des vacances. Quand tout sera calé, j’aimerais aussi prendre un week-end par mois. Mais avant, l’organisation doit être mise en place structurellement pour se faire remplacer. Comme dans une entreprise, je veux tout formaliser dans un classeur, sur des panneaux pour transmettre au mieux l’information à mon remplaçant et la récupérer à mon retour. D’autant qu’il y a des remplacements qui arrivent dans l’urgence… Le classeur détaillera ma procédure de traite, les produits utilisés et leur lieu de stockage, les dates de passage du laitier, les contacts du véto, du fournisseur d’aliment… Déjà, j’ai rassemblé toutes les commandes de l’installation électrique et des réseaux d’eau dans un local dédié : il faut que tout soit simple pour l’opérateur. »

Finalement, vous avez trouvé réponse à vos requêtes…

J’ai visité 12 exploitations. En sortant, je remettais tout à plat et jamais je ne suis arrivé au stade des négociations. La 13e a été la bonne. J’ai tout de suite dit : « C’est ici ! ». Un parcellaire de 50 ha, dont 25 que je considérais accessibles. La possibilité de réaliser le projet familial ici, avec ma femme et mes 3 enfants. Il faut aussi noter que cette installation s’est faite grâce à mon cédant : il cherchait vraiment à transmettre sa ferme. Oui, l’installation, ça tient d’abord à la volonté des cédants. Il m’a ainsi permis d’effectuer un stage de parrainage les trois derniers mois avant la reprise, le 1er avril 2013. Cela m’a permis de découvrir l’outil, le voisinage, les intervenants qui gravitent autour de l’exploitation (fournisseurs, acheteurs…) et le parcellaire.

Comment s’est passée l’étape du financement ?

J’avais un passé de salarié qui m’a permis d’avoir de l’apport. Les banques étaient donc plutôt attentives. C’est d’ailleurs un conseil qu’il faut donner aux jeunes : quand on commence à gagner sa vie, tout en s’amusant, il est bon de commencer tôt à mettre un peu d’argent de côté. Pour une banque, c’est une vraie garantie de constater que vous savez épargner. Par ailleurs, j’ai apprécié l’implication de l’établissement me finançant qui s’est intéressé à mon projet et a fait des propositions lors de la rédaction de mon PDE. Propos reccueillis par Toma Dagorn

Mois de l’installation

Le Collectif paysans 22 renouvelle l’opération « le mois de l’installation et de la transmission en agriculture » en proposant 4 fermes ouvertes.

  • Vendredi 26 septembre, à Erquy, chez Ludovic André, en élevage bovin lait
  • Vendredi 3 octobre, au Haut-Corlay, chez Franck Le Breton, en élevage laitier
  • Vendredi 10 octobre, à Rostrenen, chez David Roulleau et Pauline Cabaret, en maraîchage biologique diversifié
  • Vendredi 17 octobre, à Landébaëron, chez Kristen Bodros et Cécile Thomas, en élevage biologique ovin lait, transformation fromagère et pain.

Gratuit, dès 14 h. Infos : 02.96.74.75.50 ou jeanne.cedapa@orange.fr


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