moule-perliere-kregen-dour-dous-riviere - Illustration La moule perlière, le trésor de nos rivières

La moule perlière, le trésor de nos rivières

Aujourd’hui menacée et en voie d’extinction, la Kregen dour dous comme on la nommait dans le Finistère abondait dans nos rivières bretonnes au siècle dernier. Un programme européen est en action pour sauvegarder les populations restantes et les multiplier.

Beaucoup moins connue que la moule de bouchot, que l’on savoure à l’arrivée des beaux jours sur la terrasse d’un restaurant face à la mer, la moule ou mulette perlière d’eau douce fait partie de la trentaine d’espèces de bivalves présente dans nos rivières. En Bretagne comme presque partout en Europe, cette espèce très discrète est en déclin. Un programme européen appelé Life, coordonné par l’association Bretagne vivante, est en marche depuis 2010 pour essayer de sauver les dernières populations bretonnes.

Pêchée pour sa perle

Il y a deux principales raisons à sa disparition de nos rivières : la pêche et son cycle de vie particulièrement complexe. Laure Leclère, animatrice pour l’association Bretagne vivante raconte : « Aujourd’hui on peut dire que dans presque toutes les rivières il y avait des mulettes. Depuis la préhistoire, l’homme a pêché la moule perlière pour réaliser ses parures à base de perle et nacre. On ne compte plus les joyaux comportant ses perles : la cotte de François 1er, un collier de la reine

Marie-Antoinette, un diadème de la couronne d’Angleterre… La robe de Marie de Médicis était ornée de 32 000 perles provenant de toute l’Europe pour le baptême de son fils Louis XIII. » Il faut savoir qu’en moyenne une mulette sur mille produit une perle. Mais la demande à l’époque est telle qu’une véritable frénésie s’empare de l’Europe à partir du XIXe siècle, les lits des rivières étaient littéralement bêchés pour en retirer des milliers de coquilles ne donnant, au mieux, que quelques dizaines de perles. « Le dernier pêcheur de perles exerçait sur l’Odet, rivière qui passe à Quimper (29), au début des années 1950. L’espèce est aujourd’hui intégralement protégée par la loi. »

[caption id=”attachment_7717″ align=”aligncenter” width=”300″]Un cycle de vie original Un cycle de vie original.[/caption]

La mulette vit entre 30 et 180 ans

Différentes étapes ponctuent le cycle de vie de la mulette. La moule perlière d’eau douce est un invertébré à forte longévité, elle vit entre 30 et 180 ans. « Plus on se dirige vers le Sud de l’Europe plus son espérance de vie est courte et inversement vers le Nord. Par exemple, en Bretagne la mulette peut vivre jusqu’à 80 ans, en Espagne les populations sont plus proche de 30 ans et au Nord de l’Europe des individus de 180 ans ont été observés », fait remarquer Laure Leclère. Le bivalve est capable de se reproduire à partir d’une dizaine d’années, quand sa taille excède environ 7 cm. À cette taille, la moule filtre 50 litres d’eau par jour. C’est en filtrant durant les mois de juin et juillet que les femelles récupèrent les spermatozoïdes relâchés dans l’eau par les mâles pour féconder leurs ovules. Quelques semaines après, les larves (0,06 à 0,08 mm), appelées glochidies, sont libérées et se fixent sur les branchies d’un salmonidé (truite fario ou saumon d’Atlantique). Peu de temps après, un kyste se forme autour de la larve. « On ne sait pas encore si ça apporte quelque chose à la truite ou au saumon, mais en tout cas ça ne lui porte pas préjudice. » Ayant atteint un stade de développement suffisant, la glochidie, environ 10 mois plus tard, se détache de son hôte et s’enterre dans un substrat propre composé de sable ou de gravier où elle se développera. Elle mesure alors 0,4 mm. Après 4 à 10 années passées dans le sédiment, la moule perlière apparaît à la surface. Les taux de mortalité sont élevés avant la maturité sexuelle, sur un million de glochidies produites, moins de 10 parviennent à devenir une moule.

Visitez la station d’élevage

Pour partir à la rencontre de la moule perlière et comprendre les intérêts de sa conservation, Bretagne vivante vous propose de découvrir les actions qu’elle mène. Pour cela, l’équipe d’animation du programme vous emmènera à la découverte de la station d’élevage de moules perlières de Brasparts (29). Plusieurs rendez-vous sont proposés à 9h30 devant l’office de tourisme de Brasparts :

  • Samedi 20 septembre
  • Samedi 4 octobre
  • Samedi 8 novembre
  • Samedi 22 novembre

Réservation obligatoire au 02 98 49 07 18. Mail : contact@bretagne-vivante.org

Une station d’élevage unique en Europe

Il était grand temps de réagir et le programme Life mis en place depuis 2010 et porté par l’association Bretagne vivante a déjà effectué un travail remarquable. « Les populations de moules perlières du Massif Armoricain sont âgées. Si rien n’avait été entrepris, elles risquaient de disparaître en moins de 10 ans. La création de la station d’élevage de Brasparts (29) en partenariat avec la Fédération de pêche du Finistère, inaugurée en 2013, a permis la sauvegarde des populations et leur renforcement dans un environnement de qualité. » L’objectif majeur de cette station, unique en Europe, est de cultiver des moules de différentes classes d’âge pour prévenir une disparition du milieu naturel et assurer un repeuplement éventuel en cas de besoin. Cette opération de conservation ex-situ a pour objectif de disposer, pour chacun des 6 cours d’eau (3 en Bretagne et 3 en Normandie) retenus dans le cadre du programme Life, d’environ 4 000 moules perlières de 4 à 5 ans. « L’élevage marche bien : on introduit tous les ans des mulettes dans chaque rivière. On réalise aussi des pêches électriques afin de mettre en contact des glochidies avec des truites afin qu’elles se fixent sur leurs branchies pour que le cycle se fasse naturellement. » Nicolas Goualan

Témoignages : Bretagne vivante est à la recherche de témoignages sur la moule perlière.


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