Jonas Le Gall n’a pas peur des grandes rotations. Sur les 80 ha de son exploitation, en bio depuis 1980, il cultive du sarrasin, du blé d’hiver et de printemps, de l’orge brassicole, du seigle d’hiver et de printemps, du méteil, de la féverole de printemps, de l’avoine associée à de la féverole, des courges, des pommes de terre et du quinoa. La plupart des cultures sont à destination de l’alimentation humaine, et les céréales sont valorisées en farine dans la meunerie attenante à la ferme. Chaque année, 700 tonnes de farine, majoritairement issues de blés bretons, y sont produites.
Profiter des climats frais
Le quinoa a sa place dans l’assolement depuis 6 ans. « J’ai été contacté par un de mes clients de la région d’Orléans », raconte Jonas Le Gall. « Les fortes chaleurs de leur secteur impactaient le rendement et il voulait savoir si la culture pouvait s’en sortir sous le climat finistérien. » Depuis 2019, l’agriculteur implante entre 4 et 6 ha de quinoa. Gourmande en éléments nutritifs, la culture est souvent implantée après un blé et un couvert végétal. « Après avoir broyé le couvert au début du printemps, j’apporte 100 unités d’azote sous forme de fientes de volaille », précise le Finistérien. « Je déchaume ensuite plusieurs fois pour faire des faux-semis, puis je laboure et je passe un coup de vibro. » Le semis est effectué fin avril-début mai, à 10 kg/ha et 30 cm d’écartement, avec un semoir à céréales.
Gérer les adventices
« Le quinoa peut vite se salir au début de son cycle », prévient Jonas Le Gall. « Le stade 2 feuilles est atteint en 4 à 5 jours seulement, mais il faut attendre entre 15 jours et trois semaines pour le stade 4 feuilles. » Pour limiter le salissement, l’agriculteur bine une première fois trois semaines après le semis, et une deuxième fois une dizaine de jours plus tard. La floraison, elle, a lieu autour du 15 juin.
Pas de saponine
Début août, le quinoa est fauché et andainé, puis récolté une semaine plus tard à l’aide d’une moissonneuse équipée d’un pick-up.
« Sans fauchage, la culture est plus sale et plus humide à la récolte, ce qui complique le séchage. » Jonas Le Gall vise une humidité de 14 % lors de la récolte, et de 8 % après le séchage, effectué sur la ferme grâce à un séchoir à plat.
Le stade 2 feuilles est atteint en 4 à 5 jours
Les graines sont ensuite triées au trieur-séparateur à grilles avant d’être envoyées en station de semences pour être mises aux normes alimentaires.
« Les variétés que j’utilise, Jessie et Viking, ne contiennent pas de saponine », souligne l’agriculteur. « Cela m’évite les étapes de lavage et de brossage nécessaires pour enlever l’amertume, souvent très coûteuses. »
Rentable et peu contraignante
Pour Jonas Le Gall, le quinoa est une culture facile à mener. Plutôt épargnée par les maladies et les ravageurs, elle supporte également très bien le sec. « J’ai fait ma meilleure année en 2022 », se souvient le Finistérien. Grâce à son cycle court, elle permet également une bonne restitution et exporte peu. « Le rendement moyen récolté est de 16 q/ha. Après le passage en station, on est plutôt autour de 10 q. » Côté économique, la culture est valorisée à hauteur de 2 500 €/t.
Vrac et farine
La majorité de la production est vendue en vrac dans des magasins Biocoop locaux. Une partie est également destinée à la restauration collective. « Je fais aussi environ 200 kg de farine que je vends à des boulangeries. Mélangée à d’autres farines, celle de quinoa permet de faire du pain sans gluten. »
Alexis Jamet