18686.hr - Illustration « Apprendre autrement »
Michel Uzenot et Gwenaëlle Mounier sur le « city stade » installé pour répondre à la demande des élèves.

« Apprendre autrement »

À la veille des portes ouvertes, Gwenaëlle Mounier et Michel Uzenot, directrice et président de la MFR de Loudéac reviennent sur l’esprit d’une institution qui vient de fêter ses 70 ans.

En termes de fonctionnement, qu’est-ce qui différencie une MFR d’un autre établissement ?

Michel Uzenot : Il y a 15 ans, quand mon fils a voulu faire une formation en agro-équipement, j’ai poussé la porte de la MFR. L’accueil personnalisé réservé aux familles m’a marqué à vie. Des parents impliqués, administrateurs de la structure, étaient là pour partager ce que vivaient leurs enfants dans ces murs. Je dirais que l’esprit de la MFR s’adresse à tout le monde. Cette place des familles est essentielle : les parents membres du conseil d’administration sont les employeurs des salariés, décident des investissements…

Pourquoi des jeunes qui n’aimaient pas l’école y retrouvent le fil de leur parcours scolaire ?

Gwenaëlle Mounier : L’approche est différente. La majorité des élèves sont pensionnaires, cela fait partie de la philosophie des MFR. Ensuite, la moitié du temps est passée en entreprise. Enfin, au quotidien, les moniteurs ou d’animateurs de sessions de formation – non pas des professeurs – ne font pas du « descendant ». Au contraire, nos bureaux sont toujours ouverts pour les élèves.
Pour autant, les temps à l’école sont intenses. Il n’y a pas d’heure de permanence. Les plannings changent chaque semaine en fonction, par exemple, des opportunités du territoire : rencontres, visites, salons… Du matin au soir, les élèves sont en apprentissage, toujours accompagnés d’un moniteur.
MU : Les anciens élèves parlent d’une autre façon d’apprendre. On ne vient pas en MFR parce qu’on a des difficultés mais plutôt parce qu’on veut apprendre autrement. Pour entrer, ce n’est pas le dossier scolaire qui compte, chacun est pris comme il ou elle est. Le plus important est l’envie de faire, l’envie d’avancer… Les élèves plus faibles au départ, plus que les autres encore, ont le droit de réussir.

À la MFR, la place des familles est essentielle

Dans cette pédagogie basée sur l’alternance, l’établissement est très proche du terrain…

GM : Les MFR n’existeraient pas sans une collaboration étroite avec les maîtres de stage et d’apprentissage. Pour nos quatre filières – élevage, agro-équipement, forêt et services à la personne – cela représente près d’un millier d’entreprises. Nous voulons répondre aux besoins de professionnalisation de ces dernières car nous préparons les salariés de demain. Par exemple, en septembre, nous avons lancé un Brevet professionnel (BP) Conducteurs de machines agricoles. Nous avons mis en place la préparation des élèves au Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa) pour répondre aux attentes de nos partenaires.
MU : Aujourd’hui, près de 70  % de nos élèves en filières agricole et agro-équipement sont non issus du milieu. Nous venons d’investir 100 000 € dans un simulateur de conduite de tracteurs et engins de manutention pour faciliter leur apprentissage. Comme nos jeunes alternants ont du mal à suivre une formation régulière au Code de la route, en juin, nous proposons une session intensive aux plus de 15 ans pour l’obtenir en une semaine !

On parle beaucoup de la nouvelle génération. Comment encadre-t-on les jeunes d’aujourd’hui ?

GM : Il y a bien sûr l’incontournable question du téléphone. Nous l’avons d’abord autorisé à l’internat. Cela a donné lieu à quelques problèmes, notamment avec les réseaux sociaux. Désormais, tous les portables sont collectés à 22 h et redistribuer au lever. Au départ, il y a de la tension au ramassage car on réalise le travail qui n’a pas été fait par certains parents avant. On constate d’ailleurs que certains demi-pensionnaires, moins encadrés, sont très fatigués en cours… En classe, les téléphones sont d’emblée déposés au fond de la salle.
Nous travaillons aussi sur les aspects éducatifs. Dire bonjour, merci et au revoir. Ce savoir-être est indispensable dans le monde professionnel. Les repas pris à table sont obligatoires. Un gros changement pour ceux qui ont l’habitude de manger chez eux des plateaux devant la télé.


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