15687.hr - Illustration Les galettes au feu de bois
Sophie travaille « du frais et des produits de saison fournis par des producteurs locaux ».

Les galettes au feu de bois

Le Temps des cerises, à Tonquédec (22) a changé de main. Mais les galettes tournées dans l’âtre ne sont pas prêtes de disparaître. 

À quelques kilomètres de Lannion, le Temps des cerises, institution locale de Tonquédec (22), vient de changer de main. Mais que les habitués – habitants du secteur comme touristes amoureux du coin – se rassurent : les fameuses galettes au feu de bois qui ont fait une partie de la réputation du lieu sont toujours d’actualité !

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Passage de rozell réussi entre Yann Guérin, fondateur du Temps des cerises, et Sophie Vanhoutvenne, installée depuis plus de 15 ans à Tonquédec.

Le bon goût des crêpes d’autrefois

En 2007, après avoir remis la main sur les « billigs, marmites et poêlons » de ses grands-mères du Sud-Finistère, Yann Guérin avait transformé le bar Chez Jeannot en crêperie et plats au chaudron au feu de bois. « Pour m’amuser, j’ai voulu essayer de tourner les crêpes comme mes ancêtres pour retrouver le bon goût d’autrefois Le premier test a été une catastrophe. Mais comme je suis têtu, je me suis accroché. Grâce à mes souvenirs d’enfance et après quelques essais dans la cheminée, j’y suis arrivé. J’ai alors ouvert le Temps des cerises », explique le fondateur. En Bretagne, l’établissement est ainsi l’une des très rares tables à préparer les crêpes dans l’âtre.   
Cet hiver, il a confié les clés à Sophie Vanhoutvenne, installée sur la commune depuis plusieurs années et fidèle cliente de l’endroit. « Pour payer mes études, j’ai fait mes premiers jobs d’été dans une crêperie. J’ai appris sur le tas à me servir d’un rozell. Même si j’ai fait différents métiers dans ma vie, je rêvais depuis 20 ans d’ouvrir mon propre restaurant », raconte la Morbihannaise d’origine qui a effectué son premier service officiel le 10 mars dernier.

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Pour Sophie, « le petit goût de fumée se marie parfaitement avec le goût de la galette de blé noir ».

Diplômée de lettres modernes et issue d’une famille de gourmets amateurs de bonne cuisine, la nouvelle gérante semblait faite pour le Temps des Cerises. « En mettant les pieds dans les chaussons de Yann, j’ai voulu conserver l’identité de ce lieu habité, chaleureux et déjà réalisé. Garder ce nom merveilleux facile à retenir et cette idée d’auberge rurale et populaire posée sur le bord de la route qui accueille tout le monde », confie-t-elle. Au fond de la salle, les étagères de livres mis à disposition de la clientèle ont été conservées. « Leur présence est réconfortante. La lecture a toujours été centrale dans ma vie. Les ouvrages sont empruntables par les petits et les grands quand ils sont installés. Et puis, le choix d’un livre est souvent un prétexte à lancer une discussion. » Sans oublier que les amoureux de la littérature peuvent passer dans la pièce d’à côté pour découvrir le Komptoir LiberTalia, la librairie de campagne « plutôt engagée » du voisin.

« Un lieu où chacun peut parler »

Le mobilier n’a pas changé non plus : un vaisselier ancien, le fameux lit clos, des souvenirs de famille, des photos rappelant la culture traditionnelle bretonne, quelques dictons choisis sur des ardoises, les tables pour une trentaine de couverts… « Tout est authentique. Je considère ces objets un peu comme un héritage », sourit Sophie qui apporte sa propre personnalité au milieu de ce décor installé depuis longtemps. Surtout, participant à la convivialité du lieu, la salle est restée ouverte sur la cheminée où tout se passe. « J’ai toujours aimé accueillir. La cuisine étant un excellent média pour rendre les gens heureux, dans cette ambiance, je les reçois comme chez moi », apprécie la patronne souriante. Depuis leur chaise, les clients peuvent suivre tout le spectacle. « Je travaille devant eux. D’une certaine manière, au Temps des cerises, ils peuvent rentrer dans l’intimité de la cuisinière. Beaucoup se lèvent, s’approchent., observent comment je tourne les crêpes, prennent des photos et me racontent leur vie. » Curieuse, voire bavarde entre deux services, Sophie aime apprendre mais aussi transmettre. « J’aime aborder la notion de produits frais et de saisonnalité en lien avec mes fournisseurs locaux de farine, de légumes, d’œufs ou de viandes que je connais bien. Mais aussi partager ma passion pour l’histoire et notamment le monde médiéval. Ou tout simplement causer de l’actualité ou de la pluie et du beau temps. Le Temps des cerises est de ces lieux où chacun a encore le droit de parler… » 

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La présence des livres est importante pour Sophie, diplômée de lettres modernes.

Maîtriser l’art du feu

« Si la magie du feu de bois interpelle, attire et réunit », comme aime rappeler Yann Guérin, cuisiner dans la cheminée ne s’improvise pas. « Pour obtenir une chauffe harmonieuse, il faut maîtriser l’art du feu. Savoir répartir les braises ou quand relancer en apportant à nouveau du bois », explique Sophie Vanhoutvenne. Un sujet que connaît bien la nouvelle capitaine du Temps des cerises : membre active de Kalon Kleze, une association de reconstitution historique médiévale, elle pratique depuis plus de 15 ans la cuisine au feu de bois sur des camps installés pour des évènements. Cet hiver, elle a continué à préparer le traditionnel kig ha farz de l’institution. « Mais on sort de la saison des choux et je compte servir bientôt des cocos accompagnés de saucisses, du poulet au cidre, du jambon au pommeau, des salades en été… Et même des plats de banquet médiéval comme la limonia, un fameux poulet au citron et aux amandes et sa purée de pois cassés. »  

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