Ils déplacent leur troupeau pour la saison de pâturage

Dans un contexte foncier contraint, Nadia et Patrice Hamoniaux, installés à Créhen (22) en production laitière biologique, ont développé une alternative originale pour offrir de l’herbe à leurs 65 vaches laitières : la transhumance du troupeau vers un site propice au pâturage. La ferme de 115 ha de SAU doit composer avec de fortes contraintes. Coincé entre le bourg de Créhen et la mer, le site principal du Gaec Hamoniaux voit au fil des ans ses surfaces accessibles diminuer. En cause : une urbanisation croissante mais aussi la mer qui, lors des grandes marées, commence à menacer les marais de la ferme, des parcelles historiquement gagnées sur l’estuaire de l’Arguenon par la création de polders aujourd’hui en sursis. Les terres portantes autour de la stabulation facilitent le pâturage en intersaison mais elles sont séchantes et la pluviométrie locale est assez faible et irrégulière. Objectif : un maximum de pâturage Malgré cet environnement adverse, les éleveurs ont mis en place un système herbager extensif qui produit 420 000 litres de lait biologique avec une place prioritaire à l’herbe pâturée. Face aux contraintes structurelles du parcellaire et de la faible accessibilité, les éleveurs ont pratiqué plusieurs années les techniques d’apport d’herbe à l’auge pour finalement y mettre un terme : trop de charges, de temps. Cette expérience a renforcé leur conviction que le système devait évoluer tenant compte de son environnement. La ferme dispose d’un second site au lieu-dit « Talva » à l’opposé du bourg : un bloc de parcelles de 33 ha accessibles qui produisent de l’herbe en quantité et en décalage avec le site principal du Gaec : pourquoi ne pas y faire pâturer les vaches ? Des vaches à l’herbe plutôt que de l’herbe à l’auge Le site de Talva dispose de bâtiments qui abritent déjà les génisses du Gaec ainsi que des équipements nécessaires pour nourrir et loger le troupeau. En 2021 la décision est prise : les vaches iront y passer la saison de pâturage de mars à septembre : une salle de traite 2x7 d’occasion est installée avec un tank et quelques travaux de réhabilitation, pour un coût de 54 000 € et pas mal d’huile de coude. Cette évolution du système permet de réduire le coût alimentaire du troupeau, « nerf de la guerre en production laitière biologique ». Elle conforte les éleveurs dans leur choix d’un système herbager économe et résilient. Pâturer contre vents et marées À contrecourant de la tendance à la concentration des troupeaux laitiers, Nadia et Patrice Hamoniaux illustrent, par leurs choix techniques, leur volonté de conforter un élevage laitier à leur image, dans une zone littorale où la pression démographique tend à repousser l’agriculture vers l’intérieur des terres. Manuel Lacocquerie/Cerfrance Côtes d’Armor

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