Devenir mécanicien agricole en huit mois : c’est possible !

Chaque année au centre de formation agricole de la Bouëxière, une équipe passionnée encadre et conduit un groupe d’apprenants vers le Brevet technique des métiers en mécanique agricole (BTM-MA). Formation intensive répondant au manque chronique de personnel qualifié dans les garages ou les concessions. Dans une des salles de classe qui jouxtent l’atelier principal, les futurs mécaniciens agricoles ne perdent pas une miette du cours de Michel Peltier. Cet après-midi, ils enfileront la cotte et répareront des tracteurs… Pour le moment, le formateur détaille le rôle des capteurs dans le moteur diesel, énumérant l’impressionnante liste des mesures effectuées : « Ils permettent de contrôler la pression atmosphérique, mais aussi la température du gazole, même celle de l’air ambiant… Et pourquoi à votre avis ? Parce que s’il fait - 30° ou + 40 °C, ce n’est pas la même chose, répond-il lui-même à sa question. Le capteur prend donc en compte cette donnée pour adapter les paramètres d’injection afin d’améliorer le rendement du moteur et limiter la pollution ». Une boîte reste une boîte On est là au cœur de cette formation puisque sur 900 heures d’enseignement, plus de 500 heures sont consacrées aux cours de mécanique agricole et à leur mise en application à l’atelier. « Nous sommes une équipe de six formateurs, précise Loïc Gadebois, responsable du seul BTM-MA en Bretagne*. J’assiste Michel sur la partie mécanique et nos quatre collègues traitent de notions transversales : gestion, vente, management, anglais… ». Autant de cartes à jouer ultérieurement par ces futurs diplômés pour envisager un poste de responsable ou de chef d’atelier. « Cela dit, l’essentiel du parcours s’appuie sur les cinq modules de mécanique : système moteur diesel, électricité-électronique, transmission, hydraulique et climatisation. L’enjeu est d’abord d’apporter la base du fonctionnement des matériels agricoles pour que chacun ait accès à l’embauche, parce que même si la technologie se complexifie, un embrayage reste un embrayage, une boîte reste une boîte… Bien sûr, en fin de formation, on pratique des diagnostics informatiques sur des tracteurs récents. Ensuite, c’est au concessionnaire de former le mécanicien aux spécificités de sa propre marque ». Paradoxe Unique en Bretagne, la pertinence de la formation repose sur deux éléments : proposer en huit mois l’équivalent d’un parcours en alternance de deux ans (type apprentissage) et former les apprenants dans des conditions au plus près de la réalité du terrain. Michel Peltier le souligne à dessein : « Bien entendu, ils commencent par s’exercer sur des maquettes qu’on monte et redémonte, mais très vite, ils travaillent sur des tracteurs que des agriculteurs nous confient et dont le moteur est mort. On les refait de A à Z… avec obligation de résultat ! ». Le paradoxe veut qu’au moment où les concessionnaires et garagistes se battent pour recruter des mécaniciens, le centre de la Bouexière peine, lui, à trouver de nouveaux candidats. « Alors, avis aux amateurs », conclut Loïc Gadebois. Il profite au passage pour esquisser le profil du parfait futur mécano : « C’est une personne qui doit aimer les systèmes complexes, savoir poser un diagnostic et trouver des solutions afin d’être efficace dans la réparation. Il lui faut donc à la fois avoir de la logique et être habile de ses mains. » Pierre-Yves Jouyaux * Le BTM-MA n’est proposé que par 5 centres de formation en France. Contact EPLEFPA de Saint-Aubin-du-Cormier (35), Site de La Bouëxière Camille Travers : 02 99 62 62 62 ou 06 31 95 18 75 camille.travers@educagri.fr

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