- Illustration L’industrie entre périls et opportunités
Dans les filières agroalimentaires, l’explosion des factures d’énergie achève de mettre à mal les trésoreries des entreprises.

L’industrie entre périls et opportunités

L’explosion des prix du gaz et de l’électricité fragilise les entreprises en plein travail sur leurs budgets 2023. Au-delà de l’urgence à court terme, la crise pourrait être une opportunité pour accélérer sur la transition écologique.

« Aujourd’hui nous devons faire des budgets et des tarifs pour 2023, nous en sommes incapables ! », a déploré le président de La Coopération agricole, Dominique Chargé, lors du colloque Agrofinance, organisé par Agrapresse au Sial. Après une année 2022 marquée par l’inflation généralisée de toutes leurs charges, l’explosion des factures d’énergie achève de mettre à mal les trésoreries des entreprises. D’autant que, dans l’attente de décisions européennes, les professionnels peinent à avoir de la visibilité sur l’évolution des prix.

Des hausses non répercutées par Égalim

La société spécialisée dans les produits de boulangerie et de snacking Novepan a, par exemple, vu sa facture d’électricité multipliée par six depuis le début de l’année. Des hausses que les renégociations commerciales successives n’ont pas permis de répercuter suffisamment. « Égalim 2 est un progrès, mais sur l’énergie, il n’y a aucune écoute, affirme le directeur général de l’Ania, Mickaël Nogal. Il n’est pas normal qu’une situation qu’on subit ne puisse pas donner lieu à une négociation ». Pour contraindre la distribution à répercuter, l’Ania souhaite que l’énergie soit comprise dans la part du tarif sanctuarisé, au même titre que la matière première agricole.
Au-delà du péril immédiat, certains industriels voient dans la crise une opportunité pour accélérer sur la transition énergétique. « Ce que l’on vit actuellement est un catalyseur. Si le prix de l’énergie reste à ce niveau, on prendra des décisions beaucoup plus vite », a déclaré Ludovic Spiers, le directeur général d’Agrial, estimant que les entreprises agroalimentaires s’inscrivent aujourd’hui dans schéma de « rupture » et non plus « d’adaptation ». « On va faire en trois ou quatre ans ce qu’on prévoyait de faire en quinze ans », assure-t-il. Le groupe coopératif a investi récemment dans un « gros projet » de géothermie sur l’une de ses usines en Angleterre. Chez Avril, on perçoit aussi cette période comme « une occasion de se repositionner sur les choix stratégiques » de l’entreprise, affirme son directeur Arnaud Rousseau, « raisonnablement optimiste » sur les résultats du groupe cette année. 

Investir en amont pour la transition écologique

« Le rôle des entreprises alimentaires est aussi d’investir en amont pour la transition écologique », soutient Serge Zaka, chercheur en agroclimatologie chez ITK. Il rappelle que, sur une assiette de nourriture, 66 % de la pollution est liée à la production agricole. Reste que la transition écologique a un coût, l’Ania travaille sur une estimation du surcoût de la transition écologique pour les entreprises.

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