- Illustration « Pas de production sans rémunération »
Jean-Pierre et Stéphane Daniel ont présenté leur système à Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture ; au centre, Erwan Balanant, député de la 8e circonscription.

« Pas de production sans rémunération »

Marc Fesneau était samedi sur la ferme laitière de Jean-Pierre et Stéphane Daniel. L’occasion pour le ministre de l’Agriculture d’aborder les principaux dossiers avec la profession.

Une escapade de la Rentrée du Modem, qui se déroulait à Guidel, a conduit le ministre de l’Agriculture à découvrir le Gaec de Branderien et ses 150 laitières sur 190 ha, à Arzano (29).

65 000 vaches de moins

Au cours de la visite du troupeau, Jean-Pierre Daniel n’a pas tardé à aborder le sujet qui taraude tous les éleveurs : le prix du lait. « Nous sommes payés 438 €/1 000 L pendant que nos voisins européens perçoivent 100 € de plus aux 1 000 L », a-t-il rappelé au ministre tout en regrettant que certaines laiteries « tirent sans cesse les prix vers le bas ». Le ministre est conscient que « s’il n’y a pas de rémunération, il n’y aura pas de production ». Il ajoute : « Le prix, c’est la souveraineté ; et la souveraineté a un prix ». Lors d’une table ronde avec la profession, Claude Guisquet, coprésident de la section laitière de la FDSEA 29, a rappelé que « l’Ouest a perdu 65 000 vaches en 18 mois. Il s’agit d’une décapitalisation massive. Il s’agit surtout d’un échec pour la filière laitière de laisser partir des éleveurs de 40 ans faute de rémunération ». Véronique Le Floc’h, Coordination rurale, s’appuyant sur la méthode EMB, calcule qu’il « ne reste que 8 €/1 000 L pour rémunérer les éleveurs. Un chiffre à comparer aux 44 €/1 000 L allemands et 110 €/1 000 L irlandais. Sans compter qu’en France l’investissement net est négatif compte tenu de la dépréciation des outils ; ce qui n’est pas engageant pour l’avenir ».

Sécheresse et trésorerie

La sécheresse a été l’autre sujet-phare abordé. « Nous avons arrosé notre maïs grâce à une réserve qui existe sur la ferme depuis 25 ans », a expliqué Stéphane Daniel, relevant que « les deux arrosages ont permis de conforter le rendement ». Un exemple on ne peut plus démonstratif sur l’intérêt pour les agriculteurs de pouvoir faire des réserves d’eau collinaires… et irriguer. Loin de trancher un débat aussi épidermique que la constitution de réserves, l’heure est à la gestion de « l’urgence » comme l’a évoqué Marc Fesneau. « L’épisode de sécheresse est une affaire de trésorerie. La Pac répondra partiellement à cet enjeu puisque l’avance qui arrive le 16 octobre représentera un montant supplémentaire de 1,5 milliard d’euros par rapport à 2021. Concernant les calamités agricoles, et en particulier sur les prairies, notre objectif est d’accélérer le processus. C’est-à-dire régler le dossier pour la fin de l’année. »

Nécessité de répercussion

« L’augmentation des coûts primaires doit se répercuter sur l’ensemble de la chaîne », a insisté le ministre de l’Agriculture ; «  Quand le lait est à 0,65 €/L en grande surface, ce n’est pas possible que l’agriculteur gagne sa vie ». Et de conclure : « La continuité de la chaîne alimentaire, c’est la rémunération ».

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