Stocker

« Continuez, continuez, il n’y a pas pour les peuples d’Europe d’autre avenir que dans l’union ». L’Europe semble avoir fait sienne la maxime de Jean Monnet en décidant de rendre obligatoire le remplissage à 90 % des réservoirs souterrains de gaz avant l’hiver prochain. Mais ce que les Vingt-Sept sont capables de faire dans le domaine de l’énergie le seront-ils en matière d’alimentation ? Il y aurait pourtant nécessité car l’Europe ne dispose actuellement que d’une cinquantaine de jours de stock en céréales. Plus prudente, ou mieux informée des intentions du dictateur russe, la Chine a pris ses précautions en surstockant. Elle détient aujourd’hui près de la moitié des disponibilités de céréales de la planète alors que le pays ne représente que 13 % de la population mondiale. Le discours offensif d’une « Europe qui va nourrir le monde » repose en fait sur une certaine fragilité puisque que l’UE est importatrice nette de 10 % des calories qu’elle consomme. Or, quand les responsables politiques évoquent la souveraineté alimentaire, c’est à l’autosuffisance qu’ils pensent. En 2023, le solde devrait être encore plus négatif. La faible disponibilité des engrais et leur prix prohibitif inciteront les agriculteurs à les utiliser avec parcimonie. Sauf à déployer les moyens pour réduire la perte des fertilisants dans l’environnement – estimée à 50 % ! –, il risque de manquer des quintaux de blé dans les remorques pour la moisson 2023. Car les engrais organiques produits par l’élevage ne remplaceront jamais l’azote minéral qui représente 95 % des unités commercialisées chaque année en France. Sur ce plan, la Bretagne est protégée par le bouclier de l’élevage : près de 2/3 de l’azote épandu sur les terres de la région est d’origine animale….

Cet article est réservé
aux abonnés numériques

Je me connecte

Already a member? Connectez-vous ici

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article