Prendre le problème des boiteries à bras-le-corps

Peu après le passage en logettes, la dermatite digitale s’est invitée provoquant de nombreuses boiteries. Après des actions de parage curatif répétées et la mise en place d’un traitement collectif régulier, la situation est sous contrôle. Dans un souci de maîtrise de la qualité du lait, Sophie Autret et Thierry Le Roux, éleveurs à Guiscriff, ont abandonné l’aire paillée durant l’hiver 2013-2014 pour passer en logettes. Même si les associés n’ont jamais acheté un animal à l’extérieur, la dermatite digitale a, peu à peu, fait son apparition. Jusqu’à se généraliser et causer de nombreuses boiteries avec des pertes de production laitière associées. Le pédicure David Barrière a alors été appelé à la rescousse en décembre 2015. « À l’époque, quand on levait dix pieds, on trouvait huit lésions. Souvent importantes, rouges, douloureuses et contagieuses pouvant dégénérer en ouverture de la ligne blanche », se rappelle le spécialiste. Pour contenir l’incendie de cette flambée, celui-ci passait sur la ferme trois fois par mois pour voir de deux à dix vaches. « Nous voulions être réactifs. Dès que nous repérions une boiterie ou même un défaut d’aplomb ou de posture, le pied devait être levé rapidement. Une boiterie, c’est comme une mammite, on la voit, on la soigne. Pas question de laisser traîner ! », explique Thierry Le Roux. 1 € par vache et par mois de traitement Sur les pieds levés, les lésions étaient soignées avec du gel Hoof-Fit et un pansement retiré trois jours plus tard. « Nous constations 80 à 85 % de guérison. Le produit était donc efficace chez nous mais pas adapté pour un traitement collectif régulier », raconte Thierry Le Roux qui ne voulait surtout pas gérer un pédiluve. Rapidement, le distributeur du produit lui a proposé de tester une pompe à spray pour faciliter l’application directement en salle de traite. « Ce protocole nous a tout de suite convenu et nous avons investi 1 000 € pour cet appareil qui a sans doute été amorti en un an grâce à une application plus simple et plus fine du produit par rapport au pulvérisateur à main. » Désormais, toutes les deux semaines, pendant quatre traites consécutives, tous les pieds préalablement lavés au jet d’eau sont traités sur les quais. « Pour 110 vaches, il faut compter un bidon de 20 L par mois. En gros, cela coûte 1 € par vache et par mois. » Une visite mensuelle pour 10 à 15 vaches À force, cet engagement des éleveurs et du pareur a porté ses fruits. D’une certaine manière, ils ont réussi à gagner du terrain sur la dynamique de la pathologie dans le cheptel. Cela a permis de basculer d’une prise en charge de boiteuses essentiellement à une gestion des pieds par lot où bien sûr les animaux souffrant sont vus mais aussi d’autres en fonction de leur stade physiologique. Pour ce type d’approche préventive, les spécialistes recommandent généralement de voir toutes les vaches juste avant le tarissement. Au Gaec de Bonizac, pour une question d’organisation, lors de sa visite mensuelle, David Barrière voit systématiquement tous les animaux démarrant une lactation, à partir de 15 jours après le vêlage. « qu’il y ait une lésion à soigner ou pas, le parage fonctionnel permet de rétablir de bons aplombs pour que chaque animal se sente bien sur ses pattes pour grimper vers son pic de lactation », explique-t-il. Avant de poursuivre : « On a tous des limites physiques. Dans une réunion qui s’éternise, notre attention finit inévitablement par baisser. Pareillement, on ne travaille pas de la même façon sur un chantier de 15 ou de 130 vaches. Sur un effectif réduit, naturellement, le pareur sera plus minutieux. Or, dans notre métier, la précision fait la différence. » David Barrière tente de convaincre sa clientèle d’entrer dans ce schéma de rendez-vous condensés très réguliers. Pour conclure, il résume : « Le travail par petits lots est moins stressant pour les vaches bloquées moins longtemps, pour l’éleveur qui ne perd pas la journée et donc pour le pareur. Tout le monde est gagnant. »

Prendre le problème des boiteries à bras-le-corps

Gaec de Bonizac, Guiscriff (56)

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