10145.hr - Illustration S’adapter aux besoins de la filière bio
Les associations, ici fèverole et triticale, sont plébiscitées en AB pour leur rusticité.

S’adapter aux besoins de la filière bio

Dans le Grand Ouest les surfaces biologiques sont à 70 % encore consacrées aux fourrages mais les cultures annuelles progressent en réponse à des besoins de collecte en constante évolution.

La France est devenue en 2020 le premier pays d’Europe en termes de surfaces consacrées aux grandes cultures biologiques. Sur les quelque 160 000 hectares conduits selon le mode de production bio en Bretagne, on estime que les grandes cultures occupent aujourd’hui environ 30 000 ha. Les assolements de cultures bio se distinguent du conventionnel par une plus grande diversité d’espèces ainsi qu’une présence plus importante des légumineuses souvent cultivées en association avec des céréales. Si les prix restent stables en comparaison de la volatilité des marchés conventionnels, la production bio est plus sensible à l’aléa climatique, ce qui rend la collecte particulièrement fluctuante.

Des besoins de collecte qui évoluent

La majorité des cultures bio bretonnes sont traditionnellement destinées à la fabrication d’aliment de bétail (60 % de la collecte). Néanmoins on observe depuis quelques campagnes, un glissement de ces assolements « fourragers » vers des cultures bio à destination des marchés de l’alimentation humaine : meunerie (blé, seigle épeautre, avoine de floconnerie) et autres filières (légumes industrie, lentilles, pois chiche…). Les marchés « alimentation humaine » en AB offrent des perspectives de valeur ajoutée intéressantes, pour des exploitations disposant de surfaces foncières limitées. En contrepartie, les exigences de qualité de ces marchés sont aussi supérieures et les risques de déclassement non négligeables.

Identifier et gérer les contraintes techniques

La maîtrise des adventices, dans le contexte climatique régional, constitue un enjeu majeur et reconnu de la réussite des cultures annuelles en AB. La fertilisation, facteur de production déterminant, fait souvent défaut sur les cultures d’automne biologiques. Sur ce point encore de nouvelles règles d’usage des fertilisants UAB portées par le règlement bio, doivent être appréhendées. La disponibilité et la qualité des semences constituent également un frein technique à la réussite de certaines cultures. Dans un contexte d’usage important de semences fermières, une attention toute particulière est à apporter à la qualité sanitaire des grains utilisés. La filière végétale biologique offre donc des perspectives intéressantes de valeur ajoutée, mais nécessite de diversifier les systèmes de cultures bio et de faire preuve d’une solide capacité d’anticipation et d’adaptation.

Impact du nouveau règlement bio européen

Les évolutions du nouveau règlement bio européen 2019/848 modifient indirectement la collecte et les emblavements bio. De nouvelles contraintes sur la formulation des aliments bio destinés aux monogastriques poussent les collecteurs bio à limiter l’usage de protéagineux comme la féverole et le pois dans la fabrication d’aliment. Par anticipation, depuis plusieurs campagnes les surfaces en protéagineux sont en forte baisse, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’équilibre agronomique de systèmes de culture souvent déficitaires en azote. Dans le même temps, on observe une demande croissante de surface en colza bio, culture encore marginale dans les assolements. 

Manuel Lacocquerie / Cerfrance Côtes d’Armor


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