Mercuriales

Les illusionnistes de l’été se sont ramassés. Ceux-là même qui s’extasiaient du « rebond exceptionnel » de la consommation après le confinement. Ceux-là même qui tentaient de persuader qu’une baisse de PIB de 8 ou 9 points n’était finalement qu’un coup de mou passager. Aux indicateurs économiques « officiels » sans cesse corrigés, d’autres indicateurs plus discrets, directement issus du terrain, affichent sans fard la vérité de la situation. Ainsi, chaque semaine, les mercuriales – mot hérité de Mercure, le dieu des marchands – de Paysan Breton constituent un bon baromètre économique. Et que lit-on depuis quelques semaines ? Qu’économiquement, la France rentre dans le dur et que l’agriculture, qui s’est un temps crue à l’abri, ne sera pas épargnée par la Covid-19.

En témoigne le marché du jeune bovin complètement déprimé ; celui du broutard qui souffre de la panne du moteur d’exportation italien ; quant à la réforme laitière, elle est sous pression des industriels eux-mêmes confrontés à une consommation frileuse. Enfin, le veau de 8 jours fait l’objet de prix dérisoires : certains petits noirs… partent au prix d’un « petit noir » pris place l’Opéra à Paris. Intolérable.
Comme à chaque fois, les macro-économistes ont leur solution d’une simplicité désarmante : réduire le cheptel. Faute de débouché pour une grande partie du million de broutards exportés chaque année, il faudrait « rééquilibrer » le cheptel allaitant et réserver le marché de la viande bovine au sous-produit du lait : les vaches de réforme. A ce jeu-là, l’abattage des 129 000 vaches allaitantes bretonnes qui représentent seulement 3 % de la production nationale ne suffirait pas… Et quid de l’aménagement du territoire et des défis environnementaux intimement liés au maintien des prairies.


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