Une situation, 2 analyses

 - Illustration Une situation, 2 analyses
La lettre ouverte des Z’Homnivores bretons (1) adressée au président de la République suscite une réaction de la Confédération paysanne régionale. Interface du débat agricole, Paysan Breton met face à face deux conceptions du « monde d’après ».

Les Z’homnivores : «Libérer la compétitivité»

La crise actuelle nous rappelle toute l’importance pour la France de disposer d’un appareil productif alimentaire performant et compétitif pour reconquérir pleinement notre autonomie. L’alimentation n’est pas un secteur d’activités comme les autres.
Alors que la nécessité de l’autonomie alimentaire s’impose comme une évidence à tous les Français confinés, les alertes répétées avec beaucoup de bon sens paysan sont restées jusqu’à ces derniers jours sans écho. Le moment particulier que nous vivons nous apprend qu’il est délétère d’opposer qualité et quantité. La clé est dans une diversité assumée. Chaque modèle doit aller vers son excellence. Mais il n’y a pas plus de système unique de production qu’il n’y a de besoin unique des populations.
Depuis des années, à force d’une constante surenchère réglementaire et d’une grande permissivité face aux attaques idéologiques visant nos productions agricoles et alimentaires, nous avons affaibli la capacité de notre pays à produire sa propre alimentation.
Préserver l’outil productif alimentaire de la France, c’est protéger les Français. Dans cet objectif, nous vous remercions, Monsieur le Président, de bien vouloir prendre des dispositions pour :
– Protéger les agriculteurs et les entreprises alimentaires françaises contre les organisations qui les attaquent impunément au nom d’une idéologie radicalisée.
– Libérer la compétitivité française : les contraintes de la surréglementation asphyxient lentement mais sûrement la production et la conduisent à une perte de compétitivité et d’efficacité. Et là encore nous pouvons pointer un paradoxe français : affaiblir la production nationale, c’est nous exposer à la dépendance alimentaire et aux importations massives de produits obéissant à des standards de qualité, ainsi qu’à des règles environnementales et sanitaires inférieures au niveau d’excellence français.

Confédération Paysanne : « Reconsidérer la souveraineté alimentaire »

Certes, « la nécessité de l’autonomie alimentaire s’impose comme une évidence ». C’est un objectif que nous partageons. Sauf que notre modèle agricole français est archi dépendant des multinationales qui maîtrisent le marché des semences, des engrais, des produits phytosanitaires et pharmaceutiques et celui, gigantesque, des aliments du bétail. Or, c’est bien la logique libérale d’une agriculture compétitive, productive et efficace qui a construit cette dépendance économique de nos filières. C’est aussi ce système qui broie et asservit des agriculteurs en souffrance. Il est mensonger d’accuser « les contraintes et la réglementation ». En fait, celles-ci n’existent que parce que les responsables politiques et agricoles se sont cramponnés à leurs certitudes du passé. Il leur a simplement manqué cette vision d’une agriculture en phase avec les enjeux vitaux de notre monde actuel.

Si l’autonomie alimentaire vaut pour la France, elle vaut tout autant pour tous les autres pays de la planète. Dans cet esprit, la reconquête du marché intérieur est effectivement un principe fondamental. Et par conséquent, il nous oblige à reconsidérer nos exportations aux seuls besoins des populations étrangères qui ne peuvent accéder immédiatement à l’autosuffisance. Pour cela, la production de biens alimentaires doit sortir des accords de libre-échange et de la logique des marchés. Ensuite, les politiques agricoles doivent prioritairement favoriser les paysans de chaque région du monde à produire l’alimentation de leurs concitoyens. Si la souveraineté alimentaire signifie la capacité à produire notre alimentation, elle suppose donc l’interruption rapide des importations de maïs ou de soja venus d’Amérique du Sud. Nous savons bien que notre modèle agricole est, pour partie, responsable de la déforestation, de la perte de biodiversité et du dérèglement climatique.

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(1) Produit en Bretagne, ABEA, UGPVB, Interbev Bretagne, Agriculteurs de Bretagne.


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