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Eurodéputés et PAC : Non-assistance à agriculteurs en danger ?

Alors que la Commission a lancé le processus de consultation préalable pour définir la PAC post 2020 et que ses premières orientations seront annoncées en novembre prochain, le groupe des eurodéputés PPE au Parlement européen vient de recommander le statu quo et le report de la réforme de la PAC à après 2024.

Pour eux, les incertitudes sur le Brexit et les prochaines négociations budgétaires nécessitent un report des discussions. Cette volonté de statu quo interroge d’autant que les situations de crise que connait un grand nombre d’agriculteurs montrent à l’évidence que le cadre actuel de la PAC n’est pas adapté.

Pour ne prendre qu’un exemple, les producteurs européens s’apprêtent à percevoir 130€ par tonne pour le blé qu’ils viennent de moissonner auquel il faut ajouter environ 30€ d’aides découplées, là où leurs homologues chinois et indiens recevront respectivement 360$ et 320$ par tonne.

Aux Etats-Unis, grâce aux aides contracycliques, c’est 202$ par tonne qui sont garantis. Et même la Russie renforce ses interventions sur les marchés céréaliers avec l’annonce d’un prix d’achat public à 181$ pour le blé meunier. L’Union européenne est à contre-courant ! Faut-il rappeler que la dernière réforme a été négociée sur la base d’hypothèses de prix élevés qui ont été depuis largement démenties ?

Les eurodéputés invoquent également « la fatigue des réformes » et le besoin de stabilité politique des agriculteurs. Mais ce qui « fatigue » les agriculteurs, c’est une politique agricole qui les affaiblit. Ils sont plutôt lassés des réformes ultra-libérales que l’Europe continue de s’imposer pour conserver sa place de bon élève de l’OMC. Et ce qu’ils veulent, c’est une politique qui leur assure une meilleure stabilité des revenus.

Le cycle de Doha est en mort clinique. L’Europe devrait au contraire en prendre acte et chercher à relancer un nouvel ordre multilatéral basé sur la coopération entre politiques agricoles stabilisatrices et durables.

Par cette annonce inédite, le PPE fait le pari d’une réforme avortée, avant même que la négociation ait pu s’engager.

Après s’être battus pour que le Parlement européen ait voix au chapitre sur les sujets agricoles ce qui est chose faite depuis le Traité de Lisbonne, les eurodéputés conservateurs ne mettent pas en œuvre l’action politique qu’ils sont désormais en capacité de mener. Par leur position, ils alimentent encore un peu plus le sentiment de désenchantement à l’égard du projet européen.


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