- Illustration Pendant la pandémie, Matt Hendel se concentre sur l’élevage
Matt Hendel et son frère Karl conduisent un troupeau de 400 vaches laitières et vendent des embryons à haute valeur génétique partout dans le monde.

Pendant la pandémie, Matt Hendel se concentre sur l’élevage

Matt Hendel est éleveur dans l’État du Minnesota. Alors que de nombreux éleveurs américains ont été contraints de jeter du lait en avril, sa laiterie continue de tout collecter depuis le début de la pandémie. Mais sa ferme n’échappe pas aux difficultés pour autant.

Éleveurs depuis trois générations à Caledonia (Minnesota), Matt Hendel est associé à son frère Karl. Ils dirigent « un petit atelier » de 400 vaches au cœur d’une région laitière dynamique. Dans les collines locales, l’exploitation compte 400 hectares de surfaces fourragères en herbe, luzerne et maïs. Une dizaine d’employés y travaillent, principalement à temps plein.

La vie au ralenti en pleine pandémie

Depuis mars, le quotidien de l’équipe a été affecté par la pandémie. Le pays est actuellement le plus touché au monde, avec déjà plus de 80 000 décès. « Dans le Mid-Ouest, nous sommes tout de même chanceux car le coronavirus est peu présent. Dans un rayon de 50 km autour de nous, une centaine de cas peut-être ont été détectés. Un seul dans un rayon de 30 km », rassure Matt Hendel. Mais dans cette région faiblement peuplée (Minnesota et Wisconsin), tout tourne au ralenti. « Nous sommes bien sûr inquiets de ce qui se passe à l’extérieur. Il y a très peu de circulation. Nous ne pouvons rien faire, pas bouger… Le confinement est difficile à vivre pour beaucoup de familles », rapporte l’éleveur qui apprécie d’avoir l’esprit occupé par le travail, de faire ce qu’il aime, concentré sur l’élevage.

Lait et embryons toujours vendus

Dans cette période compliquée, Matt Hendel parle davantage avec ses employés. « Je les informe. Tout le monde a peur et fait attention. » Pour se protéger, le port de masques, gants et combinaisons est de rigueur. Le mot d’ordre est de restreindre au maximum les visites sur la ferme. « Pour limiter le risque de contagion, nos partenaires s’adaptent et développent leurs activités par téléphone ou par Internet. On s’aperçoit, pour l’avenir, que même à distance, les services sont efficaces. » Et l’Américain constate que les prestataires qui doivent tout de même passer sur place sont « rodés pour éviter tout contact ». Il y a quelques jours, par exemple, le pareur est venu s’occuper d’un lot d’animaux. Il n’a eu accès qu’à un périmètre très réduit de l’exploitation, à distance de tout le reste.

Comme en Europe, le marché domestique a été chamboulé par la fermeture de la restauration hors domicile. La filière laitière a été fortement impactée : « Des entreprises ont brutalement demandé de réduire les livraisons. Beaucoup d’éleveurs ont jeté du lait », raconte Matt Hendel. « Heureusement, pas nous. Nous sommes très chanceux car Prairie Farms, notre coopérative, a toujours besoin de notre lait. Celle-ci continue à collecter ses adhérents et à valoriser leurs volumes notamment vers le commerce de détail en magasins où les gens confinés s’approvisionnent. »

Enfin, du côté du commerce de la génétique, pour cet élevage à haut potentiel, la demande ne semble pas trop perturbée. « Nous distribuons des embryons partout dans le monde. Les produits d’entrée de gamme se vendent peut-être un peu moins cher en ce moment. Mais la valeur de la meilleure génétique demeure stable. Les délais de livraison sont simplement allongés pour certaines destinations comme la Japon. »

Contraints d’être toujours plus compétitifs

« En février, notre lait était payé autour de 400 € / 1 000 L et nous faisions du profit. Mais il est retombé à 260 € / 1 000 L pour les mois d’avril, mai, juin : c’est-à-dire équivalent à la crise de 2009 », rapporte Matt Hendel. Même si l’État a débloqué des milliards de dollars pour soutenir son agriculture (soutien aux fermes contraintes de jeter du lait, aides contracycliques, achat de produits laitiers à destination de l’aide alimentaire), l’éleveur pense que la filière va profondément souffrir. « Après quatre ans de prix du lait bas, nous avons eu une éclaircie de 4 mois cet hiver pendant lesquels nous étions bien rémunérés. Depuis mars, tout a plongé. Bien sûr, les aides du gouvernement aident. Mais je pense que cette période très compliquée va pousser de nombreux producteurs à quitter l’activité… » Face à ces nouvelles difficultés, Matt Hendel ne voit pas de solution miracle. « Nous allons, comme toujours, essayer de nous adapter en prenant encore mieux soin de nos vaches et en faisant du meilleur boulot dans les champs pour être encore plus compétitifs… »


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