- Illustration Des loups aux agneaux
La chèvre des Pyrénées est une race à faible effectif.

Des loups aux agneaux

Ancienne dresseuse de loups, Anna Casazza élève désormais des chèvres et des moutons de races anciennes à Langonnet. Les premiers fromages sont déjà sur les étals des marchés locaux.

Bienvenue à la longère du Castel à Langonnet. Trois chiens-loups, à l’entrée, dans un parc, assistés de deux Borders collies et d’un berger des Pyrénées, dans leur chenil, montent la garde, dans un concert d’aboiements. « Ils ne sont pas méchants », rassure la nouvelle bergère en découvrant mon regard rivé sur les fauves et leur clôture, à première vue bien frêle. « Ce sont des bergers allemands croisés avec des loups ». Évidemment, de quoi donc m’inquiétais-je… L’un des mâles serait même stérilisé et le trio, craintif… « Mes deux loups, je les ai placés à Langoëlan, chez une personne qui accueille des animaux », ajoute-t-elle, pour achever de me mettre parfaitement à l’aise…

[caption id=”attachment_45323″ align=”aligncenter” width=”720″] Anna Casazza et Guillaume, son conjoint[/caption]

Clips de rap

Anna Casazza n’est pas encore trentenaire mais a une solide expérience des relations avec les animaux. Sauvages essentiellement. Après une formation précoce dans le domaine du cheval, elle a travaillé six années pour une entreprise de dressage, dans la région parisienne, avec différentes espèces, des rapaces, des singes et, bien sûr, des loups, sa grande passion. Jamais de grands félins, ni d’ours. « Je ne les sentais pas ; les loups, c’est cool… Je les dressais pour le cinéma, pour des séances photos, pour des clips de rap. C’était assez varié ». 80 animaux, mis à contribution pour la société du spectacle. « Les réalisateurs passaient commande auprès de l’entreprise. Après, on se débrouillait ». Une seule prise, pour ne pas frustrer l’animal. « Mon rôle était de faire en sorte que tout se passe bien sur le plateau pour les animaux, qu’on ne leur en demande pas trop, pour les mettre dans de bonnes conditions ». Avec parfois quelques sensations fortes. « Quand une rue est bloquée pour filmer, la tension monte vite. Une prise manquée, un loup qui s’agace et s’échappe… Heureusement, les poubelles attirent… Je l’ai retrouvé en train de fouiller des couches de bébés. Il y en avait partout… ». Les singes, facétieux, n’acceptent leur rôle qu’en échange d’un cadeau. « Mais quand on passe trois heures à l’habiller… ».

Un loup en ville

Ces répétitions finissent par la lasser. « Les demandes n’étaient pas toujours respectueuses de la nature de l’animal ». Elle quitte le métier mais conserve ses deux loups qu’elle promène parfois en ville. « Oh, regarde maman, un loup ! – Mais non chéri, ça ne peut pas être un loup ; c’est un gros chien ». Deux loups du Canada, précise Anna : « Contrairement aux loups européens qui ont la peur de l’homme ancré dans leurs gènes, les loups canadiens sont moins craintifs car, dans leurs grands espaces, ils étaient moins confrontés à notre espèce ». Un noir et un gris qu’elle visite de temps en temps dans leur ferme refuge de Langoëlan. « Ils sont contents de me voir mais leur indépendance reprend vite le dessus. Ils sont tout aussi contents de me voir partir ».

Reconversion

C’est donc sans regret que l’ancienne dresseuse parisienne s’est convertie en paysanne des Montagnes noires. Après avoir commencé sa carrière d’éleveuse, il y a trois ans, dans le Gers. « Je suis originaire de Saint-Malo et je souhaitais m’installer en Bretagne, avec mes 40 chèvres Pyrénéennes et mes 80 brebis Landaises. Le plus dur a été de convaincre mon conjoint Guillaume, fils de chevrier des Alpes-Maritimes, qui avait des doutes sur le climat breton… ». Quelques séjours en vacances, pas trop pluvieux, et les voilà à Langonnet où ils achètent une longère, un hangar et une vingtaine d’hectares de prairies. L’idéal pour leur projet, au niveau technique et financier. L’an dernier, Anna a vendu ses premières terrines et rillettes de mouton. La traite manuelle des chèvres a débuté fin février ; le laboratoire était prêt pour la fabrication des fromages. Des produits de longue conservation qu’elle vendra essentiellement sur les marchés de la côte bretonne. « Nous n’avions pas les moyens d’acheter une habitation et des terres en zone touristique. Je me déplacerai pour proposer mes produits ». Loups et chiens-loups, désormais âgés, vont, à n’en pas douter, s’effacer dans l’esprit de la jeune éleveuse, au profit des chevrettes et des agneaux, bien plus faciles à élever… 

[caption id=”attachment_45325″ align=”aligncenter” width=”720″] Le mouton Landais est l’une des plus anciennes races de France.[/caption]

Des couleurs variées chez les chèvres et les moutons

La chèvre des Pyrénées est une race à faible effectif qui a failli disparaître dans les années 80. Sauvée par une poignée de passionnés et par des structures telles que l’Inrae et la Région de Midi Pyrénées, elle a été reconnue officiellement dans les années 90. Rustique, la chèvre des Pyrénées entretient les territoires de montagne, tout en générant des produits de qualité (fromages et viande de chevreau). Aujourd’hui, la race bénéficie d’un regain d’intérêt. En 2014, plus de 4 000 chèvres pyrénéennes ont été recensées et de jeunes éleveurs s’installent chaque année. Le mouton Landais est l’une des plus anciennes races de France. De petite taille, il est élevé pour sa laine et sa viande. Ses membres sont fins et élancés, caractéristiques des animaux bons marcheurs. Leur laine est épaisse, dense, riche en feutre et de couleurs très variées avec toutes les nuances de blanc, gris, noir et brun. La race compte 3 000 moutons.


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