- Illustration “Lever les pieds, une habitude à prendre”
Dans un élevage où l’entretien des pieds fait partie de la routine de l’élevage, Halbe Rosema réalise avant tout du parage fonctionnel.

“Lever les pieds, une habitude à prendre”

« Lutter contre les boiteries, cela fait partie du métier d’éleveur », estime Ronald Lauwen, du Gaec Goazilliou à Plounévez-Quintin (22). Toutes les semaines, ils lèvent des pieds. Une fois par an, il reçoit le pareur.

Aujourd’hui, le pédicure bovin Halbe Rosema passe sa journée au Gaec Goazilliou, chez Miranda et Ronald Lauwen. Il va lever les pieds d’une bonne partie du troupeau de 125 vaches. Ici, la locomotion est plutôt bonne. Pour preuve, la fréquentation des robots de traite. « La stalle la plus récente – une Lely A5 – observe 2,8 traites et 3,5 refus par vache par jour en moyenne. Cela signifie que les animaux se déplacent bien », apprécie Ronald Lauwen qui s’est installé avec son épouse à Plounévez-Quintin (22) en 2005 après une carrière de technicien chez un fabricant d’aliment aux Pays-Bas.

Formé au parage à l’école d’agriculture de son pays d’origine, le Breton d’adoption est sensibilisé à la question des boiteries. Au départ, il s’occupait des pieds en salle de traite, en intervenant sur des lots d’animaux. Puis il a installé une cage il y a quelques années. « Depuis que nous avons opté pour la traite robotisée, je constate que les animaux y entrent bien plus facilement », apprécie-t-il.

Vite agir pour mieux guérir

Bien organisé, il a évolué vers une approche protocolaire de la santé des pieds. Chaque semaine désormais, il intervient sur quelques vaches (voir encadré). « On peut toujours se dire qu’on a pas le temps… Mais c’est une habitude à prendre. Maintenant j’opère de façon ponctuelle mais plus régulièrement. »
Généralement, le producteur de lait taille les onglons, en prévention, au moment du tarissement. « Il gère également les urgences en posant un pansement ou une talonnette si nécessaire. Ainsi, en intervenant très tôt, la vache est soulagée et la guérison est plus rapide », souligne Halbe Rosema. Ce dernier visite l’élevage depuis l’installation du premier robot en 2015 et estime que l’état des pieds a tendance à s’améliorer.

Le pâturage qui a un effet bénéfique sur les onglons, leur propreté notamment, a été abandonné il y a trois ans. Avec des vaches toujours en bâtiment, Ronald Lauwen prend davantage de précautions. « Je racle les couloirs d’exercice avec un automoteur équipé d’une lame deux fois par jour. Depuis deux ans, toutes les trois semaines, après la distribution de la ration mélangée, je traite les pieds des vaches installées au cornadis avec une solution de Hoof Fit à l’aide d’un pulvérisateur. »

[caption id=”attachment_44500″ align=”aligncenter” width=”720″] Séduits par la Bretagne, Halbe Rosema, éleveur, pareur et formateur, et Ronald Lauwen, se sont installés dans les Côtes d’Armor.[/caption]

Pour son intervention annuelle, le pédicure réalise surtout du parage fonctionnel qui consiste avant tout à rééquilibrer les onglons. Au cours de la journée, il mène tout de même un certain nombre d’actions curatives pour des cas de fourchet, de dermatite digitée, d’ulcère, de nécrose de la ligne blanche notamment. « Ici, on a typiquement des pieds de vaches évoluant sur caillebotis. Les onglons ne sont pas très longs car il y a une bonne usure sur le sol. » Ronald Lauwen est d’ailleurs très satisfait de ses derniers caillebotis prérainurés importés de Belgique sur lesquels les animaux glissent beaucoup moins.
« Difficile d’éviter le fourchet en logettes – caillebotis »

Halbe Rosema profite de la discussion pour partager son ressenti d’observateur privilégié. « Les éleveurs ne parlent que de la dermatite digitée car les lésions sont visibles, très douloureuses et provoquent de fortes boiteries. Mais ils ignorent trop souvent le fourchet, le véritable malheur de beaucoup de leurs animaux. » Très répandue, cette infection de l’espace interdigitée abîme la corne des deux onglons. « Cette érosion donne lieu à une structure en millefeuilles faite de plusieurs couches de cornes. Un terrain très favorable à l’installation, ensuite, de la maladie de Mortellaro… » Le pareur ne s’étonne d’ailleurs pas de constater du fourchet au Gaec Goazilliou : « Le lisier de la fosse sous les caillebotis dégaze et l’ammoniac est agressif pour la peau des animaux. » Il parle en connaissance de cause car il élève lui-même des vaches laitières dans le même système à la maison. « Même en étant hyper strict sur l’hygiène, la propreté des sols, il y a toujours du fourchet. Heureusement, ici, les traitements collectifs réguliers menés par Ronald permettent de maîtriser la situation. »

Quand faire passer le pédicure ?

Chacun a son agenda et le pareur s’adapte. « Certains éleveurs préfèrent que je vois tout le troupeau quand je passe. Dans ce cas, on peut imaginer un rendez-vous par an quand les vaches sortent au pâturage. En système de traite robotisé, je conseille deux interventions dans l’année », explique Halbe Rosema. D’autres clients optent pour une fréquence supérieure. « On fixe quatre dates pour des lots de 25 à 30 animaux choisis. En évitant d’attendre, on peut alors éviter presque toutes les boiteries. » Une variante est de réaliser le parage sur les animaux à une période déterminée. « Au tarissement ou sur les fraiches vêlées deux mois après vêlage. » Ronald Lauwen préfère, lui, recevoir le pareur une seule fois par an. « Je veux éviter toute perturbation du troupeau. Avec les vaches, c’est toujours mieux quand tu ne changes rien. » Le reste du temps, il lève régulièrement des pieds pour les tailler ou les soigner. « Je prends une ou deux vaches par semaine en moyenne. Ainsi que celles que je taris. »


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