- Illustration Des agrumes haut de gamme cultivés en Bretagne
Gilles Le Bihan au cœur de sa culture d’Aloé véra destinée au marché du frais français.

Des agrumes haut de gamme cultivés en Bretagne

Le producteur de Plouénan a toujours aimé la diversification. Depuis 2 ans, il est passé à la vitesse supérieure en cultivant de nombreuses variétés d’agrumes exotiques pour le plus grand bonheur des restaurateurs français.

Gilles Le Bihan est producteur de tomates sous 28 000 m2 de serres verre sur la commune de Plouénan (29). Il y a 6 ans, il a commencé à se diversifier en cultivant différentes variétés de mini-poivrons, aubergines et piments. Mais son goût du challenge et de la nouveauté le pousse à aller encore plus loin et à s’intéresser à la culture des agrumes. « Avec deux autres collègues producteurs nous cherchions des produits à plus forte valeur ajoutée que la tomate. On entend beaucoup parler de citron caviar, combava, main de Bouddha, yuzu, kumquat, cédrat, bergamote et bien d’autres agrumes. D’où l’idée d’en produire en Bretagne. Depuis 2 ans, nous cultivons ces produits haut de gamme sur une surface totale de 3 000 m2. L’an prochain, rien que chez moi, je passe à 5 000 m2 de serres dédiées à cette culture de 10 variétés différentes », raconte Gilles Le Bihan. Les 3 producteurs estiment pouvoir satisfaire la demande bretonne dès l’année prochaine.

Les plants vont produire plus de 20 ans

Les plants sont achetés en Sicile, ils ont une durée de vie comprise entre 20 et 30 ans. Ils avaient déjà 3 ans lorsque Gilles les achète. Ils fleurissent et produisent toute l’année. Dans la serre, ils sont en pots et alimentés en eau et en fertilisant par un système de goutte-à-goutte. L’objectif est de pouvoir les mettre en pleine terre et passer en bio d’ici quelques années, mais pour le moment les producteurs se familiarisent avec cette nouvelle culture. Les agrumes offrent l’avantage d’être beaucoup moins consommateur en énergie et en main-d’œuvre que la tomate par exemple.

« Par contre, nous devons être vigilants car cette plante exotique peut envoyer des ravageurs vers nos autres cultures. Et, à ce jour, personne n’est en mesure de nous conseiller techniquement. Tant que nous ne maîtrisons pas le risque sanitaire, il n’est pas envisageable de passer en bio. Nous utilisons au maximum la lutte intégrée comme sur les tomates mais ce n’est pas toujours aussi efficace », explique Gilles Le Bihan. Cet été le producteur a dû faire face à un fort développement de cochenilles sur ses plants, il a même cru qu’il allait être obligé de les retirer de la serre pour éradiquer le problème. « En dernier recours, j’ai testé le traitement thermique sur le feuillage. En passant une flamme à une température maîtrisée, nous avons réussi à éradiquer les cochenilles tout en préservant les plants. »

La main de Bouddha devient un dessert givré

Pour faire connaître sa production d’agrumes haut de gamme, Gilles a enfilé sa casquette de commercial. « J’ai démarché les grossistes, les magasins spécialisés, les restaurants gastronomiques… Ils ont tous été surpris que l’on puisse garantir un approvisionnement avec une production française toute l’année. Habituellement, cela vient des États-Unis, d’Espagne ou du Maroc. Les retours sont nombreux et très positifs, les restaurateurs sont toujours en recherche de produits locaux et nous sommes en mesure de répondre à leur demande en agrumes exotiques. Ils utilisent les billes du citron caviar avec des huîtres ou encore sur du saumon, la main de Bouddha va relever des pâtisseries ou elle est confite pour créer un dessert givré original. »

Les producteurs échangent régulièrement avec les chefs des restaurants afin de déterminer leurs besoins sur des variétés spécifiques et les mettre en culture ensuite. « Aujourd’hui, on prend les choses à l’envers et on analyse la demande avant de produire. » Les émissions culinaires diffusées régulièrement à la télévision démocratisent l’utilisation de ces produits dans les recettes de cuisine. Pour répondre à la demande grandissante des particuliers, les producteurs ont créé la marque « Pointe de zeste » qui offre la possibilité de commander de petites quantités directement aux producteurs et d’être livré par colis à son domicile. « Nous cherchons à nous rapprocher du consommateur et à limiter les intermédiaires pour que tout le monde soit gagnant au niveau du prix. »

Du fruit du dragon en passant par l’Aloé véra

Gilles Le Bihan aime expérimenter. Après un voyage en Chine, il revient avec l’idée de cultiver des fruits du dragon. Il achète quelques plants et multiplie cette espèce de cactus avec l’objectif de produire ces fruits exotiques dans ses serres de Plouénan. L’an prochain, 1 000 m2 de surface seront dédiés à la production de ce fruit très original avec 3 variétés différentes à chair rouge, blanche et jaune. Les 3 producteurs finistériens se sont aussi lancés dans la culture de l’Aloé véra, les feuilles sont vendues en frais. Elles sont utilisées comme ingrédient avec d’autres fruits pour élaborer des smoothies. Le jus d’Aloé véra est rempli de nutriments. Il contient des vitamines B, C, E ainsi que du calcium, du zinc, du manganèse, du magnésium et beaucoup d’autres minéraux.

« Nous cherchons maintenant à nous faire connaître auprès d’entreprises françaises de la cosmétique qui en utilisent pour ses nombreuses vertus positives sur la peau. » Gilles Le Bihan produit aussi des graines germées dans une salle dédiée pour répondre à la demande des restaurants gastronomiques. « J’utilise un éclairage Led pour cultiver ces graines germées, je me suis rendu compte qu’en faisant varier la couleur cela influençait leur goût. Cette découverte a séduit les restaurateurs. » Le prochain challenge du producteur va être de faire pousser du poivre dans une cellule spécifique réunissant les conditions optimales de chaleur et d’humidité.


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