« La demande sociétale va jusqu’à mettre en doute la qualité des produits de notre agriculture et de notre agroalimentaire », estime André Sergent. - Illustration La société en demande toujours plus
« La demande sociétale va jusqu’à mettre en doute la qualité des produits de notre agriculture et de notre agroalimentaire », estime André Sergent.

La société en demande toujours plus

Les demandes sociétales se sont invitées lors de la session de la Chambre d’agriculture, car les agriculteurs sont confrontés à un paradoxe : les pratiques sont toujours plus vertueuses alors que les attaques sont de plus en plus pressantes.

Les délibérations de la dernière session de la Chambre d’agriculture montrent une réelle prise de conscience des élus du regard que peut porter la société sur ses agriculteurs. Si de bons chiffres sont au rendez-vous, comme « les 56 communes du Finistère qui sont sorties des zones d’action renforcée de la Directive nitrates », ou encore « la baisse de 30 % de teneurs en nitrates dans les eaux bretonnes depuis 1996, avec un taux moyen de 31,8 mg/L », André Sergent, président de la Chambre d’agriculture du Finistère, remarque que « tous les jours dans les médias, de nouvelles attentes sociétales sont mises en avant, allant jusque mettre en doute la qualité des produits de notre agriculture et de notre agroalimentaire ». Cette dernière session de la mandature, qui se tenait au centre de formation de Saint-Ségal, a longuement été alimentée par ces questions sociétales.

Déconnexion de la réalité

Jacques Jaouen, président de la Chambre régionale, rappelle que « c’est le maillon production qui fait le travail, la société est en déconnexion par rapport à la réalité ». Autrement dit, les consommateurs sont toujours prêts à acheter au moins cher, quitte à se fournir en fruits et légumes en provenance d’autres pays européens, mais n’appliquant pas les mêmes règles, notamment en matière d’autorisation de certains pesticides. Les critiques incessantes envers le monde de l’élevage impactent aussi « la baisse de 30 000 bovins identifiés en Bretagne, ainsi que la baisse de production de lait de 4 %.

Il y a quelque chose en cours », s’inquiète Jacques Jaouen. La communication d’associations anti-élevage est bien rodée, il suffit de montrer aux consommateurs et à la société les mauvais points pour en faire une généralité. Ainsi, l’arrivée dans les établissements scolaires de manuels pédagogiques militants pour l’abolition de l’élevage irrite les élus, « surtout que dans un même temps, l’interprofession légumière n’a pas eu ce droit de rentrer dans les écoles », déplore Thierry Merret, producteur de légumes à Taulé.

Devancer les menaces

Si pascal Lelarge, préfet du Finistère, rappelle avoir interdit des manifestations d’associations anti élevages, il prévient que d’autres sujets vont s’inviter à la table de la société. « Ce sera le cas des démolitions de bâtiments contenant de l’amiante. On ne peut pas d’un côté créer de nouveaux poulaillers et d’un autre laisser s’effondrer les vieilles structures », alerte-t-il. Sur cette production avicole, Didier Goubil pense « qu’on nous demande des modifications non demandées par la société, on va trop loin. C’est le cas des fenêtres dans les bâtiments. Les producteurs n’iront pas sur ces investissements s’ils ne sont pas rémunérés ».

Une croissance en consommation de volaille

Didier Goubil rappelle que la production de volailles trouve toujours des débouchés au Qatar ou en Arabie Saoudite, et que « la consommation mondiale de volaille, estimée à 100 millions de tonnes, va croître de 4 ou de 5 % ». Cette croissance représente en volume 4 fois la production annuelle française, de 1,5 million de tonnes.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article