50 jours après son émission, une bouse transformée par l’activité biologique des insectes et des vers. - Illustration Remettre les bouses au milieu du paddock
50 jours après son émission, une bouse transformée par l’activité biologique des insectes et des vers.

Remettre les bouses au milieu du paddock

Le pâturage de précision apporte un bonus en termes de fertilisation en offrant une meilleure répartition des bouses.

« En plus de créer une concentration instantanée importante d’animaux sur une petite surface limitant la sélectivité et offrant une meilleure maîtrise des résiduels, le pâturage de précision a aussi l’avantage d’améliorer la répartition des bouses dans le paddock et donc plus globalement sur l’ensemble de la ferme », rapporte Florent Cotten, de la société PâtureSens. En plus du chargement, la position du point d’eau joue aussi son rôle dans la répartition des fèces.

« Les animaux ont toujours pour habitude de bouser aux alentours du point d’eau, il est ainsi fortement conseillé de le positionner le plus au centre du paddock possible de manière à mieux homogénéiser la répartition. Et surtout, on évitera la position près de la sortie », met en garde le conseiller. Avant de préciser qu’un troupeau pâturant successivement deux parcelles différentes (paddock jour et paddock nuit) amène inévitablement à appauvrir la première au profit de la seconde car une majorité des excrétions s’effectue entre la traite du soir et celle du matin, plus précisément de 18 h à 2 h.

10 000 bouses / ha

« Une vache lâche en moyenne 13 bouses par jour. Ramené à une prairie bien gérée avec un potentiel proche de 10 t de matière sèche d’herbe valorisées pour une centaine de vaches, on approche les 10 000 bouses (20 000 L) et 8 000 pissats par hectare et par an. » Une montagne de fertilisants dont la dégradation joue en faveur de l’enrichissement d’un écosystème et du potentiel sol. L’effet des fèces améliore les propriétés du sol, à la fois physiques – stabilité structurale, aération du sol, augmentation du taux d’humus, réserve en eau – et chimiques à travers une accélération des flux de minéraux permise par la digestion préalable de l’animal.

Les mouches sont là en 3,6 secondes

« Une fois ingéré, le parcours digestif complet du fourrage prend en moyenne 3 jours », précise Florent Cotten. « Mais une fois la bouse émise, il faut en moyenne 3,6 secondes pour que les premiers insectes commencent à la coloniser. » Toute une microfaune s’y installe. Les mouches sont les premières à s’y attaquer pour y pondre dans la matière fraîche. Suivent les coléoptères, puis les bousiers. « Tous s’y attaquent quand la bouse est fraîche, dans l’objectif de l’exploiter avant qu’elle ne sèche. Une bouse exposée au soleil perd son pouvoir attractif en 36 heures. » Lorsque l’excrément se dessèche, les coléoptères prédateurs vont se nourrir des asticots. Les bousiers, eux, creusent des galeries sous la bouse principalement pour nourrir leur progéniture. Les vers de terre s’y attaquent par le dessous. Viennent ensuite les coprophiles : oiseaux, taupes, hérissons, renards… Ces travaux successifs bien rodés favorisent la bonne dégradation de la bouse et son enfouissement progressif.

Le rôle de la météo

Le temps nécessaire à l’accomplissement de cette chaine de phénomènes menant à la disparition des bouses varie selon le climat, la quantité d’azote disponible pour les microorganismes et l’abondance d’invertébrés (notamment des lombricidés) dans le sol. Par exemple, la pluie maintient une humidité et un état physique favorable à l’activité biologique. En son absence, une croûte protectrice se forme en surface et fait obstacle à la décomposition. D’où l’importance de maintenir un couvert végétal suffisant (résiduels) et dense (par le tallage) pour réduire la montée en température du sol.

Bouses de vaches en bonne santé

« Une vache en bonne santé digère bien et ses bouses sont plus réduites qu’une vache à problème », rapporte Florent Cotten. Il rappelle qu’on peut se faire une idée de l’état de forme d’un ruminant en examinant ses rejets. Pour lui, une nourriture basée sur le maïs « peut entraîner une moins bonne digestion », et donc de grosses bouses. « Ces dernières contiennent plus de carbone qu’en système herbe ou foin et se dégradent moins bien au pâturage. Cela peut impliquer un besoin de passage mécanique, début du cercle vicieux. »

18 rendez-vous de terrain
Portes ouvertes en Bretagne, entre le 17 septembre et le 1er octobre. Informations et inscription sur www.paturesens.com. Contact : 06 44 13 24 14.


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