Dialogue de sourds autour d’un projet de méthanisation

À Plusquellec, des riverains se sont fédérés en association pour contrer le développement d’un projet de méthanisation. La Confédération paysanne prône une révision du dossier pour une issue acceptable pour tous. Vendredi 20 avril 2018, le Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) s’est réuni pour donner un avis sur un certain nombre de dossiers dont un projet de méthanisation. À ce titre, un rassemblement était organisé devant la préfecture par APPCV, pour Association plusquellecoise de préservation du cadre vie. « Nous manifestons contre la mise en œuvre du projet de méthanisation S.A.S. Méthagoasmin sur notre commune de Plusquellec. Nous, riverains, avons découvert très récemment les détails de cette installation qui est prévue à quelques dizaines de mètres d’habitations. Cela va multiplier les camions sur les routes et augmenter les dépenses concernant la voierie. Nous espérons que le préfet nous attendra avant de prendre sa décision de valider ou de refuser ce projet », martelaient quelques habitants, remontés. Opportunité pour une région déficitaire en énergie « La production d’énergie renouvelable et la réduction de l’émission de gaz à effet de serres est possible à partir de la biomasse et notamment à partir de matières premières issues des élevages. C’est l’objet du plan Macron qui veut développer la méthanisation dite « agricole ». Les moyens mis à disposition sont importants au travers des subventions directes, du prix de rachat par EDF et un fonds de garantie de 100 millions d’euros », rappelait Jean-Marc Thomas, porte-parole de la Confédération paysanne, présent sur place. C’est une opportunité pour une région d’élevage comme la Bretagne dont le solde énergétique est, par ailleurs, très déficitaire. « Mais les règles relatives aux installations classées pour la méthanisation se sont assouplies récemment et sont beaucoup plus permissives que celles que nous connaissons pour les élevages en général. Les industriels pourraient bien profiter de ces avantages pour développer la filière à leur compte. C’est pourquoi la méthanisation agricole se doit d’être exemplaire et en adéquation avec les attentes des territoires. Les projets doivent être acceptables par la population. Une implantation des digesteurs à 50 m d’une maison d’habitation permise par la réglementation est une source de rejet par les riverains alors qu’une distance raisonnable permettrait de limiter les nuisances visuelles, olfactives et sonores. Dans la mesure où les fonds publics injectés sont très importants, les enjeux énergétiques et climatiques doivent être ambitieux. Les retombées collectives pour les agriculteurs et les citoyens doivent également être indiscutables. » « Concertation locale constructive » Le syndicaliste souligne que l’émergence de ce type de projet doit faire l’objet d’une « concertation locale constructive ». C’est dans cet esprit que la Confédération paysanne 22 a formulé à destination du préfet « des propositions d’amélioration indispensables au regard des fonds publics qui pourraient atteindre plusieurs millions d’euros sur 20 ans » pour le projet de Plusquellec. Dans une zone en déprise, on peut espérer que riverains et agriculteurs porteurs d’activité économique nouvelle parviendront à sortir par le haut de ce contexte de tensions.

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