La toile tissée est cautérisée lors de son percement, afin d’éviter qu’elle ne se dégrade dans le temps. - Illustration La réponse au désherbage se trouve sur la toile
La toile tissée est cautérisée lors de son percement, afin d’éviter qu’elle ne se dégrade dans le temps.

La réponse au désherbage se trouve sur la toile

Le maraîchage biologique demande à être performant au niveau du désherbage de ses cultures. La ferme de Kerdano, à Saint-Jean-du-Doigt (29), multiplie les solutions alternatives pour produire des légumes de qualité.

La production de légumes biologiques demande une vigilance de tous les instants pour lutter efficacement contre les adventices. Les solutions mécaniques viennent souvent à bout des indésirables, mais demandent un travail conséquent. A l’approche de la belle saison, tous les végétaux se réveillent et ne demandent qu’à s’épanouir dès l’apparition des premiers rayons chauds de soleil.

Romain Gléran, jeune producteur de légumes bio installé à Saint-Jean-du-Doigt (29), utilise de la bâche tissée originellement prévue pour le domaine paysager pour protéger ses cultures. « Les oignons ont peu de pouvoir couvrant, et peuvent alors être rapidement envahis ». La pose d’une bâche stoppe alors littéralement et durablement le développement des autres plantes, et fait partie d’une stratégie globale du maraîcher pour conserver le potentiel de production des 40 espèces qu’il cultive.

[caption id=”attachment_27968″ align=”aligncenter” width=”680″]Romain Gléran, à gauche, attend l’installation de son futur associé Julien Abbé pour maîtriser de nouvelles techniques de production. Romain Gléran, à gauche, attend l’installation de son futur associé Julien Abbé pour maîtriser de nouvelles techniques de production.[/caption]

Moins de déchets

Si le Finistérien s’est tourné vers ce type de couverture du sol, c’est aussi pour des raisons de limitations de productions de déchets plastiques. « Les bâches en plastique tissés sont réutilisables tous les ans, pendant une durée de 10 à 15 ans. Contrairement à une bâche classique en plastique qui a tendance à compacter le sol, la toile garde un bon échange gazeux, thermique et hydrologique entre le sol et son environnement ». Si l’investissement est plus important à l’achat, l’amortissement se réalise sur plusieurs années. « La pose est relativement simple, le rouleau de bâche est déroulé sur toute la longueur de la serre, puis maintenu à l’aide d’agrafes métalliques. Reste à trouver un système d’enroulement simple et de déroulage plus pratique pour le plein champ ». En dessous, la terre garde une très bonne structure, granuleuse, sans compaction.

Pour un bon maintien de l’ensemble, Romain Gléran a investi dans une presse à œillet ainsi que dans un perforateur de paillage de chez Terrateck. « Si la bâche est découpée, elle se délitera dans le temps. Le perforateur permet de cautériser le trou ». Couvrant le sol des plants de tomates, la toile facilite le nettoyage de la serre. « Les feuilles des plants ne sont pas laissées au sol, le balayage de ces résidus se fait rapidement ».

[caption id=”attachment_27970″ align=”aligncenter” width=”680″]Un simple coup de balai et les résidus de feuilles sont retirés sur toute la longueur de la serre. Un simple coup de balai et les résidus de feuilles sont retirés sur toute la longueur de la serre.[/caption]

Éliminer les graines par brûlage thermique

La technique des faux semis est souvent utilisée avant la préparation des planches de carottes. « Je laisse les mauvaises herbes se développer une quinzaine de jours, avant de retravailler la terre, et de laisser un nouveau créneau de 15 jours. Puis, un brûlage thermique sur le rang est effectué avant le semis. C’est une technique très satisfaisante sous abris. Le premier passage élimine 15 à 20 % du stock semencier d’adventices. Au 4e brulage, ce niveau se porte à 75 % ».

Une couverture plus végétale

Autre levier utilisé sur le site de production, l’introduction de couverts végétaux en interculture sur les parcelles de plein champ. « Dès que la parcelle se libère, je sème un mélange d’avoine, de seigle et de vesce. Les céréales m’apportent un système racinaire important, la légumineuse limite ensuite la fertilisation organique. La destruction se fait en mars/avril par des outils très superficiels, pour laisser les résidus se dégrader. Une fois cette matière bien décomposée, je l’enfouis, pour une plantation de chou derrière. Il faut être vigilant au stade de destruction du couvert, car une plante trop ligneuse pourra créer des phénomènes de faim d’azote, et même des bourrages lors de la plantation. »

D’autres pistes explorées

Dans la rotation de ses cultures, Romain Gléran a introduit un mélange céréalier à base de pois et de triticale ou d’orge. Un passage de herse étrille à la fin février a permis de garder la parcelle dans un état satisfaisant.

Dans un futur proche, la ferme maraîchère va changer de statut avec l’arrivée d’un associé, Julien Abbé. Le futur Gaec pourra alors se pencher sur d’autres sujets de gestion des cultures. « Le labour a tendance à faire remonter les graines d’adventices, et nous souhaitons ne pas bouleverser la structure du sol. À ce titre, je préfère les outils à dents que les outils rotatifs ». Les regards des 2 producteurs se tournent aussi vers des cultures nettoyantes. Ils réfléchissent à la production de chanvre ou encore des cultures associées comme les poireaux cultivés avec une couverture de trèfle.


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