gwinzegal-expo-photo - Illustration GwinZegal : Quatre regards se posent sur la ruralité

GwinZegal : Quatre regards se posent sur la ruralité

Pour le printemps, l’association GwinZegal, en résonance avec son territoire, inaugure sa réflexion sur les changements de la ruralité à travers le regard de photographes.

Chaque printemps, le Centre d’art GwinZegal à Guingamp (22) organise Champs / Contrechamps, une exposition plurielle dédiée à « l’exploration des représentations du monde rural par la photographie ». Cette année, pour la 6e édition, les auteurs conviés par l’association costarmoricaine dédiée à l’éducation à l’image, à la production de photographie et à l’édition se sont interrogés sur « le paradoxe entre des espaces ruraux qui couvrent 70 % du territoire français quand 80 % de la population aujourd’hui vit dans les espaces urbains », explique son co-président Alain le Flohic.  

Du 1er avril au 28 mai, le public pourra ainsi découvrir les séries singulières de clichés de quatre artistes invitant à la réflexion sur un monde rural en mutation en Bretagne, en Autriche ou à travers l’Europe entière.

[caption id=”attachment_26221″ align=”aligncenter” width=”680″]© Pino Musi © Pino Musi[/caption]

Collecte architecturale en Centre Bretagne

Lors d’une résidence entamée en avril 2016, le photographe italien Pino Musi s’est attaché à parcourir en voiture le centre de la Bretagne « Plaçant l’architecture au cœur de sa pratique, il a porté initialement son intérêt vers la structure des bâtiments agricoles et des corps de fermes, qui ponctuent le paysage de bocage d’une campagne tournée essentiellement vers l’élevage et la production laitière », décrit Alexandre Quoi, historien de l’art. L’auteur immortalise tout à tour « des abris de fortune bordant les routes, les hangars et exploitations agricoles, les imposants bâtiments de l’industrie agroalimentaire, des bourgs en voie de désertification jusqu’à des zones pavillonnaires liées au phénomène de rurbanisation… »

À travers des images en noir et blanc, « dénuées de contraste », il rend compte d’une « campagne fragile et paradoxale dont le caractère ancestral et immuable s’oppose à une mutation accélérée ». Des clichés suspendus, vides de toute présence humaine, à la composition équilibrée et à l’approche géométrique soignée. Un hommage teinté d’une certaine mélancolie à un territoire agricole détaché des grands centres urbains et des zones côtières plus touristiques. Un travail rassemblé dans le livre Acre (Éditions GwinZegal, 2017).   

À la rencontre de néo-ruraux retirés

La promenade se poursuit dans « les Maquis » d’Antoine Bruy. « En 2005, ce jeune photographe est parti à travers toute l’Europe en stop. Entre quête initiatique et envie de voyage, il a, au fil du temps et au hasard des rencontres, collecté des morceaux de quotidien de personnes ayant sciemment fui les villes et une certaine société mue par la consommation et le développement », explique Jérôme Sother, directeur artistique de GwinZegal. « Il nous parle de ces néo-ruraux qui repeuplent des anciennes fermes, des campagnes désertées, et se lancent dans des constructions originales, entre matériaux de récupération et réduction de consommation d’énergie… » Il y a dans ces photos de la poésie, parfois presque une portée fantastique.

Puis le photographe Bernhard Fuchs, à travers sa série Höfe (« Fermes », 2005 – 2011), présente la réalité agricole de sa région natale du nord de l’Autriche. Son constat fait écho à ce que vivent les paysans en Bretagne : « En me promenant autour d’Helfenberg, j’ai pu constater les changements que subissent continuellement les petites fermes des alentours. La plupart de ces fermes se transmettent de génération en génération. Elles subissent aussi des changements structurels : de nouvelles lois exigent la réorganisation des box et des conditions d’élevage, le coût de ces investissements ne cessent de monter et les paysans ont souvent du mal à trouver des repreneurs pour leurs exploitations. C’est pourquoi beaucoup ont été abandonnées récemment. » Ces images emplies de vides, statiques, traduisent une profonde déprise sur le territoire.

La balade photographique se termine par Est de Rémy Artiges : une marche, pas à pas, en 2005, sur le tracé de la future ligne de TGV Strasbourg – Paris. Il a suivi les jalons matérialisant les travaux à venir dans une nature encore intacte. Comme pour voir une dernière fois et témoigner de ce que les voyageurs à grande vitesse ne pourront jamais capter ensuite.
GwinZegal interroge une fois de plus le grand public par cette plongée photographique riche et documentée dédiée à la transformation du monde rural, mettant en parallèle le territoire breton et l’ailleurs. À découvrir.

Débat transversal fin avril

Samedi 29 avril, dès 14 h, après-midi de rencontres du public et d’échanges avec les photographes et des spécialistes sur les sujets évoqués par les expositions. Le sociologue Jean Viard réfléchira sur « Vivre à la campagne dans un monde de métropoles », l’architecte Christophe Gauffeny analysera les récentes modifications du paysage rural, un historien de l’art Alexandre Quoi proposera une lecture des images de Pino Musi prises en Côtes d’Armor. Entrée libre. Infos et inscriptions à GwinZegal : 02 96 44 27 78.

Exposition présentée du 1er avril au 28 mai 2017 à l’Espace François-Miterrand (1, place du Champ au Roy) à Guingamp (22). Du mercredi au dimanche, de 15 h à 18 h 30 (également de 10 h à 12 h le vendredi). Entrée libre.


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