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Irrigation : le légume industrie va-t-il mourir de soif ?

Le devenir de la filière légumes passe par l’irrigation. La réglementation décourage la création de nouvelles réserves d’eau. Le remplissage complémentaire au ruissellement pose problème.

Le ciel sans nuages des mois de mai et juin 2015 a donné quelques sueurs froides aux producteurs de légumes industrie. Les pluies de la mi-juillet ont sauvé bon nombre d’hectares et démontré, une fois encore, la nécessité d’augmenter la capacité de stockage de l’eau. « On se bat avec des régions dont les surfaces sont irriguées à 100 % », constate Olivier Penn, président de l’UOPLI, faisant référence au nord de la France et au Sud-Ouest. « Chez nous, seulement 40 % des surfaces le sont. Nous attendons un signe, un soutien politique pour faciliter la création de retenues. Sinon, la surface de légumes industrie continuera de baisser ».

Pas de risque de surplus dans cette filière où la production est con-tractualisée avant les semis. Le danger, c’est le manque de rendement lié à la sécheresse estivale et l’incapacité de fournir les volumes promis aux 9 usines bretonnes. Les producteurs vont devoir attendre encore un peu si l’on en croit Benoît Carteau, technicien à la Chambre d’agriculture, intervenant à l’assemblée générale de l’union des organisations de producteurs (OP). « Il n’y a pas de bonnes nouvelles. Le dossier est enlisé depuis quelques années ».

Politiques différentes selon les Sages

La protection des zones humides est le principal facteur bloquant à la création de nouvelles réserves. « C’est le lieu où se trouvent les matériaux hydromorphes et le point bas de réception des eaux de ruissellement ». Seule solution : créer hors zone humide mais à proximité pour avoir suffisamment de matériaux hydromor-phes. Pas évident. Les professionnels se sont donc mobilisés pour demander deux évolutions de la réglementation : pouvoir réaliser des réserves en zones humides non fonctionnelles car drainées et cultivées, avec des mesures compensatoires et assouplir le mode d’alimentation de la retenue. La priorité est logiquement donnée au ruissellement. « 20 à 30 % des projets nécessitent un remplissage complémentaire (forage, prélèvement sur cours d’eau).

[caption id=”attachment_16513″ align=”alignleft” width=”198″]Olivier Penn, président UOPLI Olivier Penn, président UOPLI[/caption]

Cette alimentation complémentaire est possible sur certains Sages et interdite sur d’autres ». Sollicité par le Conseil régional, le Comité scientifique de l’environnement en Bretagne a émis des réserves, notamment sur les subventions demandées par la profession : « Il n’y a pas de raisons de s’opposer à un développement raisonné de ces retenues. Mais, en revanche, il est difficile de trouver des arguments économiques en faveur de leur encouragement par des aides publiques ». Selon le comité, c’est aux industriels de participer au financement des réserves. Le dossier navigue actuellement entre la Région, le ministère et la Commission européenne. Une évolution favorable pour les producteurs n’est pas exclue, mais prendra du temps.

La technologie pour économiser l’eau

Les producteurs cherchent à optimiser la ressource en eau. « Les sondes Sentek, (plantées dans le sol et capables d’indiquer le taux d’humidité à différentes profondeurs), démontrent, à grande échelle, ce que l’expérimentation avait révélé trois ans plus tôt. 30 % d’économie, grâce à un pilotage pertinent de l’irrigation, un meilleur état sanitaire car les feuilles sont moins arrosées et un gain de temps de travail », reprend Olivier Penn. En 2016, de nouvelles sondes seront installées. « Les OP vont investir pour les tester sur d’autres cultures que le haricot ». Certains agriculteurs pensent aussi acheter des sondes, à la vue du confort d’utilisation.


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