bovin-viande-antibiotique-taurillon-carole-tocze-jean-paul-hay-paul-diot-poulet-label-rouge - Illustration Pas d’antibiotique depuis trois ans

Pas d’antibiotique depuis trois ans

Éleveur de taurillons à Piré-sur-Seiche (35), Paul Diot a mis en place une quarantaine et des mesures préventives qui lui permettent aujourd’hui de se passer d’antibiotiques en systématique.

Également éleveur de poulets de Janzé Label Rouge, Paul Diot était sensibilisé à la problématique de la démédication. « Les antibiotiques sont interdits sur les 30 derniers jours d’élevage en poulets de Janzé », explique l’éleveur qui a décidé de travailler aussi sur leur réduction dans l’atelier bovin existant sur l’exploitation depuis plus de 30 ans. La production de jeunes bovins (JB) est de 64/an en deux lots (Salers et croisés Salers-Charolais). Généralement en juin et fin septembre, les broutards arrivent à 7-9 mois et 300 kg, et repartent après 10-12 mois d’élevage, avec un objectif de poids de carcasse de 420 kg – 440 kg.

Un complément alimentaire

« Il y a quelques années, pour que les broutards démarrent bien, je leur donnais des antibiotiques dans l’eau de boisson. Ensuite, des traitements individuels en injection pouvaient être administrés en cas de problème. » En 2013, le producteur s’est engagé dans un contrat Ter’vet, une offre de conseil/ suivi d’élevage par un vétérinaire de Ter’elevage qui vise à améliorer les pratiques et les performances technico-économiques. « Ce programme inclut de la prévention zootechnique, voire médicale (vaccination, vermifugation…). Les prescriptions des antibiotiques demeurent réservées aux vétérinaires praticiens », précise Carole Toczé, vétérinaire à Ter’elevage.

Depuis 2013, Paul Diot a remplacé l’antibiotique au démarrage par un complément alimentaire qui favorise les défenses immunitaires. Ce produit contient des vitamines C et E, du sélénium, des extraits de pépins de raisins, des huiles essentielles à action respiratoire, et des capteurs de toxines (argile). Mesure appliquée depuis longtemps par le producteur, les broutards sont vermifugés et vaccinés contre les maladies respiratoires et l’entérotoxémie au passage en centre d’allotement. Les rappels de vaccins sont faits sur l’élevage. « Je préfère le préventif au curatif. Les animaux malades entraînent toujours des conséquences sur la performance économique. »

Les broutards sont par ailleurs intégrés sur l’élevage via une quarantaine en aire bien paillée, dans laquelle ils séjournent un mois. « Nous recommandons vivement la mise en place de quarantaines sur les élevages et offrons d’ailleurs des aides aux producteurs qui souhaitent en construire ou rénover », note Jean-Paul Hay, technicien Ter’elevage. « Essentielle pour faciliter les manipulations fréquentes sur les jeunes animaux, la contention dans la quarantaine peut également être aidée par le groupement. » Paul Diot en a bénéficié (à hauteur de 1 600 €) pour des barrières doubles à 5 lisses qui permettent de bloquer les jeunes animaux. Il dispose aussi d’un parc et couloir de contention. « Dès la quarantaine, les bovins sont mis dans 4 cases de 8 par tranches de poids, et restent dans ces groupes jusqu’à l’abattage », précise Paul Diot. Une bonne mesure pour conserver la hiérarchie qui se met en place au départ, et ainsi éviter le stress, les batailles et les blessures en cas de changement de groupe. En cours d’engraissement, les JB reçoivent une cure d’hépatoprotecteur, un complément nutritionnel qui permet de désengorger le foie.

Une bonne quarantaine

  • Avoir un bâtiment isolé, bien orienté, avec un sol bétonné en litière accumulée.
  • Un maximum de 14 animaux par case est recommandé (y compris en engraissement), pour faciliter la détection des problèmes.
  • La quarantaine dure de 4 à 5 semaines.
  • Les locaux sont à nettoyer, curer, décaper et désinfecter après chaque lot, et le vide sanitaire doit au moins durer une semaine, l’optimum étant à 1 mois.

Des coûts maîtrisés

Grâce à toutes ces mesures, « je n’utilise plus d’antibiotiques dans l’eau de boisson, et je n’ai réalisé aucune administration d’antibiotique individuelle depuis trois ans », constate, satisfait, le producteur. Et la performance suit en termes de croissance, de mortalité et de maladies. Les frais vétérinaires ne dépassent pas 5-6 €/100 kg de poids vif et le total « frais d’élevage + coût alimentaire » se situe à 70 €/100 kg de poids vif. Un niveau de charges largement inférieur à la moyenne (lié à une bonne productivité). Dans le cadre du Plan EcoAntibio 2017, Ter’élevage met aussi en place deux autres actions : une offre de broutards vaccinés par les naisseurs contre les maladies respiratoires (Broutard Max), et une grille d’évaluation des risques respiratoires par élevage et par lot en engraissement. Agnès Cussonneau


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article