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Libéralisation de la production laitière, et maintenant ?

Les laitiers se réveilleront le 1er avril dans une ère libéralisée. La Bretagne laitière va-t-elle faire sa mue ?

Au 1er avril, « la production ne sera pas complètement libéralisée, encadrée par les contrats commerciaux des laiteries pour beaucoup, limitée par les contraintes environnementales, la tension sur l’accès au foncier ou la concurrence entre productions animales… », rappelle Gérard You de l’Institut de l’élevage. « Mais la concurrence entre bassins en France et en Europe va s’exacerber. Pays-Bas, Irlande, Danemark, le nord de l’Allemagne vont poursuivre leur forte croissance. » La France sera « encore plus qu’avant dans une concurrence internationale », confrontée à une « volatilité pratiquement débridée, sans filet de sécurité. » Il imagine « des trajectoires d’exploitation très variées guidées par l’ambition ou par l’inhibition. » Mais dans l’immédiat, « les producteurs sur le frein pour respecter leur quota chercheront à produire le maximum de lait à l’herbe, le plus économique, si les conditions fourragères sont bonnes… »

Efficacité au litre de lait

À la Confédération Paysanne, Dominique Raulo relativise aussi. « Le 1er avril, les Bretons auront en tête mise à l’herbe, ensilage, semis de maïs et rien d’autre… » Avant de concéder que nombreux sont ceux à se poser des questions sur l’avenir. « J’investis ? Je prends un robot ou un salarié ? L’augmentation du nombre de vaches est facile mais risquée… » Le Morbihannais croit plutôt « à la recherche d’une efficacité économique du litre de lait » avant de penser à bouleverser son système. « C’est plus difficile, mais plus excitant. Car aujourd’hui, pour un même volume de lait produit, les revenus varient de 1 à 5… Il y a donc de la marge avant de faire du revenu par le volume comme les Danois qui ont 3 fois plus de vaches par exploitation, mais 10 fois plus d’endettement. »

Spécialiser pour mieux maîtriser les charges

La présidente de l’OPL, Véronique Le Floc’h se méfie également de l’option agrandissement – investissement. « C’est bien de donner du litrage supplémentaire, surtout aux jeunes… Mais si ce sont des volumes B ou C, ce sera compliqué. Agrandissement ou installation sont souvent les années les plus difficiles techniquement et économiquement. Partout, on parle d’investir alors qu’en 15 ans, le poids des investissements bâtiments a été multiplié par 4 : de 1 500 à 2 000 € / place de vache laitière à 6 à 9 000 €… Je ne crois donc pas qu’en Bretagne, le paysage laitier aura la capacité d’évoluer aussi vite qu’attendue. »

Responsable lait chez JA Bretagne, José Jaglin croit en la spécialisation. « Les Bretons vont aller vers la production qui leur plaît le plus sans devoir mener une production secondaire. Les futurs laitiers seront éleveurs dans l’âme, animaliers, passionnés. » Mais mettre tous ses œufs dans le même panier n’est-il pas risqué ? Le Costarmoricain pense le contraire : « Il faut voir sur du long terme. Alors que les marges de manœuvre sont de plus en plus fines, les spécialisés seront capables de mieux maîtriser les charges, de produire plus de lait par place… » Avec 2 stalles de robots d’occasion, 90 laitières, mais 115 places en bâtiment, lui pense avant tout à « saturer l’outil existant, sans investir, pour faire 15 à 20 % de lait en plus et maîtriser les coûts au maximum… Car confrontés au cours mondial, les produits, dans l’état actuel, on ne les maîtrise plus. Maintenant, aux producteurs de créer un contre-pouvoir efficace face aux laiteries et GMS par l’organisation de filières avec des AOP de bassin. » Toma Dagorn


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