La grande mue des MAE.

reforme-pac-mae-mesures-agri-environnementales - Illustration La grande mue des MAE.

Réforme de la Pac oblige, les mesures agri-environnementales font peau neuve : les montants et plafonds d’aide sont revus à la hausse, une Mesure monogastrique apparaît… Mais certains dispositifs ne seront pas accessibles partout.   

« La nouvelle programmation des Mesures agri-environnementales et climatiques (Maec), pour la période 2015 – 2020, ne sera pas une nouveauté en soi pour les agriculteurs bretons alors que notre région est peut-être la seule à avoir déjà une telle expérience de ces dispositifs contractuels », réagissait Michel Morin, vice-président du Conseil régional chargé du dossier agricole, à la sortie de la Commission régionale agro-environnmentale et climatique (Craec), le 3 février à Rennes. Les derniers détails du nouveau canevas venaient d’y être exposés. « Pas de nouveauté sur l’esprit ou l’exigence, mais des mesures nouvelles. »

MAE systèmes engageant toutes les surfaces

Le Conseil régional annonce notamment « un menu de MAE systèmes plus copieux », imposant d’engager « non pas certaines parcelles mais toute la surface de l’exploitation. » Avec souvent l’introduction d’une nuance entre maintenir l’exploitation dans le cadre exigé par la mesure signée et évoluer vers le cadre d’engagement : « l’effort d’évolution » étant évidemment mieux rémunéré que le « maintien. »

En Bretagne, le gros de l’enveloppe (140 millions d’euros sur 5 ans) serait fléché vers les mesures SPE, pour Système polyculture-élevage. Le détail des principales mesures est à découvrir ci-contre en page 3. Héritières directes de la MAE SFEI (Système fourrager économe en intrants) de la programmation 2007-2013, les nouvelles SPE 12 et SPE 18 prennent le relais partout en Bretagne. Avec des objectifs de limitation à 12 ou 18 % de la part de maïs dans la SFP, de plafonnement des concentrés distribués par bovin (800 kg / UGB / an), de favorisation de la place de l’herbe dans la SAU et de réduction des pesticides. « Herbagers et bios vont avoir la possibilité d’aller plus loin sur l’herbe avec une rémunération améliorée », a souligné ainsi Michel Morin.

Une MAE monogastrique

Mais à côté de « cette volonté forte du Conseil régional de continuer à accompagner les systèmes de production basés sur les prairies, qui concernent 8 à 10 % des agriculteurs bretons, nous avons défendu en parallèle l’émergence d’autres MAE un peu moins contraignantes », expliquait Laurent Kerlir, président de la Chambre d’agriculture du Morbihan siégeant à la Craec. « Dans le but d’ouvrir ces budgets du second pilier au plus grand nombre pour compenser en partie la baisse programmée des aides directes. » Ainsi, une 3e MAE Herbivore a été dessinée par le Conseil régional, la SPE 28 (maximum 28 % de maïs dans la SFP et minimum 55 % d’herbe sur la SAU) : « Une mesure moins rigide, et donc moins rémunératrice, qui pourrait être signée sur des zones plus séchantes », commente le Morbihannais. Pour Jean-Marie Jacq, du service Agriculture à la Région, cette Mesure est en effet davantage « à la portée de tous ». Il rappelle qu’en Bretagne,  « la part de maïs dans la SFP est en moyenne de 36 %. La diminuer à 28 % à horizon de la 3e année du contrat de MAE est donc envisageable. »

Autre grande innovation, une MAE monogastrique. « Une mesure rotationnelle avec un objectif de réduction des phytos », explique Charles David de la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor. Dans la pratique, sont attendus un assolement à 5 cultures dont 5 % de la surface en légumineuses (« du pois par exemple »), une baisse de l’IFT (indice de fréquence de traitement) pesticides… Pour une aide de 140 € / ha et jusqu’au plafond annuel de 10 000 € par élevage.

La moitié de la Bretagne privée d’options

« Avec ces MAE SPE 18 et Monogastrique, nous ne voulons pas rémunérer seulement les premiers de la classe, mais tous les agriculteurs qui ont une évolution positive pour l’environnement », résume Michel Morin. Malheureusement, ces deux Mesures « territorialisées » ne pourront être souscrites que dans les territoires ayant présenté un Projet agri-environnemental et climatiques (Paec) « orientés sur des enjeux Eau et Biodiversité. » Or, pour l’instant seuls 26 projets ont été validés (voir carte ci-dessus). « Cela correspond à la moitié de la surface bretonne », chiffre la Région. Michel Morin regrette notamment que « seuls 5 BV Algues vertes sur 8 ont ouvert un Paec. » Certains agriculteurs « sur ces zones sensibles » sont ainsi privés d’options de soutien : « Sans Paec, pas de Maec territorialisées. » Seule consolation, les responsables locaux pourront encore préparer un Paec et répondre à un appel à projet en 2016 et 2017. Toma Dagorn

L’avis de Yvon Boutier, Chambre régionale d’agriculture

Ces nouvelles MAE présentent des bons points : plafonds revus à la hausse jusqu’à 12 000 € par exploitation, contraintes de fertilisation qui s’alignent sur la réglementation en vigueur (DN5, capacité de stockage,…), vraies nouveautés comme les SPE 28 et Monogastriques susceptibles d’intéresser du monde…

Mais nous sommes déçus que toutes ces possibilités ne soient pas ouvertes à tous les territoires. C’est frustrant, mais pas perdu. Les responsables agricoles iront rencontrer les élus locaux pour les encourager à présenter leur Projet agri-environnemental (Paec) à la Région dès l’année prochaine. C’est important car les agriculteurs ont envie de contractualiser, d’améliorer encore la qualité de l’eau, d’évoluer.


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