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Maïs : matière sèche et amidon variables

Les rencontres de BCEL Ouest permettent aux éleveurs de chaque secteur de faire le point sur la qualité de leurs fourrages. Les premières analyses de maïs révèlent des ensilages plus hétérogènes que prévu.

Jeudi 6 novembre, à Corseul, dans le Nord-Est des Côtes d’Armor, Bretagne Conseil Élevage Ouest inaugurait ses désormais traditionnelles Rencontres nutrition. Les éleveurs du secteur avaient rendez-vous pour faire analyser les maïs récemment ensilés. Mais aussi des foins, des enrubannages et même des échantillons de rations mélangées. Après une quarantaine d’ensilages passés au crible des infralyseurs (outil d’analyse infrarouge en direct), Stéphane Saillé, spécialiste nutrition à BCEL Ouest, livrait ses impressions. « À la lecture des résultats, la première chose qui frappe est l’importance de la plage des données de matière sèche : nous avons croisé des maïs allant de 26 à 35 %. »

Attention aux maïs à moins de 30 % de MS

Le conseiller rappelait que l’idéal est d’ensiler un fourrage entre 32 et 35 % de matière sèche. « Là, l’ingestion des animaux est optimisée. Au-dessus de 35 %, l’ensilage est très bien ingéré également à condition d’être très bien conservé. Mais, n’oublions pas qu’aussi sec, il est plus délicat à tasser correctement… »

« Il ne faut surtout pas ensiler trop tôt », rappelait Stéphane Saillé qui tenait à alerter les éleveurs qui découvraient un maïs en dessous de 30 % de MS : « Ce type de fourrage est caractérisé par un niveau d’encombrement élevé (UEL). Le risque est que la vache se remplisse la panse de ce maïs sans ingérer assez d’énergie. Si effectivement la couverture énergétique n’est pas suffisante, la production de lait sera pénalisée. Il sera alors important de compenser ce manque par un apport de concentrés énergétiques complémentaires. »

Moins d’amidon que pressenti

Autre petite surprise de cette première journée dédiée aux valeurs alimentaires, le taux d’amidon des ensilages. « On observe aujourd’hui des maïs variant de 28 à 34 % d’amidon. On pouvait s’attendre à mieux. Peut-être un certain effet de dilution dû aux bons rendements constatés à peu près partout… » Au cours des échanges, les conseillers ont également insisté sur la notion de qualité de cet amidon. « La dégradabilité théorique ou DT, que nous mesurons désormais grâce aux infralyseurs, donne une idée assez précise des deux fractions contenues dans l’ensilage : l’amidon ruminal qui sera dégradé dans la panse et l’amidon by-pass valorisé dans l’intestin. »

Plusieurs facteurs peuvent faire varier cette DT, de 60 % pour un grain mûr à la récolte à 95 % pour un fourrage ensilé à 30 % de MS. « La digestibilité est d’autant plus faible que le maïs est récolté tardivement et que le grain est peu éclaté. » Par contre, plus un ensilage est conservé longtemps, plus son amidon devient fermentescible. « Cette augmentation de la dégradabilité au cours du temps explique que les fins de silo ou silos de report en fin de campagne comportent un risque acidogène plus fort. »

Matière sèche et ingestion de l’ensilage de maïs

BCEL Ouest rappelle que l’idéal est de récolter un maïs entre 32 et 35 % de matière sèche. « Avec un ensilage à 25 %, humide et encombrant, une vache n’ingérera que 12 kg de MS en moyenne par jour. » Il faudra compenser par un complément de céréales ou de concentré de production. « Par contre, avec un fourrage à 35 %, l’ingestion peut aller jusqu’à 18 kg de MS. Mais attention, si cet ensilage à 35 % est mal conservé, qu’il y a de la moisissure sur les bords du silo, l’appétence baisse fortement et l’ingestion retombe », met en garde Gildas Le Rolland, consultant à BCEL Ouest.

1 kg de blé par vache en complément

Alors à l’heure des analyses, qu’en  retenir ? Que les maïs ensilés bien mûrs, avec une DT amidon faible, ont des niveaux d’amidon by-pass élevés. « C’est-à-dire qu’ils ne fournissent pas assez d’énergie aux bactéries du rumen. On retrouvera également des grains dans les bouses sur ces phases de transition, surtout s’ils sont peu éclatés. Sur le terrain, la solution est simple : apporter un peu d’énergie fermentescible, des PDIME dans le jargon de la nutrition, sous forme de céréales par exemple. Retenons grossièrement qu’1 kg de blé par vache et par jour en complément des maïs “secs” ou récoltés récemment est une excellente idée pour compenser leur DT faible. Fonctionnement du rumen et efficacité de la ration seront améliorés. » Par la suite, cet apport pourra être diminué puis supprimé. « Après 60 jours de conservation en silo, la digestibilité de l’amidon d’un maïs s’est déjà améliorée de 10 à 15 %. » Après 8 mois sous la bâche, elle a généralement augmenté de 20 points… Toma Dagorn   


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